Chapitre 12 {III}

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 — T'es en forme ce soir, dis-donc, lui dit son partenaire avec un sourire carnassier aux lèvres.

 Olympe, qui ne cessait de gigoter sur place, sautillait d'un pas sur l'autre, les bras tournoyant autour de ses épaules.

 — C'est parce que je meurs de froid ! expliqua-t-elle, pour preuve le fin nuage qui se forma sous ses lèvres à ces quelques mots.

 Rayan rit, lui-même le cou encore engoncé dans une écharpe.

 — Faut qu'on commence vite, que tu te réchauffes !

 — Allons-y !

 Olympe portait un jogging noir et une toute nouvelle veste de sport couleur bleu marine achetée à peine quelques jours auparavant. À vingt-heures passées, en plein hiver, or de question de l'enlever ou de s'amuser à courir en short comme la dernière fois. Cette fois-ci, pas de lycéens stupides pour l'ennuyer ou lui faire des remarques déplacées. En fait, il n'y avait presque personne sur le terrain. Tout juste une autre femme qu'Olympe n'avait jamais vue, occupée à faire des étirements en se tenant à un banc. L'envie de se retrouver seule avec Rayan pour s'entraîner, sans personne pour les déranger ou les dévisager, lui tordait le ventre d'excitation. Et dire qu'un seul mot de Mélody et tout aurait pu s'arrêter, quel soulagement ! Sa camarade n'était peut-être pas aussi vile qu'elle l'avait crue toutes ces années... même si elle ne se voyait pas devenir son amie dans un avenir proche, elle se souviendrait longuement de cet immense service qu'elle lui avait rendu.

 Rayan, bien que hésitant au départ, finit par abandonner son écharpe dans son sac et rejoignit Olympe dans ses sautillements pour se réchauffer.

 — On commence avec quelques tours de terrain ? Pour se mettre dans le bain ?

 — C'est parti !

 Ils échangèrent un long regard avant de se décider à courir à une vitesse raisonnable. L'entraînement qu'Olympe avait espéré revivre avec Rayan depuis des jours, ayant senti son absence jusque dans ses rêves pendant toute la semaine, pouvait enfin commencer. Côte à côte, ils commencèrent à courir dans la nuit à peine brisée par la lumière faiblarde des rares poteaux lumineux encore en marche, un plaisir non dissimulé de partager ce moment ensemble.


 Les mains sur les genoux, le souffle court, Olympe peinait à reprendre sa respiration. Chaque goulée d'air pénétrait sa gorge avec l'intensité d'une avalanche, la ravissant de l'apport de fraîcheur mais l'étourdissant dans le même temps. Avait-elle trop forcée pour impressionner Rayan? Peut-être. Déjà presque deux heures qu'ils s'entraînaient : d'abord de simples tours pour s'échauffer, puis ils avaient mesuré leurs temps respectifs sur le 100, 200 et 400 mètres. Olympe avait proposé un 1500 mètres en dernier, espérant impressionner son professeur pour qui cette distance était le talon d'Achille mais, finalement, c'était elle qui s'était retrouvée à la traîne. Ses jambes la faisaient souffrir depuis une vingtaine de minutes mais elle s'était efforcée de l'ignorer, comme à chaque fois.

 Olympe les observa, juste sous elle, tremblantes et quelque peu chancelantes. Deux heures d'entraînement, ce n'était rien. La jeune femme avait déjà fait bien plus que cela sans que ses jambes ne se rappèlent à elle de cette manière. Pourquoi ce soir ? Cela faisait tout de même un moment que cette scène se répétait. Dès que le moment était important, ses jambes commençaient à lui faire mal, sans raison apparente. Elles tremblaient, se remplissaient de fourmis et de douleurs étranges. Un peu comme les douleurs fantômes qui envahissaient le bas de son corps à l'époque où elle ne le sentait pourtant plus. Et si ça recommençait ? Et si, brusquement, ses jambes décidaient de ne plus marcher de nouveau ?

Fallen {Amour Sucré Campus Life}Where stories live. Discover now