Titre du 05/06/2021 : Je l'ai fais
Scorpion : Emma (OUAT)
E : Emma Swan
Créature 38 : Sorcière
Prénom 49 : Emma
Quatre aspects de... Petra (JTV) : Maddalena : Écrire sur quelqu'un qui n'a pas eu un bon modèle parental ou sur une enfance malheureuse
163. Il était une fois.
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 200 citations CDR, 50 nuances)
Emma ne savait pas quoi penser de tout ça quand elle sortit du commissariat.
Elle était en colère bien sûr, contre le monde entier, contre August pour l'avoir abandonnée, l'avoir envoyée en prison à seulement dix-sept ans pour un crime qu'elle n'avait pas commis, pour avoir volé l'argent des montres qui lui revenait pourtant de droit, pour ne jamais avoir essayé de la retrouver durant ces vingt-huit années où il était supposé veiller sur elle, pour ça et pour tout le reste.
Contre Neal aussi, pour lui avoir brisé le cœur, l'avoir abandonnée, seule à son sort alors qu'elle était enceinte, l'avoir envoyée en prison à sa place, et n'être jamais revenu après la voir pour s'excuser avant d'être mis devant le fait accompli.
(Il l'avait fait, bien sûr, mais ça ne changeait rien, ça n'effaçait rien de ce qu'il lui avait fait, et surtout c'était trop tôt pour ça, elle ne pouvait pas le pardonner, pas encore.)
Contre Regina aussi, pour l'avoir séparée de ses parents et leur avoir fait vivre l'enfer pendant vingt-huit ans, contre Rumplestiltskin qui l'avait poussée à lancer le sort noir, elle était en colère contre tous ces adultes qui lui avaient volé sa vie, la vie qu'elle aurait dû avoir alors qu'elle n'était encore qu'une enfant.
Et surtout, elle était triste.
La joie et l'exaltation qui l'avaient envahie quand Henry avait surgi du portail puis qu'elle avait brisé la malédiction s'étaient rapidement effacés face aux révélations de Neal, d'August, et au fur et à mesure qu'elle prenait réellement conscience de ce que cela pouvait signifier pour elle d'être la Sauveuse, une princesse, la fille de Blanche-Neige et du prince Charmant, elle sentit comme un poids l'écraser.
Elle avait fait ce qu'elle était supposée faire, elle avait brisé la malédiction, elle avait réuni ses parents et tous les autres, elle avait sauvé la ville.
Mais elle, personne ne l'avait sauvée.
Jamais.
Elle avait été un bébé laissé seul dans un monde qui n'était pas le sien (oui, elle savait que Pinocchio était un enfant à l'époque, mais elle avait eu besoin de lui et pourtant il était parti et il n'était jamais revenu), elle avait été une enfant dont aucune famille n'avait jamais réellement voulu, puis une adolescente qui n'avait jamais réussi à se fixer nulle part.
Puis elle avait trouvé l'amour, elle avait cru que les choses seraient différentes et son cœur avait été fracassé en mille morceaux et ce n'était qu'aujourd'hui, dix ans plus tard, qu'elle savait pourquoi l'homme qu'elle aimait autrefois l'avait trahie aussi impitoyablement.
Elle avait dû abandonner son fils parce qu'elle n'avait pas d'autre choix et ce dernier s'était retrouvé chez celle-là même qui avait brisé sa vie, puis elle l'avait retrouvé et il avait disparu.
Et aujourd'hui encore, elle n'était pas encore sure de pouvoir réussir à être une mère pour lui, pas après dix ans à être loin de lui.
Et maintenant, elle apprenait qu'en fait, elle aurait dû avoir une autre vie, que ses parents l'aimaient et voulaient la garder avec eux, qu'elle avait été en colère contre eux pendant vingt-huit ans pour rien ?
Est-ce que l'univers allait un jour la laisser souffler ?
Une voix la tira alors de ses pensées, une voix qu'elle avait appris à connaître depuis son arrivée à Storybrooke.
Celle de Mary-Margaret.
Non, Blanche-Neige.
Sa mère.
Elle avait une mère, et un père aussi, et c'était...
« Emma ? »
Elle avait rêvé de cet instant pendant des années.
Mais elle ne s'était jamais imaginée qu'il se passerait de cette façon.
Que ses parents s'avéreraient être des personnages de contes de fée, et qu'ils auraient approximativement le même âge qu'elle, parce que le temps était détraqué dans cette ville.
