Chapitre 12

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- Cassie ! Attends !

Je ne me retourne pas, complètement exaspérée. Je n'ai vraiment pas envie de lui parler, et de plus mon bus ne va pas tarder. Je me sens tout à coup basculé en arrière, quelque chose empoignant mon bras. Je tourne ma tête, excédée, et croise les yeux bleu d'Armin. Je reste un moment statique, ma respiration devenant courte. Ses yeux me font toujours l'effet d'une bombe dans mon cœur ; si jamais un sentiment autre que la bonne humeur et la malice passe dans ses yeux, mon corps implose. C'est vraiment bizarre, comme s'il fallait qu'Armin soit là pour que je me sente bien. Pourtant, mon regard est empli de colère, et lui d'incompréhension.

- Lâche moi, Armin.
- Pas avant qu'on n'arrange cette histoire.
- Quelle histoire ? Faut que je rentre chez moi, je n'ai pas que ça a faire de traîner dans les rues !

Je suis agacée et ça s'entends. Je crois que je vais le gifler si ça continue ainsi ; j'ai besoin de me poser, et j'ai pas envie qu'Armin me casse les couilles. Je ne suis plus une enfant, et il n'y a pas besoin d'arranger l'histoire : il ne voulait pas qu'on révise ensemble, et bien soit ! Qu'il reste avec ses jeux vidéos, moi j'ai pas que ça à faire de courir après un gars comme lui. Et puis, j'ai envie de me faire d'autres amis, et Armin ne le comprend pas, à ce que je vois.

- Cassie, c'est un malentendu. Pour les révisions, je-
- J'ai compris, alors t'en fais pas. Je m'en fiche.

Pourtant ma voix en dit autrement ; je me retiens de verser quelques larmes. Pourquoi ? Je m'en fiche, vraiment ! Je suis en colère mais je m'en fou, il fait sa vie. Je le connais pas, après tout. Je sais jusque c'est un geek qui a un frère jumeau. Je ne dois pas être atteinte pour si peu. Si je montre ma sensibilité, il va sûrement se moquer de moi. J'ai appris à être forte au collège, et c'est pas lui qui va briser cette barrière que je me suis forgée : personne ne peut m'atteindre si je m'en contre fou de cette personne. Mais pourquoi avec lui c'est différent ? Pourquoi j'ai l'impression que cette barrière peut se détruire à tout moment rien qu'avec les gestes, les paroles ou même lorsqu'il me regarde. Tout ce temps à paraître forte qui se détruise en petit feu à cause d'un seul et même être : Armin.

- Non, tu t'en fiches pas. Sinon tu te serais pas énervée. Cassie, j'ai mal dit les choses. Je...

Je détourne la tête, ne voulant en entendre plus. Je sais que si j'apprends la vérité, je vais me sentir mal, et je vais vraiment finir par pleurer.

- Laisse moi, putain !
- Cassie- !

Il m'oblige à tourner la tête avec son autre main, et ses yeux croisent les miens, encore une fois. Une lueur de tristesse passe dans ses yeux, et les miens se remplissent de larmes.

- Armin, fou moi la paix. Juste aujourd'hui, j'ai pas envie de te parler, je veux juste rentrer chez moi. J'ai besoin d'être seule...
- ...

Il n'a pas l'air de vouloir me lâcher, et je sens son corps se rapprocher du mien. Bientôt il sèche mes larmes, et pose sa tête sur la mienne. Ses cheveux me chatouille le visage, et je peux sentir l'odeur de son après shampoing : ça sent le bois. Ses bras m'entourent doucement, puis me sert, et je ne peux m'empêcher de faire pareil, serrant sa veste mauve dans mes mains. Si le monde peut s'arrêter de tourner, je crois que je m'en ficherais complètement. Si la chaleur du corps des garçons me paraissent toutes si différentes, celle d'Armin reste ma préférée. Je ressens ce contact si fragile et si fort à la fois, comme si personne d'autre ne pouvait arracher notre corps contre l'autre que nous. Si le monde s'arrête de tourner, je me sentirais toujours vivante dans les bras d'Armin, c'est un fait ; il me rend différente dans tout les sens du termes. Et je ne pourrais jamais vraiment le détester, car il fait parti de mon être depuis qu'il m'a pris mes Petit prince.
Sa main sur ma nuque, il relève doucement ma tête, et je sens son nez contre le mien, sa respiration tapant sur mes lèvres. Mes joues s'empourprent du même teins rougeâtre que lui, et bientôt son regard océan vient s'engouffrer dans les miens. Est ce que j'ai déjà dit que ses yeux sont magnifiques ? Dans cet air froid du Samedi soir, mon corps est plus chaud que jamais. Je m'en fiche des gens qui nous regarde, en cet instant le seul qui compte à mes yeux c'est Armin.
Son visage se pose contre le mien et ses lèvres ne vont pas tarder à se coller contre les miennes. Je me hisse sur la pointe des pieds pour mieux savourer cet instant de bienfaisance, quand la voix d'un enfant me ramène sur terre.

MON GEEK AUX CHEVEUX ÉBÈNE - L'INTÉGRALEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant