50 - Les rideaux oranges

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Ric


Pourquoi avait-il fallu que je perde mon vélo à deux reprises ? Ça coûte hyper cher ces trucs alors mes parents n'avaient plus jamais voulu m'en racheter.

Je sillonnais la ville sur un mini vélo jaune à paillettes qui appartenait à ma petite sœur, en cherchant à me remémorer où pouvait bien habiter ma douce amie. Un plan de dingue, auquel je n'avais en fait pas réfléchi...Mais j'étais sûr que j'allais le trouver une fois devant chez Ophélia.

Au bout de plusieurs litres de sueur et de dizaines de crampes dans tout le corps, je retrouvai la maison couleur crème aux volets bleus. Il y avait de grandes chances pour que ce soit celle là, mais mon sens de l'orientation terrestre étant plus que déplorable, je priais pour ne pas me tromper. Je posais délicatement mon pire ennemi le mini-vélo sur le côté droit de la maison, en m'exaltant du fait qu'il n'y avait pas de clôture (prenez-en de la graine, cela aurait énormément facilité ma vie dans certaines circonstances - que je ne pourrais bien sûr dévoiler...). J'observai alors les fenêtres de l'étage et vis des rideaux bleus : parfait, la couleur préférée de mon amie. Elle n'avait même pas fermé les volets de sa chambre, tout était parfait. Mais comme mon plan n'était pas encore tout à fait au point, je décidai de m'inspirer des plus grands films romantiques, et me mis à chercher des graviers pour les balancer sur le carreau afin d'attirer son attention. Bien sûr, c'était la seule maison de la ville qui n'avait pas de graviers, ni un seul pauvre caillou (non, la perfection n'existait vraisemblablement pas, j'aurais dû m'y attendre). Je me vis donc contraint de jeter des bâtons de diverses tailles, à divers endroits car j'étais nul au tir au bâton... Qu'est-ce que j'aurais aimé avoir à mes côtés la précision de Tom et l'ingéniosité d'Andromède, là, tout de suite. Mais bon bien sûr, c'était toujours pas un film, et je n'avais ni acolyte ni une once de perspicacité, car, mon cœur fit un bond de joie en voyant la fenêtre s'ouvrir, mais, se retourna aussitôt en voyant une touffe brune en sortir. J'espérais qu'Ophélia avait changé de couleur de cheveux, même si ça m'aurait mis dans l'obligation de lui dire que c'était une très mauvaise idée. Au lieu de ça, une voix des enfers avec des yeux aussi petits que cernés tonna :

- Mais ça va pas de réveiller les gens à cette heure-ci ? Pauvre con, t'es qui en fait ? Rentre de suite chez ta mère ou j'appelle les flics !

- Non, non, non, vous vous méprenez chère madame, rétorquai-je sans une once de peur et en cherchant dans mes souvenirs ce qui avait pu faire que tout avait mal tourné. Je suis Ric, un ami de...

- Mais j'en ai rien à faire en fait, tu vas te casser sur. le. champ.

Et un éclair de génie ressurgit de mon cerveau.

- Véronica ! Lançai-je fier de moi alors que la fille me regardait d'un air incrédule. Je suis là pour Ophélia, s'il te plaît, ne m'en veux pas, je m'excuse mille fois je me suis trompée de fenêtre, c'est une urgence.

- D'où tu connais mon nom et ma sœur toi, sale dérangé ! Je te jure si...

- Je suis là à propos d'Andromède, s'il te plaît, laisse-moi parler à ta sœur je t'en supplie.

Étonné de voir son visage s'adoucir un peu et qu'elle n'ait toujours pas réveillé toute la maisonnée, je la vis fermer la fenêtre. Elle m'avait juste abandonné à mon sort. Je me trouvai déjà chanceux d'avoir évité l'appel à la police, même si je ne pouvais pas vraiment en être certain. Mais fatigué comme je l'étais, il n'y avait aucune chance pour que je puisse remonter sur ce foutu vélo. Je m'allongeai dans l'herbe pour me reposer une dernière fois avant de partir à la recherche d'un banc, d'un tas de feuilles, ou d'un trottoir confortable pour m'assoupir.

CollisionsWhere stories live. Discover now