Et si c'était écrit ? || Charles Leclerc

Chapitre 34

Je ne peux pas le laisser dans cet état. Je grimpe à l'étage et vois Charles en train de faire les cent pas dans la pièce. Il s'arrache les cheveux et marmonne des choses inaudibles.

« Charles... »

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Je m'approche de lui et pose ma main sur son épaule. Il la retire violemment, au point de me blesser. Lorsqu'il tourne enfin sa tête vers moi, son regard est rempli de colère, de tristesse mais d'une noirceur indescriptible. C'est la première fois qu'il me regarde de cette manière. Comme s'il me haïssait ? Est-ce le cas ? Est-ce qu'il me déteste ?

« Dégage.

- Charles, je comprends, tu es en colère et...

- NON ! Non tu ne comprends pas ! Tout ça, là... Tout ça, c'est entièrement ta faute, Sofia. »

Il pointe son doigt vers moi et une larme roule rapidement sur ma joue.

« Tu gâches mes courses ! Dès que tu es dans les parages, je perds mes moyens ! Tu ne te rends pas compte que si je fais de la merde, c'est ta faute ? Ah bah non, mademoiselle Bianchi est trop préoccupée par son frère qui est mort, putain ! Mais est-ce que tu as pensé à moi en revenant ici, hein ? Est-ce que dans ta petite tête tu as pensé à ce que je pouvais ressentir ? J'essaie d'être meilleur pour toi, mais tout ce que j'arrive à faire, c'est d'être mauvais ! Tu gâches ma vie ! »

Non... Il n'a pas pu dire ça... Mon monde s'écroule. Il me déteste. Et il me l'a très bien fait comprendre à travers ses mots aussi crus les uns que les autres. Je n'ai pas la force de dire quoique ce soit. Mais je sais qu'il ne le pense pas. Il dit ça sous le coup de la colère, je le sais. Ce qu'il dit, c'est tout un tas de connerie. Il me lance un regard noir et me bouscule d'un coup d'épaule avant de descendre, me laissant seule à l'étage.

Ses mots tournent dans ma tête pendant de longues minutes. J'ai la tête dure, mais la tristesse prend le dessus, très rapidement. Je viens de le détruire, sans même le vouloir... Il n'a jamais voulu que je revienne. Et maintenant, je me demande si c'est une bonne idée d'être retournée là où tout a commencé...

« Sofia ? »

Je sèche mes larmes lorsque Fred pose sa main sur mon épaule. Je ne veux pas qu'il apprenne ce que vient de dire Charles. Il en est hors de question. Alors je fais profil bas, et affiche mon meilleur sourire lorsque ses yeux se posent sur moi.

« Les commissaires veulent voir Charles pour l'incident avec Norris... Tu viens ? »

Je hoche la tête en guise de réponse. Je n'ai pas la force de dire quoique ce soit. J'ai comme une boule coincée dans la gorge. Et si je dis quelque chose, je sais pertinemment que je vais éclater en sanglot. Je dois me ressaisir et vite. Je suis bien plus forte que ça.

Je resserre ma queue de cheval, puis Fred et moi sortons du motor-home pour nous diriger dans le bâtiment où sont les commissaires. Je suis persuadée que Charles va avoir une pénalité. Pourtant, ce n'est pas sa faute. Il ne savait même pas que Lando était derrière lui. Si Xavi lui avait informé la présence de pilote, c'est certain que Charles n'aurait pas commis cette erreur, je le sais.

Nous pénétrons dans le bâtiment, et immédiatement mon cœur se serre en voyant Charles dans le hall, le visage fermé par la colère. Fred lui tapote le dos et lui affirme de ne pas faire de vague. Le pilote ne répond pas et se contente simplement de hausser les épaules. Comme je m'y attendais, il ne me prête aucun regard.

« Vous me suivez s'il vous plait. » Affirme l'un des commissaires.

Nous entrons dans une salle de réunion, et immédiatement Charles, Fred et moi, nous nous asseyons autour d'une table, dévisagés par les commissaires présents dans la pièce. Ils parlent directement de l'incident entre Norris et lui dans le tunnel, lors de la Q3. Je regarde Charles du coin de l'œil, et je constate que sa jambe tremble et que ses poings sont légèrement serrés. J'ai envie de le rassurer, mais j'ai bien peur qu'il me rejette. Et ce n'est pas le moment de faire un scandale.