Chapitre 48

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Les secondes, les minutes, les heures. Chaque moment, chaque instant, je le ressens. J'ai l'impression d'être prisonnière du temps.
Mais plus le temps passe, plus les scénarios tous aussi horribles les uns que les autres sur le sort de Caleb me traversent l'esprit.
Ça revient exactement au même que d'enfoncer une lame dans ma poitrine. L'agonie est lente et douloureuse.

Pour pas se faire repérer, nous marchons le plus loin des routes, dans les coins les plus difficiles d'accès. Le vent, et la pluie s'abat sur nous, rendant notre route plus difficile.
La nuit tombe progressivement, nous allons devoir nous arrêter, malgré le fait que j'aurais préféré continuer. C'est trop dangereux de marcher de nuit, mon côté rationnel le sait, même si mon cœur me hurle l'inverse, je ne peux pas risquer la vie de tout le monde, ça serait égoïste de ma part.
Nous cherchons alors un endroit où dormir cette nuit, et notre choix se porte vers une ville fantôme. C'est comme ça qu'on les a appelées, ces villes qui n'ont pas survécu au passage de la guerre. Tout le monde a été rapatrié dans différentes Cellules, bien que chacune d'entre elles soit assurément bien équipée, ce n'est pas un endroit qu'on peut qualifier de « chez nous », c'est une propriété au Gouvernement. Comment peut on se sentir chez nous si nous le sommes pas vraiment malgré ce qu'ils veulent nous faire croire ? grand nombre d'entre nous y croit, pas moi. Ma famille n'a jamais été dupe, je suppose que je dois ma clairvoyance à mes parents. C'est en soit une bénédiction et une malédiction, sans ça je n'en serais pas là, j'ai autant perdu que j'ai gagné.

Nous arrivions rapidement dans la ville, ressemblant plus un village datant du siècle passé. Les bâtiments sont délabrés, pas une once de couleur ne peint les murs, tout est absolument terne, vide de vie. Certains bâtiments gardent toujours des marques de la guerre, avec un trou béant sur leurs toits par exemple, c'est un champs de ruines. Cette vision me donne froid dans le dos. Durant toute mon enfance nous avons étudié en détails de ce qui s'était passé, sans réellement le voir de nos propres yeux. Et ce n'est vraiment pas la même chose.

Nous entrons dans une de ces ruines, à priori c'est ici que nous passeront la nuit. Chacun s'installe à différents endroits, enfin nous posons nos sacs avant de distribuer quelques boîtes de conserves.
Le silence règne, seuls le bruit de nos cuillères contre l'aluminium de la boîte résonne. Ils semblent tous si affamés, alors que moi la seule chose qui me tord le ventre, c'est la peur.
Si seulement il n'y avait que pour moi que j'avais peur, mais ici se trouvent certains de mes amis, bien que certains visages me sont inconnus, je peux nier le danger qui les menace tous, amené par moi. Je ne peux pas être insensible à cela.

_ Tu devrais manger, me chuchote Thomas.

Je sursaute, surprise de sa présence si proche de la mienne. Il ricane doucement, j'aborde un petit sourire avant de me concentrer sur ma nourriture. Et je commence à manger doucement sous le regard attentif de mon ami. Du coin de l'œil, je vois Sam et Caroline entretenir une conversation, Zack est parti faire le tour du bâtiment accompagné de deux autres Particuliers, qui se sont proposés d'assurer notre surveillance durant cette nuit en premier.

_ Tu pense qu'on arrive pas trop tard ? Demandé-je a Thomas.

C'est la question qui me tourmente le plus. J'ai peur que ça soit le cas, que lorsque nous aurons enfin réussi a pénétrer le centre de recherche, il soit déjà trop tard pour lui.
J'avale difficilement ma salive.

_ Non, je suis persuadé qu'on va tous les retrouver sain et sauf, fais moi confiance, dit-il doucement.

Je hoche simplement la tête, je n'ai plus la force de faire autre chose.
Il me souhaite une bonne nuit avant de s'éloigner de moi. Je me glisse sur le sol, mon sac derrière ma tête en guise d'oreiller, les paupières lourdes, je ferme les yeux et tente de me laisser plonger dans le monde des rêves.

IncomprisWhere stories live. Discover now