49 - Mission inspecteur gadget

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Ric

Quand Andromède m'avoua ses jours de tristesses qui dataient de quand on ne se voyait plus, je m'en voulus. J'étais pas le seul à souffrir de ça et au lieu de s'épauler mutuellement, je m'étais enfermé tout seul. Faut dire que quand j'avais compris qu'Ophélia ne resterait pas avec nous non plus, j'avais fui, directement, comme elle. J'avais peur de me retrouver avec Andromède et de ne pas savoir comment agir... J'étais le moins doué de nous tous pour lui parler. Normalement c'était Ophélia sa meilleure amie et Tom son confident, moi j'étais qu'un clown qui essayait de la distraire, mais pas tout le temps de la comprendre.

Il fallait toujours que ça me vienne en plein la figure pour que j'y pipe quelque chose. Je m'en voulais de l'avoir laissée seule et d'avoir été aussi lâche. À présent on avait repris les rendez-vous café tous les deux. On envoyait toujours des invitations à Ophélia auxquelles elle répondait vaguement une excuse, avec pourtant toujours un air désolé. Elle avait des cours de danse en plus de ceux de d'habitude, elle avait une représentation importante bientôt, et elle devait beaucoup s'entraîner. Cela ne lui laissait apparemment pas beaucoup de temps pour nous. On avait quand même réussi à avoir Tom quelques fois en appel, mais la plupart du temps c'était nous deux. J'appréciais énormément sa présence, bien que j'avais beaucoup de stress au début. J'avais peur qu'elle s'ennuie avec moi. Et bien j'ai appris qu'Andromède est inennuyable. J'étais venu les premières fois avec toujours plein de sujets de conversations, d'idées, de fanfaronnades. Et puis ça c'était estompé au fil des jours et je voyais que ça lui allait très bien aussi. On pouvait passer ce quart d'heure à rire, à se raconter des choses, ou bien à ne pas parler et simplement faire nos activités chacun dans son coin. Elle suivait mes actualités lectures et elle m'écoutait râler sur les personnages. En y pensant, on aurait plutôt dit deux mémés qui se retrouvaient pour le thé, que deux adolescent en pause café. Mais on aimait bien ça, ça nous faisait un repos revigorant pour le reste de la journée.

Comme elle s'était rapprochée de Léa, qui était dans mon groupe d'amis, elle se joignait souvent à nous après manger le midi, et ça ne pouvait pas me faire plus plaisir.

Mais c'était un autre monde. C'était plus pareil. Et Ophélia était très loin à présent, plus que Tom. Je crois que ça faisait énormément de mal à Andromède, plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre.

À chaque fois que le prénom d'Ophélia apparaissait dans une conversation, elle le chassait à grands coups de sabots pour nous mener vers autre chose. Moi aussi, j'avais failli perdre tout espoir, mais la différence entre Andromède et moi c'est que je suis une vraie tête de mule, et que je me fiche de savoir si les autres me supportent ou pas. Ophélia avait choisi un jour d'être amie avec moi, elle devrait vivre avec ce choix toute sa vie.

_____

Un soir où j'étais au téléphone avec Tom, il m'avait parlé de l'échange de sms qu'il avait eu avec Andromède, à propos de moi. Je me suis rendu compte que c'était toujours lui qui tirait les ficelles dans l'ombre, même à tellement de kilomètres loin de nous.

- Mais alors, si c'est toi qui as tout réglé entre Andromède et moi, parle-lui pour Ophélia, je t'en supplie, je sais pas quoi faire, elle évite le sujet à tout prix, je sais pas pourquoi elle a eu le courage de me récupérer moi et pas Ophélia... me plaignais-je.

- C'est pas pareil, elles ont pas la même relation toutes les deux. Andromède elle a peur de pas être assez bien pour elle, alors que pour toi y a pas ce problème, tout le monde est assez bien à côté de toi, avait-il ricané.

- Pfff, je ne vais pas relever cette pique, nous sommes dans un sujet sérieux.

- Du coup elle pourra pas se pointer devant Ophélia et la supplier de lui reparler, puisqu'elle pense qu'elle n'en vaut pas la peine...

- QUE NENNI !

- Ouais, comme tu dis. Le problème c'est qu'Ophélia non plus va pas aller vers elle pour ses propres raisons...

- C'est quoi ses propres raisons, c'est quoi c'est quoi ? Trépignais-je.

- Hého calmos, soupira Tom. Tu remarques vraiment rien toi.

- QUOI ? J'aurais du remarquer quoi ??

- Laisse tomber, je peux pas t'expliquer, c'est pas mes affaires.

- Ouais ouais tu dis ça mais c'est toi qui sait tout sur nous, plus que nous-même d'ailleurs... Tu fais flipper, Tom.

- Ouais, je sais, je sais. Bon alors camarade Ric, j'ai une proposition.

- Toujours là pour les missions.

- Tu parles à Ophélia. Tu inventes un truc ou tu te jettes sur elle comme tu veux, mais dis-lui de revenir. Moi je m'occupe d'Andromède.

- Maaaais, pourquoi c'est toujours à moi que reviennent les sales besognes ?

- Parce que ça fait des semaines que tu traînes avec Andromède et que rien n'a encore bougé, triple idiot.

- Pas faux. Bon j'accepte la « mission inspecteur gadget ».

- C'est la « mission Ophélia » pas la « mission inspecteur gadget » bouffon, quel est le rapport ?

- Je sais pas j'ai toujours eu envie de faire inspecteur gadget.

- Si seulement on pouvait être dans inspecteur gadget, que ce téléphone t'explose dans les mains...

- Mais ça va ça lui fait jamais rien dans le dessin animé quand ça explose sur lui.

- Oui parce que c'est un DESSIN ANIMÉ RIC.

Puis il m'avait raccroché au nez. Non mais vraiment aucun respect celui-là parfois.

Il était 23h12 et on était mardi. Mon heure de dormir était largement passée et je n'aurais pas mes dix heures de sommeil, alors en me disant que je pourrais au moins en avoir huit, je me suis dit que j'attendrai le lendemain pour trouver un plan.

Mais c'était sans compter mon foutu cerveau qui bouillonnait. Comment on peut les éteindre ces fichues machines ? Je tournais et retournais dans mon lit, cherchant le sommeil qui était sans cesse interrompu par des idées toutes plus débiles les unes que les autres. Je regardai mon réveil : 1h43. C'était foutu. Mes huit heures de sommeil, envolées dans les airs. J'enrageai. Perdu pour perdu, j'allais agir maintenant. Le beau Roméo allait retrouver sa Juliette. Ou un truc du style.

CollisionsWhere stories live. Discover now