Il était une fois.
C'était vrai finalement.
Les contes de fée n'étaient pas toujours joyeux, ni n'avaient forcément de fin heureuse.
Parce que après tout, comment aurait-elle pu qualifier ça de fin heureuse alors même qu'ils venaient à peine de se retrouver, qu'elle les connaissait si peu, et qu'elle ne savait même pas comment faire pour être leur fille ?
Elle se tourna vers eux, et les vit enfin, et ils souriaient, et elle ne put empêcher les larmes de lui monter aux yeux.
Vingt-huit ans, elle avait été séparée d'eux pendant vingt-huit ans, et jamais ils ne pourraient rattraper ce temps perdu, ces années que Regina leur avait volées.
Elle sentit son cœur se briser en mille morceaux.
Elle n'était plus une enfant, et si elle en avait encore été une, les choses auraient été si différentes, leurs retrouvailles auraient été pleinement heureuses et probablement pas teintées de cette amertume qui avait désormais envahi sa bouche alors qu'elle pensait à tout ce qu'ils auraient pu et dû avoir ensemble et n'avaient jamais eu.
Si il n'y avait pas eu le Sort Noir, elle aurait grandi avec eux, ils auraient été une famille et elle aurait été heureuse.
Elle aurait aimé avoir ça, vraiment.
Mais puisqu'elle ne l'aurait jamais, que ce passé qui n'existait pas ne serait jamais une réalité, elle décida de se concentrer sur ce qu'elle avait, sur ce qu'on lui avait rendu, et sur ce cadeau inespéré que lui faisait l'univers, même si c'était presque avec trente ans de retard.
Ses parents étaient là, et elle pouvait les serrer dans ses bras.
« Alors... alors c'est vrai, dit-elle, se trouvant incapable de dire autre chose, la gorge nouée, et même si ils souriaient, elle vit des larmes briller dans leurs yeux à tous les deux, des larmes de joie, mais sans doute aussi de tristesse.
Elle les comprenait parfaitement, elle aussi elle avait envie de fondre en larmes quand elle pensait à tout ce qu'on leur avait impitoyablement arraché.
Puis Blanche-Neige s'avança vers elle et la serra dans ses bras, fort, oh si fort, comme si elle avait peur qu'elle disparaisse, l'étouffant presque et Emma se figea.
Sa mère la serrait dans ses bras, elle, Emma Swan, l'orpheline, celle qui avait passé tant d'années seule, qui s'endormait chaque nuit en pleurant en se demandant pourquoi ses parents l'avaient abandonnée.
Elle était là, elle était vraiment là et elle l'aimait.
Quand son père se joignit lui aussi à l'étreinte, ce fut à ce moment précis que la blonde éclata définitivement en sanglots.
§§§§
Graham n'avait rien dit quand Emma avait amené Regina au commissariat pour ensuite l'enfermer dans une cellule.
Il aurait dû s'y attendre pourtant, la malédiction venait d'être brisée, et les risques qu'une chasse aux sorcières soit organisée contre la méchante reine étaient grands, et la mettre derrière les barreaux était probablement la meilleure chose à faire, que ce soit pour la protéger elle ou protéger les autres.
Si ça n'avait tenu qu'à lui, il l'aurait volontiers livrée en pâture à la foule en colère, malgré le fait qu'elle avait tenté de devenir une meilleure personne ces derniers temps, mais il comprenait parfaitement qu'Emma ait pris en compte son aide pour retrouver Henry et ses efforts pour réparer tout ce qu'elle avait brisé à Storybrooke.
Même si ce ne serait sans doute jamais suffisant pour lui.
Mais savoir ça ne l'empêchait pas de se sentir incroyablement mal à l'aise quant au fait que Regina se trouvait ici, au commissariat, juste sous ses yeux et qu'il ne pouvait pas détourner le regard d'elle parce qu'il était le seul policier présent sur place et qu'il devait la surveiller.
Ça aurait sans doute dû être terriblement satisfaisant, de la voir ici, enfermée, à sa juste place, comme elle le méritait, payant enfin pour ses crimes, mais il n'arrivait pas à s'en réjouir.
