Chapitre 43A:PDV de Panne.

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-J'ai cherché nos café de 15 heures!

-Je ne peux que vous laisser rentrer dans cette pièce.

Je l'y avais laissée seule.Seule à réfléchir,souffler,regarder les décors.Elle m'a tellement regardé dans les yeux qu'elle devait me voir avant de s'endormir.Cinq ou dix minutes plus tard,les cafés étaient bus,et nous étions dans un état déplorable.Sara avait gardé cette façon de boire comme si elle avait parcouru le désert,sans en garder une goutte,sauf sur ses vêtements.Concernant nourriture,boissons et vêtements,en réalité,contrairement à ce que l'on penserait d'instinct,elle n'était pas très économe.Elle en avait,elle en profitait à fond,elle avait peur que l'économie ne la pousse paradoxalement au gaspillage,ce qui serait un vrai drame compte tenu de sa situation.

-Alors quoi?la pressai-je.

-J'ai fini par quitter ce village sans rien emporter d'autre que de la bouffe si c'est ce que vous voulez absolument savoir.

-Je voulais savoir autre chose,Sara.

J'aimais bien la titiller,et à voir son expression ça n'avait pas loupé.

-Quoi?pressa-t-elle.

Je me suis doucement armée d'un léger sourire,que Sara ne remarqua pas car son attention était braquée derrière moi,sur l'escalier qui surplombait la petite fenêtre.Son expression avait encore changé,plus complexe cette fois.

-Est-ce que Wladek et toi avait couché ensemble?

Tu m'étonnes qu'elle hallucine.Cette question serait digne d'un petit frère qui l'interrogerait au sortir d'un week-end en amoureux qui tombe au moment où il commence le plus à s'intéresser à ça.

-Dés que Wladek sortait du ruisseau et mettait un premier pied dehors,manquant à chaque fois de se tuer pour être propre,comme une femme coquette et bourgeoise telle qu'on en voyait si souvent au ghetto,j'étais provoquée par son sourire transi,et par ses formes musclées et maigres dans le même temps.Il s'appuyait contre un arbre,un grand drap  blanc battu par le vent abritant les enfants.Ses lèvres tremblaient de froid,prêts à lâcher une plaisanterie.Mais on a attendu mars.

-43 ou 44?

J'ai dû vraiment l'exaspérer,car elle s'est levée,et elle s'est posé lourdement,enfin,elle devait peser 35 kilos,sur un tabouret au coin de la pièce.

-44.

-Vous deviez avoir vraiment confiance,pour avoir attendu aussi longtemps avant de profiter de vos sens.

-Justement pas,je pense.On connaissait en temps que juifs la probabilité d'affronter une mauvaise nouvelle ou une difficulté par jour.C'est étrange...a-t-elle poursuivi en levant soudain les yeux au plafond avec un sourire poétique,mais je ne voulais pas penser  à l'amour.Je suis trop farouche.Mais j'adorais fabriquer des armes avec des morceaux de bois.J'adorais la vie dans la nature.

-Donc Wladek...Tu es vraiment tombé amoureuse de lui ou alors ton affection s'est concentré sur le seul être masculin de ton âge?

-Pas du tout!Enfin...Mais arrêtez de me parler ainsi d'un garçon avec qui j'ai tout vécu,sauf la paix.Vous voulez tant que ça me pousser à bout?On a vécu dans le même appartement au ghetto,dans la forêt polonaise,il était avec moi,dans le train,à auschwitz,après la libération,il était partout!Il était si charmant,optimiste,indépendant.Un amour sauvage,dans un cadre cauchemardesque qui lui servait en effet de faire-valoir.Il me faisait infiniment plus de bien que vous.

-Comme si mes petites gâteries ne te plaisaient pas,ai-je répondu en lui servant un gâteau d'un chapeau de magicien terrien.

