Les deux filles étaient déjà parties.Je n'avais donc pas pu leur expliquer qu'elles étaient probablement des sorcières ou des fées,mais qu'après tout je peux me tromper,car deux femmes les ont emmenées.Il en restait une troisième,une femme tellement noire,aux cheveux et aux vêtements si sombres,qu'elle ne semblait être qu'une ombre.
-"Venez,suivez-moi.Je m'appelle Ponno ène'diogo."
Elle m'avait dit cela d'une voix chaude et profonde,comme si elle était venu la chercher au fond de son bas-ventre ou au fond des ténèbres.Mais ce n'était pas une voix méchante,plutôt celle d'une mère primitive(ce n'est pas raciste). Je l'ai donc suivie sur la droite,jusqu'à une porte en vieux bois d'un gris sale.Mais pourquoi elle allait m'emmener derrière?
Cette porte me réservait en fait une bonne surprise.C'était une salle de bains aux murs d'un brun lisse et brillant,où mes yeux distinguaient des veinures plus claires.La pièce était éclairée par des lampes en forme de torches blanches frappées de la fleur dorée,symbole royale.Au centre,je voyais une baignoire en bois,mais qui contenait un liquide rose fumant,et à la surface flottaient des fleurs en pâtes d'amandes roses et noires.Un bureau en marbre noir surmontait cette caisse,et il y était disposés plusieurs choses avec lesquels je pourrais me laver.J'avais l'impression d'être rentrée chez moi,à Mingovia,la capitale de Sombralia.Ah,que cette époque insouciante était loin.J'allais la retrouver,et je me jetais avec délice dans ce baquet parfumé.C'était génial.J'ai pris une poudre à la banane plantin qui démangeait un peu mais qui enlevait toute la crasse qui s'infiltrait sous ma peau depuis des années,je soignais les croutes,les gelures,les égratinures.Je pouvais retrouver ce qui était un semblant de corps de princesse,je me sentais renaître,revivre,exister.Sara et Lana devaient probablement goûter aux délices de ces bains,elles aussi.Ah,elles vont voir quel plaisir c'est!
J'ai même un préféré parmi tous ces cosmétiques et onguents.Une poudre parme et rose qui sent les fruits des bois,et qui fait des miracles sur cette épaisse de masse noire,sèche,cassante,recouverte de paille et de transpiration qui autrefois était mes cheveux.Des cheveux que je recouvrais d'un voile doré,ou d'une couronne de fleurs argentés.Mais il est bien loin ce temps là.
Quand je suis sortie,le vent automatique m'a séché,et j'ai pu mettre les vêtements qu'on me proposait.Une combinaison en écailles noirs clairs,avec un décolleté ouvragé sur ma poitrine décharnée,que j'essayais tant bien que mal de cacher avec un gros lacets.J'ai enfilé les escarpins,et j'ai rejoins les deux autres,aussi transformées que moi,dans le couloir.