Chapitre 19 {I}

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 — Ça a été une dure soirée ?

 Olympe aurait aimé s'asseoir à ses côtés, mais elle ne pouvait s'empêcher de rester debout, à juste le regarder. Posé sur un banc juste à l'extérieur du kiosque, les coudes sur les genoux et le visage dirigé vers elle, Rayan paraissait épuisé. Et ça n'avait rien à voir avec l'heure à laquelle ils se retrouvaient. C'était une fatigue bien plus profonde qui émanait de ses yeux aventurine, qui s'échappait de chacune de ses lourdes respirations. Une fatigue présente depuis longtemps mais qui ne s'était pas exprimée avant.

 Malgré tout ce qui s'était passé avec Paul Avenon, ce fut Olympe qui s'inquiéta pour lui la première, un sourire timide aux lèvres.

 — Si on veut, répondit-il.

 — Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle.

 La place à côté de lui avait été débarrassée de la neige, même si elle tombait encore à faibles flocons. Se trouvait-il avec quelqu'un juste avant ? La réponse se dessinait sous ses pieds, marquée à même le sol, mais, dans l'excitation de voir celui qui faisait battre son cœur avec cet empressement inégalé, Olympe ne s'en aperçut pas. Elle ne voyait que lui. Même avec les traits tirés par l'exténuation et le poids sur ses épaules affaissées, même engoncé dans ses vêtements d'hiver et des baskets, il était toujours aussi beau. Parfait. Comme d'habitude.

 Rayan se redressa, prenant une grande inspiration. Il se reposa contre le dossier du banc.

 — Rien de particulier. Je suppose que c'est pour ça que c'était une soirée difficile.

 Olympe pencha la tête sans comprendre. Elle ne l'avait jamais vu si abattu. Même lorsqu'il lui avait révélé son mariage raté lors de leurs premiers rapprochements sur le terrain d'athlétisme, il n'avait pas eu l'air si désespéré, si accablé par la mélancolie.

 Pour la première fois, la jeune femme réalisa qu'il y avait encore beaucoup de choses qu'elle ignorait sur lui. Sa seule certitude, c'était ce qu'il lui faisait ressentir lorsqu'ils se voyaient. La chaleur dans son ventre, la pulsion dans ses lèvres. Mais l'idée qu'il puisse lui cacher ses maux ou ses tourments ne lui avait jamais traversé l'esprit. L'idée qu'il puisse en avoir tout court non plus, en vérité. Elle ne s'était pas posée la question.

 — Pourquoi tu voulais me voir ? questionna-t-elle de nouveau.

 Après tout, c'était elle qu'il avait contactée, parmi toutes les personnes qu'il connaissait, et ce en pleine nuit. Cela devait bien signifier quelque chose, pas vrai ? Sinon il aurait attendu qu'ils se voient au sport dans les jours qui suivent.

 — Je voulais te parler.

 — Tu ne pouvais pas le faire par message ?

 Rayan sourit.

 — Assis-toi, lui intima-t-il en tapotant doucement sur le banc.

 Olympe hésita, la gorge nouée. "Je veux te parler", "J'ai quelque chose à te dire", ça n'indique souvent rien de bon, mais la jeune femme ne souhaitait pas s'adonner à la paranoïa. Les mains enfouies dans les poches, elle commença à tracer des cercles dans la neige avec son pied, la transformant en boue sous ses bottes.

 — Tu ne me demandes pas comment était ma soirée, à moi ?

 Rayan parut surpris.

 — Pourquoi ? Il s'est passé quelque chose ? s'inquiéta-t-il abruptement.

 Olympe se mordit les lèvres, heureuse qu'il paraisse si soucieux pour elle à son tour.

 — Ce soir c'était notre "rendez-vous" avec Paul Avenon, expliqua-t-elle en sortant ses mains nues de ses poches pour mimer des guillemets.

Fallen {Amour Sucré Campus Life}Where stories live. Discover now