8 - Le pouvoir de la magie noire

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Gabriel

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J'ai beau avoir trente longues année derrière moi, j'ai beau avoir le sang d'un Mage Noir qui coule dans mes veines, je n'ai jamais utilisé de magie de mon plein gré. Si on oublie celle des Parias, transformer les métaux en des armes n'a jamais fait de moi un Mage.

Mon charme irrésistible lui, pourrait presque paraître surnaturel mais je sais que je ne le tiens pas de mon père, puisque dorénavant, je sais qui est mon père et le simple fait d'y penser me débecte.

Me voilà à tenter d'user d'une magie que je ne connais pas et au fond, je n'ai pas envie de l'utiliser, je n'ai pas envie de devenir un Mage. J'aurais pu la garder endormie en moi à jamais mais je dois voir Selene, j'ai failli ne plus jamais la revoir une fois et je sais que ça m'arrivera à nouveau, et peut-être pour toujours cette fois.

J'ai passé la nuit à tenter de faire sortir de moi cette foutue magie, en vain. J'ai réussi à faire léviter un objet le temps de quelques secondes avant qu'il ne se brise au sol et avec mon état général, forcer sur une partie de moi qui ne souhaite pas se réveiller, c'est éprouvant.

Alors que je garde mon bras tendu, tout muscles contractés, le vase vide qui flotte au dessus du sol devant moi est entouré d'une substance noire. Je suis censé utiliser toutes ces petites choses autour de moi pour ouvrir un Passage mais j'en suis tout bonnement incapable, pas en si peu de temps. J'ai tendance à toujours vouloir me surestimer et prouver que je suis capable de telle ou telle chose, alors qu'au fond, la seule magie qui m'habite, ce sont les ténèbres d'Emilius.


Mon bras se met à trembler, mes doigts se rétractent et alors, le vase explose au sol avec le reste des débris que j'ai causé. Je serre les mâchoires et donne un coup de pied dans le meuble en bois sculpté de la chambre. La porte de celui-ci s'enfonce et le juron que je pousse résonne tant je n'ai su contrôler ma voix sous le coup de la frustration.

Je redresse la porte du placard et lorsque je me relève, je fais face à mon reflet, cependant, ce n'est pas ma belle gueule que je vois dans le miroir, mais celle d'Emilius de Bellever.

- Si tu veux ouvrir un Passage, je peux t'aider, me souffle-t-il en reproduisant exactement les mêmes mouvements que moi.

Il est mon reflet. Littéralement.

- Si tu penses pouvoir ruser avec moi, tu te fourres le doigt dans l'œil, t'es mort, t'as aucun pouvoir et ce corps ne t'appartient pas.

Je vois son regard bleu devenir bien plus sombre. Je tourne le dos au miroir mais lorsque je souhaite avancer, je suis comme paralyser. N'étant plus maître de mes mouvements, c'est comme si quelqu'un utilisait mes jambes à ma place, je me retourne brusquement, m'avance et me cogne contre le meuble. Mes deux mains à plat sur le bois, mes doigts raclent ce dernier, des échardes s'y enfoncent. Je serre les dents, tous mes muscles se bandent, je tremble. Je relève les yeux vers mon reflet, son reflet.

- Ce corps m'appartient si je le décide.

Mes ongles raclent le bois, je serre les mâchoires et je reste coincé entre ses yeux vicieux. Je suis incapable de bouger, mes muscles sont tellement tendus que j'en ai des crampes atrocement douloureuses. J'aimerais pouvoir reprendre le contrôle, mais c'est comme une force invisible, une paralysie, une impuissance.

- Laisse-moi le contrôle et je te promets de te laisser la voir, insiste Emilius.

Je retrousse mes lèvres, la sensation que mon crâne va exploser. Mon cœur palpite, j'ai chaud, j'ai froid. Je serais presque à deux doigts de lui dire oui, juste pour la voir mais ce serait égoïste. Je sais que j'ai tendance à l'être, mais cette fois, ça couterait la vie à trop de monde.

TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]Where stories live. Discover now