Chapitre 35 - 16h18

90 25 17
                                    

Quelques instants plus tard, après avoir brisé tous les espoirs de Will, le redoutable Dave Trimax tourna les talons et s'éloigna, dos à l'étranger, comme s'il ne craignait aucunes représailles, en direction de la sortie, d'une démarche toujours assurée. Laporte s'ouvrit à la volée et pendant un instant, les agents fédéraux furent visible derrière les portières de leurs véhicules ;avant de se refermer aussitôt. Will resta de longues secondes, prostrée dans le silence. Si aux premiers abords, on pouvait penser qu'il réfléchissait, Julie sentait qu'il n'en était rien. Il était sonné par tout ce qu'il venait d'entendre. Comment accepter la fatalité ? Les fédéraux possédaient une avance trop importante sur ses plans. Ils savaient tout, jusqu'à avoir localisé l'emplacement du voilier. Will allait-il s'avouer vaincu ? Julie s'approcha de lui.

L'agent leur avait enlevé tout espoir.

Ce dernier avait commencé par leur expliquer que Bruxelles, capitale de l'Union européenne, s'était inquiété de la création de Luciano. Les hauts responsables des pays membres connaissaient son existence. Ils avaient décrété que cette communauté constituait une menace pour le monde libre. Ils avaient ordonné à l'Agence Gouvernementale de créer une équipe pour le débusquer et l'éradiquer. Luciano était devenu l'ennemi secret numéro un. Que des Réfugiés vivent reclus dans un endroit, géographiquement situé sur le continent, sans s'en confronter à ses lois et à ses règles, auraient montrés un signe de faiblesse et l'Europe désirait conserver son statut de leader mondiale. Mais, comment plier des états rivaux à sa volonté et à la force de son marché économique, si l'Europe n'était pas capable de vaincre des marginaux, sur son propre territoire ? Oui, Luciano menaçait leur équilibre.

— Je crois que nous n'avons plus le choix, murmura Will.

Julie attendit qu'il s'explique mais il réfléchissait. La jeune femme sentait ses pensées défilées à une vitesse vertigineuse. Elle glissa sa main dans la sienne et le tira pour le forcer à lui faire face. Il plongea son regard dans le sien. Julie n'avait aucune envie de lui sourire. Elle avait le cœur lourd. S'il ne pouvait gagner la bataille contre les fédéraux, alors le mieux était s'échapper. Il devait forcément y avoir une issue dans cette basilique par laquelle ils pourraient fuir.

Doucement, Will secoua la tête :

— Il faut que cette traque cesse. Cela fait vingt ans que je fuis devant lui et ces hommes. Je dois les affronter. Mais, je ne peux pas lui tenir tête seule. Et non, je ne contacterais pas l'Ordre du Berceau pour qu'il nous vienne en aide. Les Alliés ne peuvent rien pour nous. Quoi que je tente, tu dois garder en tête que je te protégerais quoiqu'il arrive. Je ne permettrais pas que tu tombes entre les mains.


Julie n'avait pas eu le temps d'approfondir. Will se détourna d'elle et s'éloigna de quelques pas, perdue dans ses pensées. La jeune femme avait peur. Elle ignorait ce qu'il avait en tête, mais elles avait que cela ne pourrait pas être suffisant. Dave Trimax avait une telle avance sur eux, une telle supériorité, que même le verbe tenter était à proscrire. Si Will voulait tenter  quelque chose, c'était qu'il n'avait rien compris.

Après avoir expliqué que Luciano était devenu l'ennemi secret numéro un, le responsable de la brigade spéciale leur avait aussi révélé, avec un petit sourire narquois, qu'il y avait une taupe parmi ses proches. Will avait répondu à ses dénonciations par un rire forcé, mais il avait gardé le silence. Pour lui, il était impossible que l'un des siens ait pu le trahir. Mais Dave Trimax avait secoué la tête et avait clarifié ses accusations.

— Nous avons eu vent des différentes versions de la prophétie, avait-il dit. Il existerait dans les Grands Domaines, une table en pierre, à moitié dissimulée dans des grottes sur laquelle d'étranges inscriptions auraient été taillées. Nous connaissons vos légendes. Les habitants de Luciano croient en l'arrivée providentielle d'un être aux capacités extraordinaires, qui viendrait rééquilibrer les forces dans la lutte. Les Réfugiés t'ont tous considéré comme étant cet être incroyable, gracié par Ya. Ils avaient tous foi en toi. Après tout, tu avais créé ces Grands Domaines alors tu devais forcément être l'être divin ; celui qui se dresserait contre les hommes.

Luciano et le retour de la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant