Chapitre 18 : J'ignore ce qu'il pense

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Nous sommes devant le Starbucks. Lucas a insisté pour me prendre quelque chose à manger et à boire. J'ai bien entendu refusé son offre mais mon estomac m'a trahit en faisant un raffut très gênant à un moment stratégique.

- Tiens, c'est un sandwich aux ufs brouillés.

Il me tend un long pain entouré de papiers. De la salade en dépasse. A première vue il a l'air délicieux. Je le saisis sans prendre la peine de regarder son actuel propriétaire. Je reste prudente avec lui.

- Merci !

Je n'ajoute rien de plus, ce n'est pas nécessaire. Il souffle, en allant s'assoir sur un banc à côté de la bâtisse dans une petite ruelle à l'abri des regards. Il à l'air de bien connaitre cet endroit. Je lève les yeux de mon repas pour voir qu'il est en colère. Ses sourcils se sont rapprochés laissant place à une petite ride entre les deux. Il est assis les jambes espacées les coudes sur ses genoux et un sandwich identique au mien dans ses deux mains. Il regarde le sol.

- Tu ne devrais pas sauter de repas. Regarde toi tu es maigrichonne !

J'ai le souffle coupé par son audace. Pour qui il se prend ? Il vient de réussir en un quart de seconde à m'énerver plus que je ne l'étais avant. De quoi il se me mêle ?

- Pour commencer, je ne saute pas de repas. Il m'arrive juste de temps en temps d'oublier de manger. Le plus souvent c'est quand je suis occupée. Ensuite, je ne m'affame pas non plus. Quand « je saute » un repas il n'est pas impossible qu'en réalité je n'ai juste pas faim. Je ne vais pas me forcer à manger. Et pour finir tu n'as pas à te préoccuper de ça. Ça ne te regarde pas la façon que j'ai de m'alimenter. Et de toute évidence, je ne vais pas me laisser mourir de faim car je tiens beaucoup trop à mon nouveau job.

C'est avec un petit sourire en coin par la satisfaction d'avoir un job aussi merveilleux que je m'assoie comme une masse à côté de lui en faisant attention de garder une certaine distante entre nous deux. Je croise les jambes et me tourne légèrement à l'opposé de lui. Je suis comme une gamine de 9 ans qui boude après s'être fait disputer par ses parents. Sauf que là c'est Lucas. J'ai envie de me jeter un seau d'eau froide sur la tête, j'ai besoin de me réveiller de se cauchemar. Il n'a pas son mot à dire me concernant et encore moins de cette façon-là. On ne se connait pas il n'est pas bon juge. Je croque dans mon sandwich déterminer à le finir le plus vite possible pour retourner dans ma chambre.

A la première bouché je m'extasie tant il est délicieux. Cette divine nourriture, mon premier vrai bon repas depuis que je suis à arrivée ici en l'occurrence un sandwich.

Je regarde a nouveau Lucas, j'ignore ce qu'il pense ni comment il a prit mon petit discours sur mon indépendance nutritionnelle mais ça met égale... Du moins pour le moment. Nous continuons de manger dans le silence le plus total. Après un certain temps je me ressaisis pour lui faire face. Il a fini de manger depuis un moment. Il a toujours la même position que tout à l'heure sauf qu'il a les mains l'une contre l'autre les doigts entrelacés, la tête rentrée dans les épaules et le regard vers le sol. Sans bouger il me dit de but en blanc.

- Démissionne.

Tout s'arrête autour de moi. Je n'entends, ne voit rien d'autre que Lucas.

- Quoi ?

Il insiste et parle plus fort en se tournant vers moi.

- Démissionne.

Je me lève pour lui faire face. Je n'ai pas beaucoup de courage en temps normal mais là c'est impossible pour moi de le laisser me dire une chose pareil. Dans une colère incontrôlée je lui hurle presque dessus.

- Mais ça ne va pas ou quoi ? C'est quoi ton problème ? Tu peux où dire ou faire ce que tu veux mais jamais je ne démissionnerais de se boulot.

Je pointe mon index face à son visage en j'enchaine.

- Tu devras supporter ma présence comme je supporterais la tienne. Tu ne gâcheras pas tout le travail que j'ai effectué pour en arriver ici.

Sans rien ajouter de plus je pars en direction de l'hôtel. J'ai les mains qui tremblent. ce sont mes jambes qui dirigent mon corps, je ne contrôle plus rien. Je suis à vif, je n'ai jamais été aussi en colère, les larmes coulent sur mes joues. Je sens le cauchemar arriver plutôt que le rêve que je cherchais en venant ici.

Never Say NeverWhere stories live. Discover now