Chapitre 93

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Depuis le début de l'année, j'ai l'impression de faire tout de travers : la relation que j'entretiens avec mes parents se dégrade de jour en jour, je me suis disputée avec mon meilleur ami, j'évite mes amis, et je me suis séparée de la seule personne qui comptais le plus pour moi... J'ai l'impression que je vis dans un cauchemar et que, lorsque je vais me réveiller, ce sera le jour de la rentrée, et tout ira bien. Sauf qu'on est dans tout, sauf dans un cauchemar, et ça, on l'appelle plus communément « la réalité ». Je sais que je n'ai aidée personne au début : je rejetais la faute sur ma mère, je détestais mon père et je cachais ça à mon petit copain, qui faisait tout pour m'aider... et maintenant que je suis seule face au karma, je me dis que je suis vraiment la pire fille au monde. J'ai été si égoïste que je n'ai pas pensé aux autres, à ce qu'ils pouvaient ressentir : ce n'est pas la faute de maman si elle s'est faites trompée par mon père, ce n'est pas la faute de papa si il se dispute avec maman par rapport à ce qui se passe à la maison. Ce n'est pas la faute d'Alexy si je ne lui raconte rien de ce que je vis en ce moment, et ce n'est pas de la faute d'Armin si je suis horrible avec lui. Non, tout ça, c'est ma faute. Parce que je suis là, entre eux tous, et que je n'ai pas assez d'épaule pour pouvoir faire face à tout ça. Maintenant que je suis seule, je me dis que j'aurai sûrement du dire la vérité à mes parents : que je suis malheureuse en ce moment, que j'ai l'impression d'être un poids pour tout le monde, que je me déteste d'être ainsi. J'aimerai tellement rendre mes parents et mes amis fiers de moi, et en ce moment, rien ne se passe comme prévu.

- Je m'en veux tellement...

Je baisse la tête, m'emmitouflant dans le sweat qu'Armin avait laissé une fois à la maison, et avance je ne sais où. Je marche donc au hasard et, quand je relève enfin la tête au bout de quoi, une bonne demie-heure, je me retrouve devant la maison d'Ambre. Mais qu'est ce que je fous ici, au juste ? C'est vrai que, dernièrement, Ambre a été très sympathique avec moi, mais ça ne veut pas dire qu'on est les meilleures amies du monde. Pour autant, je reste plantée devant chez elle au moins dix bonnes minutes. Ses parents ne sont pas là, il n'y a aucune voiture. Et puis, qu'est ce que j'attends ici ? Qu'elle me remarque ? Je suis vraiment une idiote. Je virevolte et m'apprête à m'en aller, quand le portail s'ouvre.

- Cassandre ?

Surprise, je sursaute et me tourne vers Ambre, qui est déjà en pyjama. Gênée, je me frotte les cheveux en lui faisant un sourire méga gêné.

- Ambre ! Si je m'attendais à te voir...

- Bah, je suis chez moi, donc normal..

- Oui, je sais mais, je disais juste... Rho, laisse tomber va. On se voit en cours.

Je lui fais un faible signe de la main et m'apprête à repartir, quand elle m'interpelle :

- Cassie.

Je me tourne, surprise, tandis que c'est à son tour d'être gênée.

- Tu euh... Mes parents ne sont pas là, est ce que tu veux... rentrer un peu ? Tu dois avoir froid, et...

Je suis surprise de voir Ambre me parler ainsi, comme si elle avait peur de ma réponse. Je me retourne, le rouge aux joues, et hoche silencieusement la tête.

- D'accord.

Je m'aventure donc chez elle, et lorsque nous rentrons, j'ai un frisson : cette maison ne me rappelle pas de très bons souvenirs et pourtant, je m'y sens beaucoup mieux accueillie que mon vrai chez-moi.

- J'ai préparé du thé. Tu en veux ?

- Oh euh... Oui je veux bien, merci.

Je me déchausse et suis Ambre dans la cuisine. Elle prépare deux tasses de thé et m'indique des gâteaux. Pourtant, intimidée, je reste debout et regarde un peu la maison : rien à changé, elle est toujours pareille. Elle est toujours grande, respire le luxe à plein nez, et surtout elle est toujours peu accueillante mais, bizarrement, ce soir là, elle l'est plus que d'habitude. Je m'y sens vraiment comme chez moi.

MON GEEK AUX CHEVEUX ÉBÈNE - L'INTÉGRALEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant