52 - Mal de crâne

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Andromède


Icare n'était toujours pas là. J'étais seule au café et j'attendais désespérément mon ami depuis quelques minutes. Est-ce que même lui allait commencer à me faire fausse route ? Je me sentais seule, et tellement, tellement triste. J'avais passé un nuit épouvantable. J'avais croisé Ophélia à la sortie des cours la vieille, elle était avec Sam et elle ne m'avait pas vue. Je n'attendais pas grand-chose, mais un simple regard aurait suffit. À me faire sentir exister un peu.

Je gribouillais sans inspiration sur une page que j'emplissais sans faire exprès de noir, buvant mon verre d'eau en attendant. J'allais finir par me faire virer si Icare ne venait pas commander son café, comme je ne prenais jamais rien. J'en avais franchement assez d'attendre après tout le monde, d'attendre qu'on me sourie, d'attendre qu'on vienne me rejoindre aux rendez-vous, d'attendre qu'on m'aime un peu. Je vis le serveur me jeter de plus en plus de regards, et, honteuse, je décidais que je n'allais pas attendre qu'il me jette dehors. Je remballai mes stylos bics et mon carnet et me remmitouflai dans mon gros pull, avant de me jeter moi-même dehors.

La tristesse avait laissé place à une sorte de haine envers le monde. Pourquoi étais-je toujours là pour tout le monde et, après, personne n'était là pour moi. J'eus soudain une pensée pour Tom. Bien sûr qu'il était toujours là lui. Mais il répondait rarement à cette heure de la matinée, et je ne voulais pas le déranger. Je me sentis alors bête d'en vouloir à tous alors que je n'étais pas vraiment seule. Mais je me sentais seule. Ce sentiment est-il légitime tandis que des gens sur cette terre vous aiment encore et ne voudraient jamais que vous le ressentiez ? Et pourtant ils ne sont pas à vos côtés...

Tant de contradictions me faisaient mal au crâne, et je n'avais qu'une envie : que mon cerveau cesse de réfléchir. Je me dirigeai vers le lycée, sachant déjà que mon prochain cours n'allait pas être facile.

Et c'est en passant le portail, tremblante, qu'une voix guillerette m'interpella. « Pitié. C'est vraiment pas le moment. » songeai-je tandis que mes ongles s'enfonçaient dans mes paumes.

Un visage rougi aux cheveux blonds plus emmêlés que jamais s'imposa à ma vue.

- Andromède ! Andromède, je suis si désolé, vraiment, mon réveil n'a pas sonné. Je me suis couché tard et en fait j'ai pas mis le réveil à la bonne heure, en plus j'ai dû éviter pas mal d'embûches ce matin et j'ai même pas déjeuné, j'ai à peine trouver de quoi me saper et...

- T'aurais au moins pu prévenir, le coupai-je en continuant mon chemin sans croiser ses yeux. Mais c'est bon, c'est pas grave.

Il marchait à reculons pour rester face à moi, bousculant sans s'excuser les lycéens qui passaient sur notre chemin. Mes yeux ne se posèrent que sur son grand pull, trois fois trop grand pour lui, noir avec une tête de mort dessus.

- T'as eu ça où ? Lançais-je en fronçant les sourcils.

- Oh, ça, c'est à euh... ah oui, Nicolas, tu sais, le frère d'Oph'. En fait j'ai dormi là-b...

- T'as dormi chez Ophélia ? Questionnai-je en m'arrêtant brusquement, ne faisant à mon tour plus attention aux gens derrière moi.

Mes sens se brouillèrent soudain, ou alors mon cerveau les avait mis en arrêt pour me protéger du monde. Je ne discernais que la main d'Icare se plongeant nerveusement dans l'arrière de ses cheveux, et ses lèvres bouger sans que je ne puisse en extraire quoique ce soit.

Et puis, comme souvent, je pris la fuite.


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SMS de Tom à Andromède 17:43
Bonjour ! Tu as passé une bonne journée ?

SMS de Tom à Andromède 22:13
Je ne devrais peut-être pas m'inquiéter de ton absence de réponse mais c'est le cas...

SMS de Andromède à Tom 22:35
Désolée de ne pas avoir répondu. Pas une très bonne journée, non.
Je vais aller me coucher, ça ira mieux. Merci d'être là

SMS de Tom à Andromède 22:40
Ric vient de me raconter. Laisse-leur une petite chance.. ?
Si tu as besoin de quoique ce soit je suis là, avec plaisir


CollisionsWhere stories live. Discover now