24 - L'entraînement PT 2

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Selene

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Je pousse un grognement de frustration, j'en ai assez d'être mise à terre par ce bougre de Gabriel. Surtout qu'il semble y prendre un malin plaisir. Il aime se sentir supérieur aux autres, c'est une certitude. J'ai compris, j'ai réussi à le blesser une fois et ce sera probablement la dernière. Dans tous les cas, il n'a pas à me ridiculiser ainsi.

Alors que je souhaite me jeter sur lui, une énième fois, Maître Vernier m'arrête aussitôt en se postant devant moi, le bras tendu. Je dégouline de sueur tant j'ai chaud, je suis essoufflée tant je me suis malmenée, je n'ai plus de souffle, ni de forces pour aujourd'hui.

— Il suffit, lance-t-elle avec son accent prononcé. Ne vous pressez pas, vous trouverez votre équilibre.

Cela fait déjà presque une semaine que je me démène pour le mettre à terre, et je n'y parviens pas. Lui a réussi à maintes reprises et moi... comme la Non-Mage que je suis, j'échoue à chaque fois.

Je me sens en colère, alors, dans un excès, je jette mon épée au sol, lance mon plus mauvais regard à Gabriel puis quitte la salle d'entraînement. J'avance dans les longs couloirs, les poings serrés, peinant à reprendre ma respiration. Finalement, je m'arrête, pose ma main contre le mur puis l'autre sur ma poitrine. Je sens une angoisse presser ma gorge, cette même angoisse qui m'empêche de respirer. En si peu de temps, ma vie s'est écroulée et aujourd'hui, je vis un enfer. Comment est-ce possible ? J'ai la sensation qu'hier encore, je vivais à la ferme et continuais d'apprécier ma routine.

Ce voyage est rocambolesque pour ne pas dire catastrophique et plus nous avançons dans l'entraînement, plus j'ai la sensation de ne pas être à la hauteur. Comme si je n'atteindrai jamais mon but.

— Selene ! m'appelle Gabriel en me rejoignant dans le couloir.

Je ferme les yeux.

— Laisses-moi tranquille. J'en ai assez de ton arrogance.

— Tu préfèrerais que je te laisse gagner ? Ça ne t'aidera pas à t'endurcir et tu n'apprendras rien.

Je me redresse pour lui jeter un regard.

— Je suis fatiguée, d'accord ? Toi, tu n'es pas comme moi. Peut-être bien que tu as raison, les Non-Mages sont faibles et je suis faible ! Voilà, c'était ce que tu voulais entendre ? Que suis-je ? Une femme destinée à être esclave de ces enfoirés de Mages ? Allons-y, Gabriel, enlèves-moi et vends-moi à Aowyn, je ne saurai rien faire de plus que lui cirer les chaussures !

Il me toise, sans un mot, les sourcils froncés alors que je sens l'angoisse grandir en moi. Celle de ne plus jamais pouvoir revoir mon père, ni même le serrer dans mes bras. Je pose ma main sur ma poitrine, ferme les yeux. Je ne veux pas pleurer devant lui, et pourtant, je halète. Je n'arrive plus à respirer, je suis en train de me noyer dans un flot d'émotions incontrôlables que je tente de refouler depuis trop longtemps.

Je me penche en avant, avec cette impression de mourir, d'être submergée et de ne plus rien contrôler. Je suis comme piégée, au milieu de l'océan, sous un torrent de vagues indomptables qui s'échouent sur moi pour me faire encore plus de mal.

— Selene, calmes-toi, tente Gabriel.

Comment pourrait-il m'aider ? Je suppose que me voir dans cet état lui est égal, lui qui n'a aucun sentiment. Il ne ressent pas ce que je ressens. Il ne fait pas de crise de panique, puisqu'il ne panique jamais.

— Laisses-moi, Gabriel !

Je serre ma chemise, mon cœur bat si fort qu'il résonne dans mes oreilles, mon souffle est court, mes mains tremblent. Je ne réponds plus de rien.

TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]Where stories live. Discover now