Chapitre 7 {II}

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 — Comment ça, tu dois travailler ce soir ?

 À l'autre bout du combiné, Olympe ne répondit pas tout de suite, probablement interloquée par le brutalement changement de ton de son interlocutrice.

 — Bah... c'est comme ça... enfin c'était pas prévue, je suis désolée, répondit-elle, clairement circonspecte par la question.
 — Tu n'as pas un planning pour savoir quand tu bosses ? Tu vas me dire que tu viens à peine de l'apprendre ?

 Il était dix-sept heures. Elles avaient rendez-vous à dix-neuf heures. Cette soirée était prévue depuis une semaine.
 Rosalya se mordit la lèvre, s'en voulant de ne pas réussir à contenir sa rage. Olympe, qui ne devait rien y comprendre, resta coite un long moment, ne laissant que les bruits du téléphone remplir la conversation.

 — Je sais pas quoi te répondre, lança finalement Olympe, visiblement agacée à son tour. Je t'ai déjà dit que ma boss faisait ce qu'elle voulait avec mon planning. Ça me fait pas plus plaisir qu'à toi d'être coincée ici.

 Rosalya sentit son cœur s'emballer, rempli par la colère et la frustration. Ce soir était important ! Elle lui avait rappelé plusieurs fois pendant la semaine qu'elles se verraient ce soir-là précisément, et pas un autre jour. Après ce serait trop tard. La jeune femme tapa furieusement le poing sur le sac de vêtement sur son lit. Elle était occupée à le remplir avant de recevoir l'appel d'Olympe.

 — Tu as déjà annulé notre repas la semaine dernière, lâcha Rosalya, même si ce n'était pas le sujet.

 Parfois elle se demandait si Olympe ne se moquait pas d'elle, à inventer des prétextes, et qu'elle s'était simplement trouvé un mec. Peut-être même le collègue de son boulot, ou ce type imaginaire d'une autre fac. Et même si c'était le cas, lui en parlerait-elle ? Il était évident que non.

 — J'étais malade à cause de mes règles... Je le fais pas exprès, sérieusement. Je comprends pas bien ce que tu me reproches, là. Mais je suis désolée, écoute.

 Ses « Je suis désolée » elle pouvait se les garder ! Après quatre ans à disparaître, après quatre ans à ne jamais s'inquiéter de si sa meilleure amie allait bien, après quatre ans à l'ignorer car dans sa nouvelle vie – qui devait être si extraordinaire qu'elle en avait carrément largué son premier amour sans s'expliquer – elle n'avait pas besoin de Rosalya.

 — Tu sais quoi Olympe ? Laisse tomber.

 Un soupir lui répondit.

 — Je dois retourner bosser, conclut Olympe. Mais il faut aussi que je te dise... hum... hésita-t-elle, visiblement gênée. J'ai invité Mélody...
 — Hein ?

 C'était une blague ? Mélody ? La Mélody du lycée ?
 Déjà que Mélody avait toujours été assez insupportable au lycée, à slut-shamer Olympe constamment pour seulement oser sortir avec le mec dont elle était amoureuse, la côtoyer à la fac, même sporadiquement, était encore plus invivable. À part parler de ses notes, « les meilleures de son département », et de son avenir « brillant » dans les plus grandes galeries d'art du pays, elle ne savait rien faire d'autre.
 En tout cas, niveau nombrilisme, elle et Olympe avaient au moins ce point en commun.

 — Pourquoi ? s'énerva Rosalya, n'essayant même plus de cacher sa colère.
 — Bah je... je sais pas, elle est venue me voir cette semaine... on participe au même gala dans quelques jours et elle voulait qu'on s'y prépare ensemble. Elle était sympa, elle m'a même passé des cours que j'avais manqués... J'ai laissé échapper qu'on devait réviser ce soir ensemble... Priya aussi vient, non ? Enfin, je pensais pas que ça poserait problème.

Fallen {Amour Sucré Campus Life}Where stories live. Discover now