MON GEEK AUX CHEVEUX ÉBÈNE - L'INTÉGRALE

Chapitre 55

J'ai prié, supplié, imploré ma bonne étoile pour en finir au plus vite dans cet interminable bus avec Armin à côté de moi, tandis que je ne lui parlais pas, mon sac nous séparant. Je regarde d'un côté, je ne veux pas savoir s'il me regarde. J'ai essayé de retenir mes larmes, mais ça ne sert plus à rien : J'en ai assez de faire la fille forte. J'ai, depuis bien trop longtemps, gardé mes sentiments pour moi. Armin ne comprend pas à quel point j'ai dû user de toute mon énergie et laisser de côté ma timidité pour lui avouer mes sentiments, et lui, comme ça, sans crier gare, il me rejette, alors que je pensais que lui aussi, il avait des sentiments pour moi. " Je veux juste qu'on soit ami " moi je voulais juste que tu me comprennes.
J'ai les larmes qui montent tandis que je regarde mon téléphone : J'ai tellement mal. Pourquoi de tous les garçons sur cette Terre, je l'ai choisi lui ? Nathaniel était bien parti pour que je tombe amoureuse de lui, alors pourquoi lui ? Pourquoi le garçon qui ne pense qu'aux jeux vidéos et qu'à s'amuser ? Promis, la prochaine fois je me tairais. J'aurais moins mal, ça c'est clair.
Je vois la main d'Armin vouloir se poser sur ma jambe, mais avec un geste froid, je le rejette.
Lorsqu'enfin, le bus s'arrête devant chez moi, je ne prends même pas la peine de lui dire au revoir. J'attrape mon sac, et me hâte à sortir sans même un regard. Je l'ai entendu à peine effleurer mon prénom du bout de ses lèvres, mais je m'en contrefiche désormais.
Je ne me retourne même pas pour le regarder. Avec le peu de dignité qu'il me reste, j'attrape mes clés, et me hâte à ouvrir la porte de mon loft. Je monte doucement les marches, regardant un point imaginaire, le même que lorsqu'Armin me parlait, et j'imagine ce qui se serait passé si je ne lui avais pas dit tout ce que je ressentais. On aurait parlé normalement, rit aux éclats et peut être m'aurait il embrassé sur la joue en me souriant, et nous aurions continué la soirée dans la joie et la bonne humeur. Mais cette note se teint de noir lorsque j'imagine le rejet encore plus douloureux si j'avais dis cette phrase : " J'ai des sentiments pour toi. " je n'aurais plus jamais voulu le revoir. Enfin, encore plus que maintenant.
Je prends à peine le temps d'ouvrir la porte, que la lumière s'allume sur mon père, vêtu de son pyjama, les bras croisés, la colère se lisant sur son visage. Je le regarde longuement, referme la porte derrière moi, et, silencieusement, je retire ma veste, mon écharpe, mes chaussures. Je range ses derniers dans leur tiroir, avant d'aller dans la cuisine. Mon père me suit du regard. Je sors deux tasses, et commence à préparer le café de mon père, son préféré, et un bon chocolat chaud pour moi. Je sais que papa est au pas de la porte de la cuisine, et pourtant je continu mes gestes machinaux : le rituel. Ça peut paraître bizarre, mais je sais que maman dort, et je sais que papa va me demander comment c'est passé ma soirée. Alors je prépare son café, pour qu'il s'assit et que calmement, pendant un instant, je peux prendre le temps de faire une pause.
La tasse qui tombe par terre et mes sanglots rien qu'en pensant au fait que ce rituel me fait prendre conscience que c'est la vie réelle et que je viens de me faire rejeter par celui que j'aime me fait sangloter.

- D-D-Désolée... P-P-Papa... J-J'suis sincèrement désolée...

Je m'abaisse pour ramasser ma bêtise, et silencieusement mon père me relève.

- Va te coucher ma princesse, je vais nettoyer tout ça.

Il ressui mes larmes ruisselantes.

- Tu as besoin de dormir, vraiment.
- P-Papa... T-T'avais r-raison... C-Comme d'habitude et moi... M-Moi j'en fais toujours qu'à.. Qu'à ma tête... J-.. Je le pensais tellement différent.. M-Mais j'suis toujours déçue... O-Oh papa, si tu savais comme ça fait mal !!

Je me serre contre mon père, pleurant à chaude larme, serrant tremblante son haut de pyjama tandis qu'il essaye tant bien que mal de me calmer.

- J-Je veux partir... J-Je veux plus jamais le revoir... J-Je veux juste qu'il disparaisse de ma vie.. !
- Je sais ma puce... Mais fuir ne sert à rien. Tu dois apprendre à affronter la réalité... Tu auras toujours des déceptions, comme tu en as maintenant, et tu croiras que le monde s'effondre autour de toi, mais rappelle toi qu'au bout du tunnel il y a la lumière, et que si Armin n'a pas su t'aider à avancer, alors tu dois le faire toute seule, comme tu l'as toujours fais. Même si ça fait mal, même si tu sens que tu vas défaillir, souviens-toi que la vie n'a jamais été facile, et que beaucoup de personne ont du abandonner des outils dans ce tunnel pour t'aider à te faire avancer.