Je suis sortie de ma salle de bains en clopinant sur mes chaussures à talons.A force de marcher pieds nus sur des brindilles recouvertes de lichen,on perd l'habitude de mettre ce genre de chaussures.Même quand on a vécu ses seize premières années à la cour.
On n'attendait plus que moi.A peine je suis arrivée,elles ont poursuivi leur route.Les deux jeunes terriennes furent emmenées dans des bureaux de taille relativement moyenne,assez sombre et peu luxueux surtout.Mais moi,j'ai eu droit à un traitement de faveur d'une exagération folle.Elles m'ont emmené derrière la grande porte en bois située à l'autre bout du couloir,un endroit qui ressemblait à une assemblée générale.Un amphithéatre avec des bancs en velours vert,face à un bureau doré.Je n'avais plus qu'à choisir où m'installer.Je reconnus un drapeau triangulaire,représentant un pégase doré sur un fond vineux,l'emblème d'un petit royaume,fief des princesses Annick et Henriette de Lancovia.Ce rocher devait être l'assemblée générale d'une des divisions académiques du pays,c'est pas possible autrement.
Ponno N'diogo prit place derrière le bureau,moi je m'assis le plus loin possible,par crainte.Je découvris un paquet de Maliisse,des vers de terre encore vivants mais sucrés et colorés à souhait.Ils étouffait un peu dans leur vieux sac en plastique,mais ils étaient bons,surtout quand on a dû se contenter de manger leurs cousins,gris secs et salés.
-"Où sommes-nous exactement,Ponno?"demandai-je d'un air suspicieux.
-"Au Fief de Lancovia,une principauté satellite du Royaume des Clouths.On est à l'assemblée régionale de la région côtière et Penne Panne et moi on travaille ici.On est plus précisément au centre qui accueille les jeunes fées et leurs amis en danger de mort.Bien,laissons cela et parlons un peu de toi.Vous êtes bien la princesse de Sombralia?"
-"Vous m'avez reconnue,hein?Vous vous décidez enfin à m'accorder l'asile politique?"
-"Pas d'insolence,je vous en prie.Nous sommes là pour vous aidez.Nous voulons connaître votre expérience."
-"Pardonnez-moi,j'ai fait en pleurant,honteuse de ma faiblesse."
Je suis partie me relaver les mains au fond de la salle,avant de revenir dans les gradins.J'hésitais à en parler.Tout ce que je dis risque d'être retenue contre moi.Je n'avais pas parlé de ça à Sara ou à Lana,pourtant elles m'inspiraient confiance.Puis j'ai vu une grosse plume froufrouteuse et d'un violet violent écrire sur les pages jaunies d'un petit carnet en ébène,et je me suis dit que vu comment elle était motivée,j'allais pas décevoir ses attentes.Combien de fois,piégée dans les forêts rouges d'Ankarka,j'avais voulu raconter mon expérience à d'autres choses qu'à des screugneugneus apprivoisés?Combien de fois?
-"Tout était si différent,avant,si différent..."