Chapitre 43B:PDV de Penne.

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Ma mère se retrouva encore couverte de salives.Chacun de ses mots,si innocents,pouvaient être retournés contre elles.Si ce n'était pas mère,et si j'étais cynique,je trouverais du plaisir à les écouter proférer de telles horreurs.J'avais juste une haine,celle d'une innocence qu'on détruit,celle de la tentation de répondre à la violence par la violence.

Ce camp à ciel ouvert accueillait donc des centaines de déportés baltes ou scandinaves.La personne qui se chargeait de les répartir s'était absentée.Donc nous avons dû nous mettre immédiatement au travail.Onze heures plus tard,les cales étaient vides.Je ne peux pas dire que j'avais chômé,échangeant des regards pétillants avec ma soeur pour nous maintenir par la seule force de ma puissance mentale.Elle riait un peu plus à chaque fois,surtout quand elle voyait que nos os étaient tellement carencés qu'ils pliaient,se déformaient,sous le poids des briques,des barils et du bois.J'avais envie de chanter l'une de ces superbes chansons dont tous les jeunes et seuls les jeunes connaissent le nom.

On était vraiment fatigués,là.Heureusement que mon corps économisait l'énergie avec une efficacité que je ne lui connaissais pas.

-Hey,j'ai fait en abordant une femme.

-hey.

-Vous travaillez ici depuis longtemps?

-Russki?

-Vous venez de quel pays?Vous travaillez ici depuis longtemps?

-Finlande.Non,depuis juste une petite semaine.

Je voulus absolument en savoir plus.Ce couple formait la souche expérimentale d'un nouveau type de camp allant encore plus loin dans le sadisme.

Puis je lui posai une question d'un intérêt réel pour moi et pour tous ces gens.

-Puis-je savoir où est placé ce camp?

-T'es une intellectuelle comme moi.Tu devrais savoir lire ce qui est écrit là.

Trofimovsk.L'écriture devait avoir été effacée par les hivers successifs.On était au point le plus haut,près du cercle arctique.Oh non.

-Si tu veux savoir je ne pense pas que je vais survivre longtemps.Je sens déjà plusieurs organes qui lâchent,genre le pancréas,le foie,le coeur.Lulu Hirivisti.

Pourtant,tout dans mon attitude me prouvait le contraire.Elle n'était pas prête à lâcher,et son mari n'était pas prêt à la lâcher non plus.Une fois qu'un couple avait réussi à rester uni pendant sa déportation,il ne pouvait pas se permettre d'être séparé par la barrière des dimensions,par la barrière de la mort.

La nuit,je me blottissais dans ce plaid de grand-mère qui ressemblait à un tartan écossais,serrés contre les autres pour avoir moins froid.J'entendis le coup de sifflet du bateau qui s'en allait déjà.Bon,peu importe qu'on soit sur la banquise,peu importe les tournures que le destin allait prendre;qu'importe les conditions météorologique dans lesquelles mon corps allait être plongé,j'abandonnerais pas.

-Voilà le beau boulot,a fait l'ami chauve de Markas en s'étirant entre nous et la mer,à la lumière du feu de bois.Voilà ce que Jojo a trouvé comme manière de nous éliminer,nous faire crever de froid ici.

Après on se fera bouffer par des loups.

-Y a des loups ici?a réagi immédiatement la documentaliste.

-Ils s'attendent surtout à ce que l'on devienne cannibale comme en Ukraine,a ajouté Markas en se blottissant contre nous pour laisser s'asseoir son grand ami.

-Plus un mot là-dessus,s'il vous plaît.

Je sais reconnaître un accent ukrainien.Je changeai vite de sujet.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu