Chapitre 22

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Le long couloir sinistre du dortoir est plongé dans un silence total. La seule chose que je peux entendre sont les battements frénétiques et irréguliers de mon coeur, qui cognent violemment dans ma poitrine. J'entreprends une marche légère, de telle sorte à ce qu'on n'entende pas mes pas. J'aurais peut-être dû réfléchir à comment j'allais faire avant de me précipiter. Je devrais peut-être faire demi tout, et simplement retourner me couché. Mais je serais une lâche, si je renonce maintenant je n'aurai peut-être pas le courage de le faire plus tard. Je ne recule pas.
Soudain, un bruit me stoppe net. C'est un garde. Ne pas paniquer. Au pire si on m'attrape maintenant qu'est-ce que je risque ? Je suis encore dans le couloir des dortoirs.
Il est évident que je ne peux pas passer par la porte principale, alors qu'est-ce que je fais ? Il faut que je bouge. Je vais donc à la direction opposée du garde.
Je suis éclairée par quelques faibles lumières, pas assez fortes pour distinguer le couloir en détail.

Je lève les yeux vers le panneau qui indique une sortie de secours. C'est maintenant. Je pousse la porte, le grincement résonne dans tout le couloir. Je soupire, et ferme délicatement la porte. Je descends rapidement les escaliers pour enfin arriver à la sortie. J'inspire, j'expire, j'attrape mon arme, prête à me défendre. Le rythme cardiaque élevé, je pousse la porte.
Je sors rapidement en regardant des deux côtés, personne. Le vent froid me frappe le visage. J'ai fait une promesse, il me faut des réponses. Je tiens fermement mon arme et continue d'avancer.

_ Qui est là ? s'exclame alors la voix dure d'un soldat.

Merde. Ne cède pas à la panique. Je plaque mon dos contre le mur, tremblant de tout mon corps. Je ne sais pas si c'est dû au froid ou au stress mais ça ne m'arrange pas. Le soldat se rapproche de plus de plus, je prends une grande inspiration et ferme les yeux. " Écoute chaque bruit, rien ne doit t'échapper, il te suffit d'écouter. " disait souvent mon instructeur. Mon rythme cardiaque finit par ralentir, il se rapproche, plus que quelques mètres. Ses pas sont lourds et bruyants, facile. J'ouvre brusquement les yeux, il est arrivé. Toujours contre le mur, je le vois passer sans même me voir. Je bloque ma respiration, l'obscurité me cache mais s'il se retourne, je suis fichue. Avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, je m'approche rapidement de lui et passe mon bras autour de son cou afin de bloquer l'arrivée d'air aux poumons en obstruant sa trachée. Le but est seulement qu'il perde connaissance. Il se débat mais ne parvient pas à se dégager, finissant par perdre enfin connaissance. Je le tire difficilement par les aisselles jusqu'à l'intérieur du bâtiment dont je viens de sortir. Je ne dois pas perdre mon objectif en vue. Je retire la veste du soldat et l'enfile rapidement, puis j'attache mes cheveux en un chignon pour qu'aucune mèche ne dépasse de la casquette. Son badge à la ceinture, son arme en bandoulière sur mon épaule, je souffle un bon coup. Je suis peu crédible mais c'est le seul plan que j'ai.

Je sors une nouvelle fois du bâtiment plus décidée que jamais à atteindre mon objectif. Mon coeur s'emballe quand je parviens à la cour principale. Mes mains agrippent fermement l'arme du soldat. Je baisse la tête en espérant que personne ne me remarque. Je fais de mon mieux pour marcher comme un soldat, droite et concentrée. Je constate qu'il y a réellement un manque d'effectifs, les gardes qui surveillent l'entrée sont dos à moi et sont trop préoccupés par la possibilité qu'un intrus veuille pénétrer dans l'enceinte de la base. Seuls deux gardes surveillent l'entrée du bâtiment que je cherche à atteindre.
L'air froid me ronge les os, l'angoisse me tord le ventre, tandis que mon coeur menace de sortir à tout moment de ma poitrine. Je dois me concentrer.
Je me cache de nouveau derrière un autre bâtiment, juste à côté de celui que je cherche à atteindre. Je souffle doucement et vérifie que mon arme est bien activée sur "paralysie", et regarde dans le viseur. Ce qu'il faut c'est garder son sang froid, rester calme. Mais alors que je m'apprêtais à tirer, une main se pose sur mon épaule, je sursaute et me retourne aussi vite que je pointe mon arme vers l'individu.

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