23.2. 20th of July

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— Fesses de Poulet Pané ?

— Ouais.

J'essaye de masquer mon hilarité derrière une quinte de toux.

— Charmant.

— Comme tu dis.

Une petite minute de silence s'ensuit.

— Tu voulais quelque chose ? demande-t-il doucement.

Je me mordille la lèvre sans cesser de faire des allers-retours devant le magasin.

— Je voulais... t'inviter à dîner. Sauf que je ne sais pas où tu travailles.

Je devine la stupéfaction dans son ton lorsqu'il me répond :

— M'inviter à dîner ?

— Eh bien... oui ?

Il a un rire bref.

— Permets-moi d'être un peu surpris. Parce que disons que tu n'as pas été très communicative et accueillante ces derniers jours.

Il y a une pointe de reproche dans ses paroles et je le sais. Je m'immobilise alors dans mes cent pas et colle mon portable un peu plus fort contre mon oreille.

— Excuse-moi...

Il soupire fortement.

— Tu ne peux pas passer ton temps à creuser un trou entre nous pour ensuite me dire que tu es désolée. Le gouffre ne disparaîtra pas comme ça.

— Je comprends que tu sois fâché.

Sa voix s'adoucit.

— Je ne suis pas fâché, Mika. Seulement... un peu vexé.

— C'est la même chose qu'être fâché.

— OK, je suis extrêmement fâché. Mais j'ai faim. Alors ramène ton joli petit cul pour qu'on puisse bouffer, assène-t-il d'un ton sec.

Outrée, ma bouche s'ouvre avec l'intention de lui envoyer une pique cinglante.
Droite tire alors Gauche par la crinière pour l'exhorter au calme.

Je gonfle mes poumons et adopte une voix posée :

— Comment je fais pour venir ?

— Tu es où là ?

— Au magasin.

— Tu sais comment prendre le métro ?

— Je sais surtout comment me perdre dans le métro.

Il se met à rire.

— Ce n'est pas compliqué. Reste avec moi au téléphone, je vais te guider.

Et c'est ce que je fais.

Je lui décris l'environnement dans lequel je suis et il me dit par où aller.

Il se trompe deux fois, me mélange entre ma droite et ma gauche. Et je suis tellement perdue que je m'arrête près d'un escalier avec sa voix hilare jaillissant du haut-parleur.

— Encore vivante ?

— Je te déteste vraiment fort en ce moment.

— Moi aussi je t'aime. Prends la sortie Westwood avec le point jaune et marche tout droit. L'université est juste en face.

J'obtempère non sans pousser un long soupir. Je grimpe des escaliers, monte dans un ascenseur et franchis une porte-tambour. Lorsque je débouche enfin à l'extérieur, je crie victoire :

Fifty Shades of a Unicorn - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant