TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]

38 - Et Atya sombrera sous les Ténèbres PART II

Gabriel

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Selene s'est écroulée après s'être endormie par les pouvoirs de Dorius. Je l'ai rattrapé avant qu'elle ne frappe le sol. Aussitôt, je me penche, passe mon bras sous ses jambes et je la porte. Ensuite, je me tourne vers Dorius.

— Nous partons pour le port à l'Est, si tu vois une substance noirâtre ou quelque chose qui y ressemble, tu ne la touches surtout pas.

Dorius hoche la tête.

— Je ne fais pas ce que tu as fait à l'Arbre de Vie quoi, commente-t-il.

Je serre mes mâchoires, retrousse mes lèvres.

— Je vais faire comme si je n'avais rien entendu, soupiré-je.

Nous traversons la ferme et laissons le corps rongé par la mort du père de Selene sur son lit. Lorsque nous sortons à l'extérieur, le vent violent nous malmène. Je plisse les yeux et commence à avancer en direction des montagnes, Selene assoupie dans mes bras et Dorius à mes côtés. C'est comme lutter contre quelqu'un qui nous tire en arrière, le vent est violent, le tonnerre gronde si fort que le sol tremble et je peux voir, au loin, vers le village, que cette fameuse substance dont je parlais au Mage quelques minutes avant, commence à tout recouvrir. Comme un virus, elle se faufile partout, comme des racines, elle élit domicile sur les terres et dans la terre.

— Qu'est-il arrivé à Selene ? me demande Dorius à travers le vacarme de la tempête.

Moi, je me concentre sur ma trajectoire. Je suis épuisé et cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas senti si fatigué, mon bras encore meurtri par l'Arbre de Vie me fait souffrir, je tente simplement d'enterrer mes maux.

— Je n'ai pas envie de discuter, ce n'est pas le moment.

— C'est juste que Hoestrid m'a demandé d'en savoir plus sur ce qui lui était arrivé.

— Tu aides les Érudits maintenant ? m'étonné-je.

— Ai-je le choix ?

— Tu pourrais t'enfuir, je ne te retiens pas prisonnier.

— Tu me tuerais ou je mourrais en restant ici.

Il a raison.

— Pourquoi elle veut en savoir plus ? m'enquis-je.

Nous rejoignons tout juste les montagnes. Contrairement à Dorius, je ne me retourne pas toutes les deux minutes. J'affronte la tempête, j'ignore les tintements bruyants et menaçants du tonnerre ou bien ces nuages sombres qui recouvrent le ciel comme du poison.

— Elle m'a dit que quand Selene s'est réveillée, elle n'avait plus les yeux verts mais ça n'a duré qu'une fraction de seconde.

Je tente de fixer ma route en grimpant la colline qui se présente à nous comme un gigantesque et fatiguant obstacle mais ses propos m'interpellent.

— Ils étaient dorés d'après ses dires et elle m'a demandé si je savais ce qui peut provoquer ça.

— J'en sais foutrement rien, grogné-je.

— Mais c'est étrange, tu ne trouves pas ? Que lui est-il arrivé ?

— Ferme-la Dorius, tu ne sauras rien.

Je ne lui fais pas confiance. Hors de question que je lui révèle quoi que ce soit. Je jette un coup d'œil à Selene, sa tête repose contre mon épaule et ses yeux demeurent clos. Elle semble paisible. Pourtant, elle était anéantie par la perte si brutale de son paternel. Le Mage Noir a noyé Selene dans le fleuve de l'Arbre de Vie, je ne sais pas si cela a un lien mais je ne compte en parler à personne. Vernier nous l'avait expliqué, on ne touche pas l'Arbre, on ne boit pas l'eau de son fleuve, on ne se baigne pas dans le fleuve... c'est l'une des principales raisons pour lesquelles l'Arbre était autant surveillé.