Chapitre 29 - 14h39

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Une vague de panique la submergea. Les deux agents n'étaient là ni pour discuter ni débattre. Ils effectuaient simplement une mission. La porte d'entrée de la maison était restée ouverte. Tous ses proches assistèrent à la scène. Les deux hommes escortèrent la jeune femme, qui n'émit aucune opposition. Qu'aurait-elle put faire ? Deux autres agents étaient postés devant le portail et les attendaient. Ils ne semblaient pas redouter la possible arrivée d'Iliane.

Ils savaient que tu serais seul, fit sa conscience. Ils doivent observer Will à l'hôpital. Rien ne doit leur échapper. Ma chérie, mais que vas-tu faire ?

Julie n'eut pas à se poser la question. Le Père Pascal n'avait, lui non plus, pas réagi. Dans la nuit surnaturelle et sous une pluie battante, elle fut extraite hors de la propriété et conduite jusqu'à une camionnette noire non immatriculée. Quand la portière s'ouvrit et qu'on lui ordonna de monter à l'intérieur, elle prit conscience de ce qui l'attendait. Le Bunker !

Elle grimpa dans le véhicule, puis les deux hommes armés l'imitèrent. Tout se fit en silence. L'obscurité totale tomba à l'intérieur de la camionnette, qui se mit aussitôt en marche. Aucun d'eux ne parla ni ne tenta de la rassurer. Comme s'ils n'étaient que des pions et qu'elle allait bientôt faire face à celui qui donnait les ordres : l'agent Daniel ou son supérieur. Au bout de quelques secondes, la fourgonnette émit un court arrêt. Le conducteur semblait avoir marqué un stop, certainement celui qui délimitait l'entrée du lotissement.

Où l'emmenaient-ils ?

Alors qu'ils redémarrèrent, quelque chose de lourd les percuta. Le choc fut violent. Le véhicule fut projeté sur la chaussée. Les agents sursautèrent et s'armèrent. Il y eut un deuxième coup contre l'arrière et l'ouverture latérale fut brutalement arrachée. Julie hurlait. Elle savait que c'était la bête féroce qui les attaquait. Une seconde après avoir désossé la portière, de puissantes pattes velues et dotées de griffes impressionnantes surgirent des ténèbres et empoignèrent l'un des hommes. Ce dernier n'eut pas le temps de se défendre qu'il fût emporté dans la nuit. La tension était à son comble. Il restait désormais trois fédéraux pour protéger la jeune femme.

Ils se mirent à brandir leurs armes, prêts à se riposter.

Où était le conducteur ? Était-il encore conscient ?

Il y eut le grognement sauvage d'une bête impitoyable. Elle revenait. Elle bondit sur le toit du véhicule et poussa un rugissement à glacer le sang. Les hommes s'organisèrent sans parler. Un autre agent quitta la camionnette, tendu, mais il n'eut pas le temps de réagir qu'il fut renversé par une forme sombre, impressionnante de vitesse. Nouveau hurlement puissant. L'instant d'après, la bête sauta dans l'habitacle. Julie ferma les yeux. Son cœur battait si rapidement dans sa poitrine qu'elle crut qu'elle allait s'évanouir. Il y eut de l'agitation autour d'elle. Ses paupières hermétiquement closes, elle ignorait ce qui se passait. Très vite, le silence tomba et elle perçut la présence du monstre s'éloigner.

Julie compta jusqu'à cent mentalement ; puis à rebours. Le calme était revenu. Alors, elle finit par rouvrir les yeux. La nuit surnaturelle était toujours là, inquiétante ; et les agents fédéraux avaient disparu. Au prix d'un effort surhumain, la jeune femme brusqua sa paralysie et tenta de quitter la camionnette. De toute évidence, la créature avait battu les hommes qui l'escortaient. Ellel'avait libéré ! Mais pourquoi ? Et où était-elle, maintenant ?


Un homme, trempé, surgit dans l'ouverture de la camionnette. C'était le Père Pascal. Il lui tendit la main et lui pria de quitter le véhicule au plus vite. Quand cette dernière obtempéra, elle remarqua que les éléments météorologiques s'étaient calmés. La pluie semblait moins dense que tout à l'heure.

Luciano et le retour de la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant