29.2. Poutine Land

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— Mesdames, Messieurs, bonjour, mon nom est Aurélie, votre chef de cabine. Le commandant de bord Monsieur Egger et l'ensemble de l'équipage ont le plaisir de vous accueillir à bord de cet Airbus 330 d'Air Canada, membre de Skyt-

OK, son discours est nul.

Je laisse reposer ma tête sur l'appuie-tête derrière moi et ferme les yeux en attendant que l'hôtesse en uniforme bleu foncé aie terminé de déblatérer. Entretemps, Liam range nos sacs à dos dans le coffre au-dessus de nos têtes. Puis, je le sens s'asseoir dans le fauteuil noir jouxtant le mien et le cliquetis de sa ceinture.

J'entrouvre les paupières et le regarde faire.

Une mèche pâlie par le soleil barre son front lorsqu'il penche la tête pour s'attacher. J'observe ses longs doigts calleux batailler avec la courroie grise pour la resserrer sur son ventre plat. Je baisse alors les yeux sur ma propre ceinture que je n'ai pas fermée.
Prenant les deux extrémités dans mes mains, je les observe avec curiosité.

— Là.

Avec délicatesse, Liam me prend la sangle des mains.

— Tu dois rentrer l'embout dans la faille ici, m'explique-t-il doucement.

Il joint les mots au geste et enfonce l'extrémité en métal dans ladite fente du petit boîtier cylindrique.

— Et ensuite tu tires sur le surplus pour serrer la ceinture. Tu laisses un espace d'un doigt environ quand tu serres.

Il glisse un doigt entre mon ventre et la courroie.
Je retiens mon souffle.

Et il tire trois fois, jusqu'à ce qu'il soit coincé entre moi et la ceinture.
Mes joues rougissent lorsqu'il tortille la main pour libérer sa phalange.

— Merci, chuchoté-je en me sentant toute bête.

Il sourit un peu et tire son iPod de sa poche.

— La première fois, on a dû m'expliquer aussi.

Pour échapper à son regard insupportablement tendre, je fouille dans mon sac à main à la recherche de mon propre iPod.

Rien dans le premier zip.
Rien dans le second.
Rien dans la poche arrière non plus.

Mes geste deviennent presque frénétiques et je vide littéralement le contenu de mon sac sur mes genoux.

Oh, punaise, ne me dites pas que je l'ai oublié à la maison ?

— Tout va bien ?

— J'ai oublié mon iPod à la maison, grimacé-je. Tout va bien, je vais... dessiner à la place.

Je range mes affaires et ne garde que mon carnet, mon crayon et ma boîte à fusain sur mes cuisses.

— Tu dessines encore ? s'exclame-t-il d'un ton sincèrement surpris.

Je triture la reliure en spirale de mon cahier en croisant son regard étonné.

— Eh bien... oui. Je n'ai jamais vraiment arrêté. Et je n'ai juste pas eu le temps pour dessiner ces dernières semaines.

Sa bouche s'étire.

— Tu as fini combien de carnet jusqu'à maintenant, dans ce cas ? Tu les classes encore en ordre de couleur dans ton armoire ?

Je souris et me mordille la lèvre.
Il me connaît comme personne.

Sauf que je suis encore un peu fâchée contre lui.

Et ça, c'est grave.

— Ouais. Bon vol, Liam.

Il plisse les yeux dans ma direction, contrarié par ma réplique froide.
Et honnêtement, j'en ai rien à cirer. Tant qu'il ne fait pas disparaître Abigaïl de son plein gré, nous sommes amis, peut-être un peu froids, et nous le resterons.

Fifty Shades of a Unicorn - T1Where stories live. Discover now