TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]

32 - Emilius et Adriel

Trois cents ans auparavant, Emilius et Adriel se rencontraient pour la première fois. Dans un souhait de concevoir des alliances avec les Couronnes voisines. Le roi d'Atya, Franks De Vernillac, espérait voir le prince Adriel conquérir de nouvelles terres et faire perdurer l'avenir d'Atya. 

Son fils était, selon lui, l'essence même de l'avenir de son Royaume, par ses pouvoirs hors du commun. Adriel était un Mage de Septième Ordre, capable de manier chaque élément à la perfection. Il avait hérité de la magie de sa défunte génitrice et s'était entraîné toute son enfance pour parvenir à maîtriser son pouvoir sans aucune limite. 

En tant que prince, il se devait de montrer l'exemple et avec ses pouvoirs, les visiteurs étaient nombreux. Les bals organisés par le roi Franks étaient toujours attendus avec impatience. Les démonstrations de magie en faisaient pâlir plus d'un. 

Lorsqu'ils découvrirent qu'un autre homme était capable de telles capacités, le roi voulut absolument l'inviter dans son Royaume. Emilius De Bellever était héritier du roi du Royaume d'Eyos et à moitié Elfe. Son père gravement malade ne pouvait se déplacer chez la Couronne voisine mais Emilius fit honneur de sa présence lorsque le roi d'Atya l'invita sur ses Terres. 

Le but de cette alliance : lier deux Couronnes entre elles dans le but d'accroître le pouvoir et éventuellement, étendre le Royaume en éliminant ces créatures parasites qu'étaient les Wealers.

La particularité d'Emilius était son pouvoir, bien plus sombre que celui d'Adriel. Néanmoins, ensembles, ils purent guider des armées sur les champs de bataille brumeux et dangereux. Grâce aux Ténèbres d'Emilius et à la Lumière d'Adriel, les Wealers furent chassés avec aisance et Atya comme Eyos purent prospérer, s'agrandir et gagner en richesse. 

Avec tout ce temps passés ensemble, Emilius et Adriel éprouvèrent plus que de l'amitié l'un envers l'autre. Bien que leur amour était pur et que leur attirance était inévitable, parfois, leur tempérament opposé et leurs différences faisaient éclater des conflits. 

— Tu ne peux guère me demander de telles choses ! s'offusqua Adriel. 

Ils s'étaient rendus sur les falaises de Triary, là où la vue s'étendait à des kilomètres d'océan, avec, au loin, les Terres exotiques d'Eyos qu'on pouvait deviner en plissant les yeux. 

— Je ne comprends pas, je quitte mon Royaume pour rester auprès de toi mais toi... tu ne te sens pas capable de faire de même ? Mes Terres me manquent, Adriel.

— Et je ne t'ai jamais empêché de t'y rendre. 

Adriel lui tourna le dos pour contempler la magnifique vue qui s'offrait à lui. Le vent fouettait son visage pâle, ses cheveux blonds virevoltaient en rythme tandis qu'Emilius arborait un teint halé et des cheveux de jais, le visage accentué par ses oreilles en pointe. Ses yeux bleus perçaient tout ce qu'il regardait quand Adriel et ses yeux bruns intimidaient les plus vulnérables. Jamais il n'avait intimidé Emilius et c'était ce qui lui avait plu chez lui. L'attirance, la passion, l'amour, tout cela avait été inévitable pour les deux princes mais Adriel refoulait son amour bien plus facilement qu'Emilius qui, bien souvent dépassé par ses émotions, s'y perdait. 

— Tu te fiches de me savoir loin de toi ? J'ai tout donné pour aider ton Royaume, Adriel. Pourquoi agis-tu comme si je n'étais rien d'autre qu'un allié ? 

Adriel lui jeta un regard, Emilius gardait sa main sur le manche de son poignard rangé précautionneusement dans son étui autour de sa ceinture. Il était bel homme, grand, svelte. Il prenait soin de lui, et ne se cachait jamais derrière un masque, il assumait pleinement qui il était.