TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]

4 - La Première épreuve

Selene

°°° 

— Il y a de cela des siècles, quand les Elfes régnaient encore sur les Trois Couronnes, une guerre a fait rage et a presque tout détruit. Quand les Mages se sont montrés au grand jour, qu'ils ont exposé leurs pouvoirs, les Elfes n'ont eu d'autres choix que de riposter pour espérer préserver leur espèce. Contrairement aux Mages, les Elfes étaient porteurs d'une arme surpuissante mais trop dangereuse : les Ténèbres. Nous avions un minuscule Crystal, dans lequel vivait des ténèbres. Les Mages Noirs en quête de pouvoir n'ont pas hésité à nous le dérober, ils ont brisé le Crytal et ont libéré les ténèbres. La guerre a fait rage pendant plus de deux longues années avant que nous n'en venions à bout mais il restait des résidus de Ténèbres perdus dans la nature. Les Mages comme les Elfes avaient l'ordre de les détruire s'ils en voyaient. Vous vous doutez bien, Selene, que si aujourd'hui vous nous dites la vérité et que vous êtes porteuse des Ténèbres, c'est que tout le monde n'a pas respecté les règles instaurées lors du traité de paix mais nous ne pouvons prendre le risque que vous nous mentiez, c'est pourquoi nous devons vous faire passer ces épreuves. L'Ordre des Trois Couronnes n'est pas un groupe dans lequel vous pouvez entrer à votre guise. 

Je me tiens toujours dans cette grande salle ronde, presque vide et froide. Les Elfes en hauteur m'observent comme une bête à la foire. Baralf et Fred ont été exemptés de ce spectacle et n'ont d'autres choix que de m'attendre à l'extérieur de la Tour maintenant close. Je tente de cacher mon angoisse, celle d'échouer car je sais que j'échouerai. Ils ont été clairs avec moi, si j'ai menti, ils m'exécutent. Cette Elfe mi Mage aux cheveux blancs me fixe, il semble heureux de sa "création", et amusé de me voir en vie alors qu'il m'a violemment agressé lorsque je me faisais passer pour une Sentinelle. 

— Première épreuve, commence la femme Elfe dont je ne connais toujours pas le nom. Faites apparaître un Wealer et contrôlez le. 

Mon cœur s'emballe mais je tente de ne rien montrer. 

— Les Wealers sont dangereux, ils...

— Faites apparaître un Wealer et contrôlez le, répète-t-elle d'un ton ferme. 

Je ferme les yeux, me pince les lèvres jusqu'au sang. J'essaie de me connecter à mon esprit, de trouver Adriel, de le sentir. 

— Pitié, pitié... murmuré-je tout bas. J'ai besoin de toi. 

Je m'accroupis doucement, j'essaie de gagner du temps. Je sens leur regard qui pèse sur moi. Que suis-je censée faire ? Je pose mes mains au sol, j'essaie de me concentrer, comme si je bénéficiais réellement de dons alors qu'en réalité, je n'ai aucun pouvoir, aucune magie en moi si ce n'est la possibilité de percevoir des choses que d'autres ne voient pas. 

Je sens des fourmillements dans mes mains puis le sol face à moi devient noir, comme une flaque d'une substance abrasive et dangereuse qui se forme. Mes bras tremblent, mes oreilles sifflent. Il suffit que je regarde sur la gauche pour apercevoir Adriel, dans la même position que moi. Je ne sais pas pourquoi, la magie qu'il s'efforce d'utiliser me fait terriblement mal et cela ne semble pas lui être bénéfique. Il me semble épuisé mais il tient bon alors je ferai de même. Je ferme les yeux, me concentre puis bientôt, de la flaque apparaît une créature qui semble prendre forme. Je ne sais pas comment Adriel y parvient, mais je le laisse faire. Le Wealer qui prend vit paraît bien plus faible et petit que ceux que j'ai vu mais ça devrait faire l'affaire. 

La créature glisse dans la flaque avant de se mettre sur ses quatre pattes et de pousser un rugissement strident. Je me redresse, recule de quelques pas et me colle contre le mur arrondi au dessus duquel se tiennent les Elfes. Le Wealer semble affamé mais à peine fonce-t-il sur moi qu'il disparaît, il s'évapore et ne laisse derrière lui, que des traces noirâtres et de la poussière.