11 - Toutes les femmes réagissent comme ça

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Gabriel


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Dormir à la belle étoile m'a toujours plu, notamment lorsque je me retrouvais seul, lors de certains contrats. J'aimais écouter le crépitement des flammes et regarder les étoiles sur un ciel dégagé. J'aime la solitude. Je crois. Même si mon comportement laisse penser le contraire puisque je passe la plupart de mes soirées auprès d'une femme à qui je donne tous les plaisirs. Je ne me vanterais pas mais il fut rare que mes conquêtes soient déçues de mes exploits en plein coït. En revanche, je l'admets, elles sont très souvent déçues par mon comportement. Je ne m'attache pas. Je ne revois jamais la même femme ou cela se fait rare.

Je n'ai pas envie de me marier et d'avoir des enfants, je n'ai pas envie de tomber amoureux et je crois même que je ne peux pas tomber amoureux.

Cette femme. Cette Érudit dont j'ai parlé à Selene et Fred, c'est une femme comme Aniyla, cette magnifique créature avec qui j'ai passé une torride nuit de sexe intensif. Néanmoins, cette Érudit est légèrement différente, je l'ai revu plusieurs fois. Nous nous entendions bien et au lit, nous étions en osmose. Mais je l'ai déçue, en partant un matin, sans plus lui donner signe de vie. Je l'ai croisée par hasard quelques mois plus tard et... comment dire... ce n'était pas les retrouvailles que j'espérais. C'est pourquoi lui demander de l'aide reste risqué.

Je ne dors pas ce soir, je regarde le ciel et ses étoiles, avec les nuances des branches de ces arbres si hauts que je me suis toujours dit depuis tout petit, qu'ils touchaient le ciel.

Je sais qu'il y en a une autre qui ne dort pas. Elle se tourne et se retourne sur sa couverture. Je l'entends soupirer et je crois même l'avoir entendue pleurer à un moment donné. Le ciel devient rose à mesure que le temps passe, bientôt, le soleil se lèvera et nous repartirons de plus belle, sur cette vieille calèche, en direction d'une Érudit enragée.

Je m'assois, replie mes jambes puis pose mes bras sur mes genoux. Le feu n'a plus de flammes, il y demeurent quelques braises ici et là. Petit à petit, la lumière du jour nous éclaire. Selene se redresse elle aussi, tout en se grattant les cheveux et grimaçant.

— Mauvaise nuit ?

Elle me jette un regard empreint de dédain puis se lève pour plier sa couverture sans daigner me répondre. Je hausse les sourcils puis détourne le regard. Je lui fais le même effet qu'à mes conquêtes et pourtant, elle, elle n'a jamais passé une nuit près de moi. À vrai dire, je ne suis pas fan des Non-Mages, je préfère largement toutes ces femmes magiques avec qui je ressens de l'énergie, c'est presque si je ne m'en nourrissais pas.

Lorsque Fred se réveille à son tour, nous voilà repartis de plus belle sur les routes. Nous ne passons pas par cette forêt infestée de monstres, de « Wealers » comme Fred et Selene les appellent. Les ânes sont moins rapides que des chevaux, alors il nous faudra une journée entière pour rejoindre la cité d'Estéria, là où vivent la plupart des Érudits.

C'est une cité construite tout en hauteur, sur une plaine puis des falaises. De loin, c'est toujours impressionnant car les lumières de leurs demeures brillent de milles feux. Là-bas, la nourriture est exquise, l'alcool est peu cher et très fort et les auberges plutôt accueillantes. Ça tombe bien car Hoestrid est propriétaire de l'une d'entre elles. La plus grande de toutes, qui se trouve au centre de la cité.

Nous traversons les rues avec nos ânes et sommes donc dévisagés par les citoyens encore dehors à cette heure ci. La plupart du temps, les gens se baladent à pieds ou avec des chevaux. Les ânes restent dans les campagnes. Enfin, je préfère ignorer leurs regards et garder mon foulard sur le nez. Il empeste la bave de Wealer, il est temps que je prenne un bain et que mes vêtements soient lavés.

TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]Where stories live. Discover now