Chapitre 16 {III}

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 La rentrée avait fini par arriver avec la même discrétion que l’hiver s’était profondément installé en ce début janvier. Il n’y avait plus que deux semaines de cours avant le début des examens et Olympe s’était plongée dans son mémoire et les révisions pour ne plus avoir à penser à quoi que ce soit d’autre.
 Elle n’avait pas revu Hyun depuis leur dispute. Elle n’avait pas recroisé Rayan non plus sur le terrain d’athlétisme. Passer quelque temps sans voir ni l’un ni l’autre avait été d’un certain soulagement. Ça lui permettait de continuer sa vie en oubliant ce qu’il s’était passé, au moins pendant quelques jours. C’était comme courir à en perdre haleine et les yeux fermés, à en ignorer les douleurs dans ses jambes qui lui criaient d’arrêter ; la jeune femme ne savait pas où ses pieds la dirigeaient mais elle n’avait pas d’autre option que de les suivre. Si elle s’arrêtait, ne serait-ce qu’un instant, la peur de ne jamais pouvoir repartir lui nouait le ventre.
 Si elle marchait, alors tout allait bien. Après son accident, elle se l’était promis, et elle avait réussi. Alors tout allait bien. C’était ce qu’elle se répétait. Tous les jours, à chaque instant, jusqu’à s’en persuader. Même si elle devait avancer seule sur le chemin désormais. Même si l’une des seules personnes à lui avoir tenu la main n’était plus là pour l’accompagner. Tout allait bien…
 Assommée par le froid de ce lundi matin, Olympe n’envisagea pas une seconde d’enlever son manteau, même une fois assise à l’intérieur de l’amphithéâtre. Toujours ses gants aux mains, elle n’enleva que son épaisse écharpe en laine pour se fabriquer un coussin de fortune et y enfouir son nez rouge. Arrivée trente minutes en avance, elle était seule dans la salle. L’étudiante s’était jurée de poursuivre ses révisions en attendant le professeur – Rayan – mais n’en ressentait plus le courage. Ces derniers temps, elle ne vivait que pour étudier, et la fatigue commençait à se faire sentir. Une fois ses examens terminés, peut-être irait-elle voir ses parents… elle ne répondait presque jamais à leurs coups de fil et ne les avait pas revus depuis les vacances d’été. Ils s’étaient proposés de venir lui rendre visite à plus d’une occasion mais elle prétendait que le travail et les études lui prenaient trop de temps, ce qui n’était pas totalement un mensonge.
 Néanmoins, le manque commençait à venir tout doucement. La dureté de l’hiver n’aidait pas. Les voir lui ferait certainement le plus grand bien. Elle se promit d’y réfléchir sérieusement et de chercher des trains en rentrant après les cours. En plus, lorsqu’elle retournait chez ses parents, elle pourrait en profiter pour rencontrer Ada si elle était enfin de retour d'Espagne. Elle était encore son amie, même si la distance faisait qu’elles n’étaient plus aussi proches qu’avant. Peut-être qu’elle pourrait lui avouer ce qu’elle avait fait, tout en sachant qu’elle se ferait engueuler copieusement.
 Elle entendait déjà lui dire, les joues rouges de colère, telle une grande sœur : “Deux mecs en même temps ? Mais t’es pas bien ?” ou “Prends ton téléphone et vas t’excuser tout de suite !”. Le visage enfoui dans son écharpe, Olympe sourit. Sans Ada pour la pousser à faire ce qu’il fallait, le courage de s’excuser auprès de Hyun ne lui venait pas.
 Par message, pourtant, ça ne devrait pas être si difficile.
 “Je suis désolée.”
 Mais rien qu’à y penser, son ventre se nouait à la tordre de douleur sur sa chaise. Que dirait-elle lorsqu’ils se reverraient inévitablement au travail ? Olympe n’avait pas envie d’y réfléchir.

 — Bonjour.

 Olympe mit un instant avant de lever les yeux, gardant précieusement son nez encore glacé dans son écharpe. En comprenant qui l’avait interpellée, elle se redressa d’un coup, le rouge envahissant ses joues.

 — B-Bonjour.

 Rayan sourit. Debout dans la rangée devant la sienne, il déplia un des sièges et s’y assit de manière à pouvoir lui faire face.

 — Tu es bien matinale, dit-il joyeusement.

 Le voir d’aussi bonne humeur réchauffa son corps tout entier. Même si elle adorait s’entraîner à ses côtés sur le terrain, elle se délectait de la vue de son partenaire de sport dans un costume et non des survêtements. Son manteau brun délicatement posé sur la table, il portait une veste noire sur une chemise blanche et une cravate pourpre serrait son col.

Fallen {Amour Sucré Campus Life}Where stories live. Discover now