1 - Major Tom

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Andromède

C'était dur de remettre les pieds au lycée après deux semaines d'espoirs transcendés. J'avais peur de revoir tout ce monde, de recommencer encore, de faire des efforts invisibles. Parce que tout est normal pour tout le monde ici. Mais pas pour moi. Ce n'est pas naturel de parler aux gens, de savoir quoi répondre quand on me parle, de lever ma main moite en cours...

«Hey Major Tom!!» Une voix comme une bouffée d'air pur après de longues minutes sous l'eau me sortit de mon engourdissement d'anxiété. Je me retournai pour la voir. Ses magnifiques boucles d'un blond vénitien courraient derrière elle dans le couloir. Un garçon au loin réagit à son interpellation et semblait manquer d'air lui aussi. Il parlait avec quelqu'un d'autre et s'était arrêté avant la fin de sa phrase. Il mit en congé son camarade et s'approcha à pas hésitants vers sa future interlocutrice. Je ne les entendais pas, leurs voix ne portaient pas jusqu'à moi. Il avait l'air triste. Mais qu'elle était belle. Je pense qu'il ne voyait que ça lui aussi. C'est sûrement pour cette raison qu'il s'énerva. Il tourna soudain les talons et la laissa bras ballants au milieu du couloir. Si seulement je pouvais lire dans ses pensées...

Aussitôt sa stupeur envolée, elle fit volte face. Elle avait l'air si sereine à présent.

Mes tripes se broyèrent tout à coup; nos regards avaient failli se croiser, elle m'avait vue la regarder. Heureusement que j'avais tourné le regard avant de perdre la vue... Elle avait du sentir que quelqu'un la fixait depuis plusieurs minutes, mais elle m'avait faite m'oublier pendant tout ce temps... alors je n'avais pas remarqué que je bloquais sur elle. Soudain la porte de ma salle s'ouvrit et je ne réfléchis pas une seconde avant de m'y échapper et de me faire oublier par ce soleil ambulant.

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Pdv externe

« - Hey Major Tom!! »

Celui-ci discutait avec son ami dans le couloir du lycée lorsque cet appel électrique qu'il reconnu très bien l'interrompit en pleine phrase. En se retournant, il rétorqua :

- Je t'ai dit de ne pas m'appeler comme ça, ça ne veut rien dir...

Nouvelle interruption venue de la jeune fille qui semblait trôner à un pas de lui. Les organes du garçon bouillirent, mis à combustion par deux grands yeux verts traversants qui lui déversèrent des paroles comme des larmes.

- Écoute, je suis désolée pour l'autre nuit, tu sais, je n'avais pas les idées claires.

Le souvenir de ses mots se mis à pleuvoir sur ses fumées intérieures, il inspira une grande bouffée d'air afin de pouvoir riposter :

- Tu n'as jamais les idées claires Ophélia.

- Tu sais très bien que c'est faux... je ne comprends pas pourquoi tu prends ça tellement à cœur, c'était pour rigoler avec Sarah, je me suis excusée, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ? demanda-t-elle de ses yeux au bleu-vert troublé.

- Tu ne comprends rien à rien, comme d'habitude. Sur quelle planète tu vis... soupira le dénommé Tom.

Une lueur d'amusement passa sur le visage d'Ophélia et elle esquissa un sourire en coin sur ses lèvres qui répondirent avec un air taquin :

- À vous de me le dire Major.

- Arrête. répondit autoritairement le jeune homme qui ne semblait lui pas le moins amusé du monde par ses plaisanteries. Arrête ce cirque je ne le supporte plus, je supporte plus ta désinvolture, tes cabrioles,... toi en fait. Ce serait mieux d'éviter de se voir.

- On est dans le même groupe de potes Tom... commença-t-elle les épaules baissées au contraire de son sourcil gauche.

- Tais-toi Ophélia, c'est quoi ton problème? s'énerva-t-il tout à coup.

- Hey je sais pas, je comprends rien, je sais pas ce que tu me dis, pourquoi tu es en colère, pourquoi tu veux me laisser maintenant après tout ça... débita-t-elle désorientée.

- Justement. Après tout ça, rétorqua-t-il gravement. Tu me mènes en bateau depuis des semaines, tu m'aimes et la seconde d'après tu coures vers quelqu'un d'autre. Après que tu m'aies embrassé je croyais que ça changerait quelque chose... Mais ça voulait rien dire pour toi. Désolé mais là j'en peux plus.

Il partit brusquement.

« Il reviendra je le sais. Comment il pourrait vivre sans moi, il pourra pas non. J'ai encore fait la conne, il a raison je comprends rien. Je m'en remettrai ou il reviendra et tout sera comme ça l'a toujours été. Peu importe. Ça n'a pas d'importance. »

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Ric

C'était une très belle journée qui s'annonçait dès ce matin. Mes écouteurs dans les oreilles mimant un solo de guitare avec ma bouche, je croisai mon grand ami, le vaillant Tom en montant les escaliers menant à mon premier cours de la matinée. J'abordai sa tignasse châtain et ses yeux noirs avec un grand sourire.

- Hey Major Tom com... commençai-je, d'abord enjoué.

- Non, non, non. C'est pas le moment Ric, m'appelle plus jamais comme ça c'est compris ? Dit-il d'un air super-énervé.

- Bonjour, oui je vais bien, j'ai fabuleusement bien dormi et toi ? rétorquai-je jaunement.

- Sérieux c'est quoi votre problème à tous.

- Wow wow wow calme mec, une fille t'a fait du tracas et tu pensais l'oublier en voyant ma splendeur ? Excuse-moi de ne pas être à la hauteur ! J'ai pourtant mis quelques minutes à me coiffer ce matin et...

- Écoute c'est pas toi... arrête juste avec ce surnom débile qui vient de je ne sais où parce qu'il me rend fou.

- Elle te rend fou tu veux dire ? Lui exprimai-je avec mon sourire malicieux. Ooophéliaaa, chantonnai-je pour le taquiner.

-Ric...

Une lanterne s'alluma dans ma tête et deux neurones se connectèrent, entraînant mon euphorie.

-WOW attends ça signifie qu'Oph' te donne le même surnom que moi et tu n'as jamais daigné me le dire.

- Pas le moment je t'ai dit.

- Je dois la rencontrer! m'enthousiasmai-je.

- RIC PUTAIN !

- Oups désolé je suis vraiment trop con parfois, me rendais-je compte en émergeant de mon délire. Engueule-moi encore... vas-y tu peux me frapper désolé mon cerveau avance plus vite que mes émotions.

J'étais sincèrement désolé, je pense que ça s'est vu quand même, non ?

- Ça ira, merci, dit-il d'un ton toujours dépité.

- Ok alors j'te paie un chocolat chaud viennois supplément chantilly au Marty's.

- On a maths là... se découragea-t-il.

- Et alors?

Le premier sourire de la matinée fleurit sur son visage et ses yeux pétillèrent.

Décidément j'étais le meilleur ami du monde.

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