19 - Le Pardon

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Je me suis lavée dans un bain d'eau tiède parfumée à la rose

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Je me suis lavée dans un bain d'eau tiède parfumée à la rose. Puis dorénavant, je brosse mes cheveux lâchés, assise sur le bord du lit, les yeux dans le vague. Je me suis vêtu d'une robe ample et blanche pour la nuit, en satin mais j'ai l'impression d'avoir froid, seule dans le noir. Mon cœur bat si fort contre ma poitrine, mes yeux sont trop secs à force d'avoir pleuré, je crois ne plus avoir de larmes à laisser couler.

Je ne suis pas du genre à pleurer facilement et pourtant, les mots tranchants de Gabriel résonnent encore dans ma tête, comme une voix fantôme, présente uniquement pour me briser.

Je ne comprends pas quelle erreur j'ai commise, quelle chose j'ai pu dire pour qu'il se dresse contre moi de la sorte. Je pensais que nous étions sur la même longueur d'ondes lui et moi. Il m'avait promis de ne jamais me laisser tomber, parce que je refusais de devoir subir la même douleur qu'Adriel et Emilius et pourtant, j'en suis la victime, moi aussi.

Avec toutes ces douleurs, je ne songeais même plus à Emilius, à Ronan ou à Joris. Lorsque son visage me revient en tête, une vision me brûle les méninges en même temps : Joris, traversant des plaines désertes d'Easianor, faire face à un Passage créé par un Mage, puis ce Mage qui se dessine lentement, pour ainsi laisser entrevoir ses traits. C'est Ronan et tous deux se regardent, sans un mot avec cette étincelle de vie et de joie qui parcourent leurs yeux.

Enfin, lorsqu'on toque à la porte, je reviens à moi et laisse mes bras retomber mollement sur mes jambes. Gabriel se tient là, après l'avoir ouverte et entre dans la pièce. Je détourne le regard, je peux uniquement entendre ses semelles frapper doucement le parquet. Le cliquetis de la poignée, pour me faire comprendre qu'il vient de refermer la porte.

De nouveau, mon cœur s'emballe, mes yeux s'embuent de larmes et ma colère me rattrape. Je sens son regard sur moi, je sens sa présence, son parfum...

— Si c'est pour remuer le couteau dans la plaie, abstiens toi et quitte cette pièce, je pense avoir compris le message, marmonné-je sans le regarder.

Un court silence plane, je fixe la brosse encore dans mes mains.

— Je n'aurais pas dû te parler comme ça, dit-il simplement.

Je ferme les yeux à l'entente de sa voix grave et posée. Je suis amoureuse de lui, c'est indéniable et en sa présence, je suis faible, même lorsque je souffre par sa faute.

— Je te déteste... soufflé-je.

— Moi aussi je me déteste. Tu ne mérites pas qu'on te traite comme je l'ai fait, je...

— Tais-toi, grogné-je.

Je tourne la tête vers lui puis me lève du lit. Il me toise, planté au milieu de la pièce. Il passe sa main dans ses cheveux, humecte ses lèvres et semble troublé par ma réaction.

— Tu es venu me dire quoi ?

— Je m'excuse pour les mots que j'ai employé, articule-t-il.

Je secoue la tête, je suis en colère contre lui et l'amour que j'éprouve amplifie cette émotion.

TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]Where stories live. Discover now