Parce que la voir lui rappelait tout ce qu'elle lui avait fait, tout ce qu'elle lui avait infligé par le passé, et si concernant sa vie à Storybrooke, c'était supportable parce que à ce moment-là il ne savait pas qu'il était prisonnier, qu'il était littéralement sans cœur, il pouvait s'en détacher, s'en dissocier, parce que ça, ce n'était pas vraiment lui, seulement, ce n'était pas le cas pour avant.
Mais ses souvenirs de la Forêt Enchantée, quand Regina lui avait arraché le cœur, s'était servie de lui, avait fait de lui sa chose, son jouet, son pantin...
Le simple fait d'y repenser lui donnait envie de hurler à pleins poumons, parce qu'elle était là, et qu'à cause d'elle, il avait le sentiment d'être complètement brisé et de ne jamais être capable d'un jour recoller les morceaux de son être ensemble.
Et c'était de sa faute.
Il se souvenait de ça, il se souvenait de tout, de la manière dont elle avait abusé de lui et de son corps dans son château glacial qui n'était rien de plus qu'une prison pour lui, de sa liberté et de son libre-arbitre qui lui avaient été impitoyablement arrachés, et qu'elle avait fini par lui rendre, mais vingt-huit ans trop tard.
Elle s'était excusée, et elle l'avait libéré, mais il ne pouvait pas faire ça, il ne pouvait pas la pardonner, pas après ce qu'elle lui avait fait, ce qu'elle leur avait à tous.
Elle voulait devenir une meilleure personne, mais ce ne serait sans doute jamais suffisant.
Et surtout, il avait peur.
C'était idiot, et il le savait, parce qu'elle n'avait sans doute pas ses pouvoirs, et qu'elle ne pouvait rien lui faire, qu'elle n'avait plus l'intention de lui arracher le cœur, mais il se souvenait de tout, des détails, de la façon dont ses doigts s'étaient enfoncés dans sa poitrine et lui avaient pris son cœur, il se souvenait de la douleur et de la perte de contrôle.
Le simple fait de la savoir ici, de la voir même, de savoir ce qu'elle aurait été capable de lui faire si elle avait été libre et avec ses pouvoirs le terrifiait tout simplement.
Ce ne fut que quand il sentit la main d'August se poser sur la sienne qu'il se rendit soudainement compte qu'elle s'était mise à trembler.
« Ça va ? Lui demanda le pantin de bois. Tu sais, ajouta-t-il alors que Graham ne répondait pas, si sa présence te fait si mal, et apparemment de ce que je vois c'est bien le cas, je pense que tu peux expliquer la situation à Emma et lui demander, je ne sais pas, que tu n'ai pas à travailler en sa présence. Je suis sûr qu'elle comprendra.
- Pour l'instant, elle a déjà assez à faire et à penser sans que je l'embête avec ça, aujourd'hui, en un seul jour seulement, elle a retrouvé son fils, ses parents, et son ex petit-ami, sans oublier le fait qu'elle a brisé le Sort Noir. Ça fait déjà beaucoup à supporter pour une seule personne alors je pense que pour l'instant, je vais prendre mon mal en patience. Ça va aller.
Ce n'était pas vrai, bien sûr, mais il fallait qu'il y croit, qu'il croit que cela pourrait l'être un jour.
Sinon, si il ne le faisait pas, il allait définitivement s'effondrer pour ensuite ne plus jamais se relever, et il ne voulait pas de ça, il voulait guérir, vraiment, et si ça impliquait de devoir affronter son bourreau, alors soit, il le ferait.
Il en était capable, il avait survécu à l'enfer du château de la méchante reine vingt-huit ans plus tôt après tout.
Il pouvait survivre à ça aussi aujourd'hui, il pouvait être suffisamment fort pour le faire.
Il n'était plus son prisonnier, et il n'était plus le Chasseur.
Il était Graham, shérif de Storybrooke, et même si ce n'était qu'un mensonge, il avait fini par aimer cette identité.
Sans hésitation, August serra alors sa main dans la sienne, l'ancrant pour de bon dans la réalité, alors qu'il sentait qu'elle était en train de lui échapper, et il lui en fut reconnaissant.
- Si tu as besoin... je suis là d'accord ? »
Graham lui sourit et sentit son cœur une fois de plus faire des loopings dans sa poitrine, ce cœur dont il n'avait pas pu se servir pendant si longtemps.
Ça faisait du bien d'enfin à nouveau ressentir quelque chose qui soit autre chose que le complet et absolu désespoir.
A suivre...