TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]

29 - Il était une fois... dans le passé

Easianor était bien l'une des Couronnes les plus grandes. Elle abritait toutes sortes de peuples mais principalement des Goules, ces individus dotés de dons et capables d'entendre ou humer à des kilomètres à la ronde. Ils contrôlaient les éléments, rares étaient les guerres survenues sur ces terres, en partie car Easianor ne prenait jamais part aux conflits des Couronnes voisines.

Les seuls individus rejetés de ces Terres étaient les Mages, à cause des guerres de pouvoir, des rumeurs et de leur image reliée à la destruction et l'égoïsme.

Malgré tout, Easianor prospéra, dans son coin, sans trop en demander à ses voisins. Le roi et la reine se prénommaient Jacques et Viviane, ils eurent deux enfants, le premier était une petite fille, Kira.

Elle fut élevée pour devenir reine, ici, pas d'institution par le sexe, que ce soit un garçon ou une fille, le premier enfant se voyait promis au trône et à toutes ses responsabilités.

Kira était une petite fille intelligente, qui contrôlait les éléments comme ses parents et qui parvenait à écouter, sans broncher. Même bébé, elle avait tout de suite fait ses nuits et n'avait jamais causé de troubles à ses géniteurs.

Quand vint son petit frère, Gabriel, les choses changèrent. Tout d'abord, Viviane fut très malade lors de sa grossesse, il lui était même difficile de se tenir debout ou d'assister aux réunions de l'Ordre des Trois Couronnes. Alors c'était Jacques qui s'en chargeait et Kira restait seule de longues heures. Lorsqu'elle jouait dans la chambre de sa mère alitée et que son père rentrait de ces fameuses réunions, elle tendait l'oreille, discrète mais curieuse à la fois.

— Selon eux, tu m'aurais trahi, Viviane... avait soufflé Jacques en posant son foulard sur le dossier d'une chaise en osier.

Viviane s'était appuyée sur ses bras pour se redresser et suivre son mari du regard.

— Tu préfères croire l'Ordre plutôt que moi ?

— Bien-sûr que non mais... j'ai besoin de connaître la vérité.

Il s'était agenouillé devant le lit et avait pris la main de sa femme, à sa hauteur ainsi, il pouvait la regarder droit dans les yeux.

— Est-ce bien mon enfant que tu portes ?

Viviane avait serré ses mâchoires, les yeux embués de larmes.

— Jacques...

— Tu dois tout me dire.

Elle avait baissé la tête, une larme tâchant sa couverture brodée.

— Kira, vas jouer dehors, avait ordonné son père.

La petite fille, docile, avait quitté la chambre mais ne s'en était pas plus éloignée, curieuse de connaître la vérité, elle aussi, alors âgée de huit ans.

— Il y a environ sept mois, alors que tu étais parti faire affaires à Eyos, des barbares sont venus tenter de piller nos récoltes. Évidemment, les gardes ont riposté et je ne me voyais pas les laisser se battre seuls. J'ai confié Kira à notre nourrice et je suis partie me battre. C'est là que j'ai compris que ces barbares étaient en réalité des Mages... Ils... ils m'ont coincée, ont bloqué mes pouvoirs et ils... ils...

— Ne le dis pas, l'avait interrompu Jacques d'une douce voix.

Il avait posé sa main sur la sienne, la regardant droit dans les yeux, compatissant.

— Donne moi le nom du scélérat qui t'as bafoué et je le tuerai.

— Non, Jacques. Je ne souhaite pas que tu déclares la guerre.