Chapitre 11

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Caleb m'entraîne à travers la forêt depuis plusieurs minutes, on s'enfoncent de plus en plus dans ce paysage de neige. Il est quelques mètres devant moi, il a une allure déterminée, il sait où il va. Et moi ? Je le suis. Je suis peut-être idiote de le faire, mais pourtant je suis là.
Au bout de quelques minutes de marche silencieuse, nous commençons à longer la paroi d'une montagne. Caleb s'approche de la roche et, cachée derrière quelques végétations, se trouve une l'entrée d'une grotte. Elle est toute petite, pour y passer, on doit s'accroupir. Le Particulier me regarde et me fait signe d'approcher alors qu'il se glisse dans cette petite entrée. Je ne sais pas si c'est une bonne idée finalement. Cet endroit ne m'inspire pas du tout confiance. Mais il m'a dit de le suivre et je veux savoir ce qu'il veut me montrer alors je me baisse pour pouvoir passer, et me faufile à l'intérieur de la grotte.
Tout de suite après, je sens l'espace autour de moi s'agrandir, je peux me lever. Je ne vois absolument rien, il fait totalement noir. Ce n'est pas du tout rassurant de ne pas savoir ce qui se trouve autour. J'agite les mains autour de moi, je sens une paroi dure, de la roche. Je suis dans un tunnel. Par contre je ne sais pas du tout où est Caleb. Il m'a piégée ? Je n'aurai jamais dû le suivre. Il fait tellement noir. Je ne suis pas du genre à paniquer, mais être dans un espace clos dans le noir, c'est absolument flippant.
Je cherche ma lampe torche normalement accrochée à ma ceinture, mais rien. Elle a du tombée. Je soupire, énervée. Comment ai-je pu ne pas le remarquer ?

_ Par ici, intervient soudainement la voix grave de Caleb.

Je sursaute légèrement. Je suis soulagée de constater qu'il ne m'a pas laissée tomber. J'avance en suivant le son de sa voix. Les mains tendues devant moi pour me guider, je marche doucement. Je suis ainsi pendant quelques secondes comme ça, pas rassurée du tout. Une poigne brutale sur mon avant-bras m'arrête.

_ Il y a pas de sortie par là, dit Caleb.

Sa voix raisonne dans le tunnel. Quoi ? Cela n'a absolument aucune logique. Il n'y a pas d'autre chemin d'après ce que j'ai pu toucher.

_ Quoi ? Mais...

_ Tais toi, Adelia, tu verras, me coupe t-il sèchement.

Très bien... Je ne peux pas le voir clairement mais je peux l'apercevoir exercer une pression lente contre la paroi de la roche. Mais qu'est-ce qu'il fait ? J'espère que je vais pas le regretter. Soudain, un bruit résonne. La roche bouge, et je sursaute. Il vient d'ouvrir une porte. De la lumière s'en échappe, je peux enfin voir clairement. Je suis étonnée de voir ça. Je ne m'y attendais pas. Je regarde Caleb qui me fixe déjà avec un léger sourire en coin.

_ Viens, dit il doucement en me faisant signe d'avancer.

Il s'enfonce dans ce passage. Je m'empresse de le suivre. Je me demande ce qu'il veut me montrer. Je n'ai jamais rien fait de tel, désobéir aux ordres. Je suis en présence d'un Particulier, à qui j'ai sauvé la vie. Rien que ça me vaudrait l'enfermement à vie, voire même la mort. Pourtant, je suis là. Bizarrement, je n'ai pas peur de ce qui pourrait se passer. Je suis impatiente de découvrir ce qu'il veut me montrer. Nous avançons de plus en plus vers la lumière qui indique une sortie. Je peux sentir les battements de mon cœur devenir irrégulier. J'ai presque envie de pousser Caleb a aller plus vite. Je veux voir. Être ici avec lui est assez déstabilisant, il m'intrigue. Cet homme est un mystère à lui seul. Et je suis bien décidée à en savoir davantage.

Finalement il passe la sortie arrivant dehors, je le suis. Nous sommes sur un long chemin bordant la montagne, c'est tous ce que je peux voir, je peux pas lever les yeux. La lumière m'aveugle légèrement, il faut le temps que je m'adapte un peu à la lumière. Je cligne plusieurs fois des yeux. Quand finalement, je peux enfin distinguer ce qui se trouve face à moi. Je suis époustouflée, depuis mon arrivée ici j'ai vu beaucoup de beaux paysages, mais jamais rien de tel. De grandes montagnes recouvertes de neige se dressent devant nous, je peux à peine voir leurs sommets. Elles forment un îlot autour d'un village camouflé par une centaine d'arbres qui se trouve plus bas. Je suis obligée de baisser un minimum la tête pour le voir. C'est difficile de le distinguer. C'est magnifique. Le village a l'air paisible, bien différent de tout ce que j'ai connu jusqu'à maintenant. J'en perds mes mots. Cet endroit pourrait être la définition de la Liberté. Je peux entendre quelques rire jusqu'ici, les habitants ont l'air heureux.

_ C'est mon village, dit doucement Caleb en le regardant.

J'ai l'impression qu'il essaye de capter mes émotions, deviner ce que je pense. Pourquoi il m'a montré ça ? Il prend de gros risques en me montrant son village. C'est ce que tous membres du Cort ou du Gouvernement aimerai trouver. C'est ce qu'il cherche. Je détiens maintenant un secret qui pourrait me valoir la mort à coup sûr.

_ Pourquoi m'avoir montré cet endroit...? Demandé-je perdue.

Je ne comprends pas. Il est tellement surprenant.

_ Tu es différente, tu ne m'as pas tué. Je sais que tu ne feras rien, dit il tout simplement. Et même si tu voulais faire quelque chose tu ne pourrais pas... Je te surveille maintenant, Adelia.

_ Je ne dirais rien, assuré-je.

Jamais je ne n'irais divulguer la position de cette endroit. Ces gens ne mériteraient pas ce qui pourrait leur arriver.

_ Personne d'autre que ceux qui vivent ici sont au courant que cet endroit existe. Mais maintenant, il y a toi, poursuit Caleb.

_ Combien êtes vous ? Demandé-je curieuse.

_ Une petite centaine, mais ce chiffre ne fait que baisser avec le temps...dit-il, soudainement nostalgique.

_ À cause du Cort...

Il hoche simplement la tête. C'est horrible. Ils ne sont jamais totalement en sécurité. Ils doivent toujours rester méfiants, Ils ne peuvent pas être sereins à cause de nous, du Cort. Je me sens de plus en plus mal de participer à tout cela. C'est quelque chose qui ne me quitte pas. On n'a pas le droit de faire ça.

_ Il faut repartir avant que quelqu'un nous voit, fait Caleb.

Je regarde une dernière fois ce paysage avant de m'engouffrer de nouveau dans le tunnel.

Nous ressortons du passage pour revenir en pleine forêt. Caleb m'indique qu'il va me raccompagner jusque là où il m'a trouvée. Nous commençons alors à marcher, rebroussant chemin. Je n'arrête pas d'y penser, ce village est un trésor caché. C'était magnifique. Je regarde Caleb qui marche à côté de moi sans rien dire.

_ Parle moi un peu du village, dis moi ce que tu veux ! lancé-je alors.

Caleb acquiesce, un léger sourire au coin de ses lèvres. Il a l'air de réfléchir à ce qui va me dire. Ses trait sont sérieux, je dois avouer qu'il a beaucoup de charme.

_ Il a été créé après la guerre entre les humains et les Particuliers, ça à mit longtemps à se mettre en place mais ils ont réussi. Ce sont quelques survivants qui sont à l'origine de ce village et aujourd'hui nous essayons de vivre du mieux qu'on peut, nous choisissons notre chef, et chaque personne contribue à garder l'équilibre de cet endroit. On s'entraide, on ne laisse pas tomber. C'est tout une organisation, dit Caleb, un faible sourire sur le visage.

Tout a l'air basé sur la confiance, alors que pour les humains, tout est basé sur la peur. Ce sont deux mondes complètement différents. Je ne peux pas dire que tout a l'air mieux, leur situation est tellement compliquée, mais au moins ils ont un minimum de liberté. Ceux qui ne sont pas prisonniers, du moins.
Nous arrivons trop rapidement au point de rendez-vous. Je suis déçue oui, j'aurais aimé rester discuter avec lui. Tout est plus facile, naturel avec Caleb, c'est reposant. J'ai l'impression d'être enfin comprise.
Le Particulier se met face à moi, il me regarde dans les yeux quelques instants, sans un mot. Seul le bruit du vent se fait entendre. Le regarder intensément dans les yeux se vaut assez déstabilisant. Il est déstabilisant.

_ À Bientôt, Adelia, dit doucement Caleb, accompagné d'un léger sourire.

_ Au revoir Caleb, répondis-je en souriant doucement.

Caleb me regarde quelques secondes avant de me tourner le dos et de partir. Je suis le mouvement. Chacun de notre côté, nous reprenons notre chemin. Avec déjà pour seule envie de le revoir, et me sentir de nouveau moi-même.

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