Épilogue.

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« Adelia,

Si tu es actuellement en possession de cette lettre, c'est que je ne suis plus là, et pour ça, je suis désolé. Mais tu sais quoi sœurette ? Je ne suis pas inquiet. Tu as toujours été forte, la plus forte d'entre nous, alors même si au début ça sera difficile, je sais que tu arriveras à surmonter tout ça.
J'ai tellement de choses à dire, à te dire. Pourtant tu es ma jumelle, je te dis tout, enfin je te disais tout, mais on se rend compte que le temps qu'on passe avec ceux qu'on aime n'est jamais assez long, et ce n'est qu'une fois séparé de ces personnes qu'on prend conscience d'avoir oublié tellement de choses. Mais je ne veux pas que tu aies des regrets. Tu m'as dit tellement, tu m'as appris tellement de choses Adelia. Tu m'as ouvert les yeux sur le monde qui nous entourait, tu as toujours eu cette ouverture d'esprit sans limite, et tu n'as jamais eu peur de ce que pouvaient penser les autres, tu contribues à rendre ce monde meilleur, à rendre ce que les humains ont pris aux Particuliers.
Humains et Particuliers, des mots, des classes pour nous différencier, pour ne pas nous confondre, et après tout ce que j'ai vu, je trouve ça ridicule. Nous sommes les mêmes. Et ça, c'est toi qui me l'a fait comprendre.
Je ne me suis pas posé de questions, je n'ai pas eu peur lorsque je t'ai suivie, non, j'avais confiance en toi, et je veux que tu me fasses confiance à ton tour. S'il te plaît Adelia, vis ta vie, parce que je crois bien que je suis encore plus terrifié à l'idée que tu te laisses mourir que de ma propre mort. Et bien que je ne te vois pas abandonner aussi vite, cette possibilité me fait bien plus peur que tout le reste. Je suis conscient des risques que tu vas prendre pour notre petit frère, il n'est pas comme nous, il a quelque chose en plus, et cette particularité le met en danger. Je veux que tu lui apprennes à ne pas avoir peur, ni honte de ce qu'il est. Répète lui à quel point il est unique et quand le jour viendra, il faudra tout lui dire, absolument toute la vérité. J'aurais préféré être avec toi pour faire ça, mais malheureusement mes choix m'ont conduit à la mort. C'était mes choix Adelia, et je ne les regrette pas une seule seconde.

Continue de te battre pour ce en quoi tu crois. Je serai toujours là, près de toi, je te le promets.
Je t'aime.

Lucas. »

Les larmes perlent mes joues, le bout de papier pressé contre ma poitrine, essayant d'ignorer la douleur qui me serre le cœur. Le vent caresse ma peau, réchauffée aussitôt par le soleil matinal.
Lorsque que je suis rentrée chez moi, je ne savais pas à quoi m'attendre, mais sûrement pas à Alice détenant une lettre de mon frère. Lucas lui a remis avant de partir au Cort, « c'est une précaution » a t-il dit. Jamais Alice ne s'est douté que ça serait nécessaire.
Je relève les yeux.

Lucas Nelson.

Son nom gravé dans la pierre à côté de ceux de nos parents. Il repose avec eux à présent. Tout cela remonte à plusieurs mois, et pourtant la peine est toujours là, elle tapisse mon cœur et m'empêche parfois de respirer. Mais on compte sur moi, Alice et mon petit frère ont besoin de moi, alors tous les matins, je me lève en espérant que ça aille mieux, ce n'est pas toujours le cas, mais ce n'est pas pire non plus. Lucas était persuadé que je m'en sortirais, il voulait que je m'en sorte, est-ce que j'en suis réellement capable ? Après la mort de nos parents, j'ai souhaité ne plus jamais ressentir une si grande douleur, c'est pire que tout. La seule chose qui m'a permis de continuer, c'est mes frères, et aujourd'hui je dois trouver la même force qui auparavant m'a sauvée.

J'essuie vigoureusement mes joues, et pose ma main sur la pierre froide. Un long soupir s'échappe de mes lèvres. Je n'ai pas le choix, il faut que j'avance.

- Je vais m'en sortir Lucas, murmuré-je.

Les morts ne nous entendent pas, et aucun de ceux qui sont enterrés ici n'ont entendu ce que je viens de prononcer, mais j'avais besoin de le dire, au cas où.
Le chant des oiseux m'offre une douce mélodie réconfortante, il est temps que je rentre. Vivre ma vie. Tu as raison, Lucas, il faut que je vive.

- Adelia ?

Aussitôt mon prénom prononcé, mon cœur s'emballe à folle allure, et j'arrête de respirer. Je finis par pivoter pour apercevoir mon interlocuteur.

Caleb.

IncomprisWhere stories live. Discover now