Elle ne sut plus quoi répliquer.Il y eut un grand silence.J'attendais impatiemment une réponse de la jeune fille.J'étais payée pour la mettre encore à l'épreuve,pour souscrire chaque détail d'une histoire qui avait ému mon coeur de glace.De l'autre côté du bureau elle perdait ses moyens.Ses mots,des bribes de phrases décomposées,mélange de ses deux langues maternelles,coupés dans tous les sens,n'arrivaient définitivement pas à faire sens.Et pourtant je maîtrise au moins trois millions de dialectes.Ne vous en faîtes pas.Je comprends exactement ce qu'il y a de dur.

-Nous étions déterminés,à vivre seuls coupés d'une civilisation complètement engoncée dans sa folie meurtrière.Je me sentais puissante,avec mon arc,avec mes proies que je respectais mais que je me sentais obligé d'abattre.Ania leur récitait même un kaddish.Wladek gagnait même en classe dans cette nature hospitalière.

Ce sera étrange,de nouveau ici,de devoir observer le contenu de ma garde robe...Oui,j'arrive à dire encore que cela me semblerait bizarre.

-Oh tu sais,moi je n'ai que des vêtements blancs.

Des voix résonnèrent en bas.Je reconnus la voix du père de Yoshi.Monsieur Haneda.Il fallait que je descende.

-Je dois absolument aller en bas Sara.Je t'enferme.

Elle me sortit l'argument typique de l'envie de faire pipi en phase terminale.Je ne comprenais pas qu'autant de particules soient à jeter dans le corps d'une fille aussi puissante.

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J'arpentais les couloirs vides,tentant de passer un coup de boule,expression qui m'a toujours fait sourire,à la kami Madame Haneda.Je pourrais saluer les membres de son équipe de médecins.

-Penne?Ponno?

Mes deux meilleures amies ne manquèrent pas de se présenter,déboulant d'un couloir ressemblant à une porte d'embarquement,et de répondre qu'elles avaient réagi exactement comme moi avec les filles.Pas plus de dix minutes plus tard,après un cri de surprise pathétique,on est tombé sur les haneda.Le japonais avait ce sourire tout blanc qui lui bridait encore les fentes oculaires.Sans que le mec soit un tombeur en chemise blanche,ses dents auraient pu éclairer toute la salle.

-Monsieur Haneda!a lancé Penne avec son accent chantant.Avec sa superbe fille.

-Alors les drôles de dames?se moqua le terrien à nous trois qui avançons vers eux.J'ai pas le droit de poser les pieds ici?Et comment j'ai fait à ton avis?

C'était l'un des nombreux petits noms d'où nous avions hérité,et on serait bien curieuses d'en connaître l'origine.Mais son sourire disparut quand il vit derrière Ponno une Loony furibonde.

-Vous avez torturé la soeur de ma mère pour obtenir ce renseignement?Aï Sahiang!

-Oui je me suis occupée du cas de cette étudiante maigrichonne.Au fait,tu sais ce que fais un chinois qui tombe du toit?

Shiiiiin...Tok!

Loony semblait presque soulagée que sa tante n'ait pas eu une mort plus douloureuse.Elle savait de quelle cruauté pouvaient être capables les japonais.

-Comment trouvez vous le moyen de vous regarder dans la glace?

-J'ai toujours refusé de prendre part à ces saloperies,et pourtant j'étais qualifié.

-Oui,si c'est juste une fois au chalet.

-C'est quand même la troisième en deux semaines!a crié la petite kami tenue par les bras de sa mère,immense,aux cheveux bleus comme sa fille.

-Tu m'as démasqué,fit-il avec une fausse tristesse.

-Comment ai-je pu me laisser courtiser par toi?Tout ça pour avoir une fille kami.Vous allez juste mener votre pays à sa perte,vous verrez.

Sa fille lui lança un regard d'en bas,pas très rassuré.Elle éclata de rire,considérant ça comme une victoire.Cette femme était quand même une sorte de déesse,je regardais donc chacun de ses mots comme autant de vérités incontestables.Je pris quand même la peine de l'insulter,et lui croyait que la kami se moquait de lui.






Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now