Chapitre 33 - 15h54

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Le silence tomba, tendue, chargée de menace. Il était aussi profond et inquiétant que le calme qui précède la tempête. Les forces de l'ordre à l'extérieur se déployaient sur le parking, se rapprochaient, s'armaient. Ce matin, l'agent Dan lui avait expliqué que c'était une guerre qui faisait rage mais c'est seulement maintenant que Julie en saisir toutes les implications. Dans quelques instants, lui et ces acolytes lanceraient l'assaut.

Même la présence de Will ne parvenait pas à la rassurer.

Ce dernier s'approcha du Père Pascal.

— Si je dois vous défendre, je dois savoir combien ils sont et qui les dirige. Je ne crois pas que Dave Trimax soit arrivé au Berceau. Je l'aurais senti. Mais là, je ne perçois personne. Quelqu'un les protège.

Julie s'inquiéta :

— Est-ce que tu as déjà affronté quelqu'un possédant la maîtrise de ses pensées ?

— Non, avoua-t-il. J'imagine que nous sommes dans un lieu surveillé. L'Agence elle-même ne peut pas prendre la décision d'attaquer cette basilique. Tant que nous sommes ici, nous serons protégés.

— C'est ça, ta défense ? Et c'est censé me rassurer ?

— Je ne peux pas établir de plan si j'ignore leur effectif. Je dois monter au sommet de ce bâtiment. Il n'y a que là-haut que j'aurais une vue d'ensemble de la situation. Je dois trouver un moyen de quitter cet endroit avant qu'ils tentent quoi que ce soit.

Ce n'était pas ce que Julie voulait entendre. Will envisageait la fuite, encore. Mais où comptait-il aller ? Et combien de temps cela pouvait-il durer ? Comme s'il lisait ses pensées, une réponse s'imposa dans son esprit. C'est dans son abri qu'il projetait se rendre. A l'endroit où David attendait. Julie s'en souvenait. C'est au port que le Père Pascal avait initialement voulu l'emmener quand il était venu la chercher, avant qu'ils n'aient été contraints de rebrousser chemin. Et comme s'ils étaient connectés et qu'ils partageaient le même esprit, Julie sut quel était son plan. Sa planque était située sur un voilier. Et c'est par lac qu'il projetait quitter la ville, estimant que cet itinéraire était moins surveillé.

— Notre connexion s'intensifie, lui fit-il remarquer en souriant. Garde le contact.

Et avant que la jeune femme aitcompris, Will disparut.


Julie était toujours assise sur un banc, le plus éloigné de l'entrée. Le Père Pascal s'approcha. Elle regarda autour d'elle. Tout était spacieux. Les hauteurs sous plafond étaient démesurément grandes et créaient des volumes incroyables. Julie n'était pas une spécialiste. De l'intérieur, elle ne voyait pas ce qui différenciait la basilique des autres églises. Sauf peut-être ses dimensions. Le Chœur, où patientait le Christ sur sa croix, se trouvait derrière un autel chargé de fleurs. À l'avant, il y avait le pupitre où le curé faisait ces discours. Même la Nef était vaste et étendue. Deux grandes rangés de banc en bois étaient séparées par un petit couloir. Et vers la Croisées puis les Bras étaient situés les confessionnaux.

— Je vous en prie, parlez-moi de mon père, fit Julie.

Le prêtre se tourna vers la porte d'entrée. C'était le seul obstacle qui se dressait entre eux et les fédéraux. Elle serait la première chose qu'ils chercheront à faire tomber.

Il hésita et Julie l'imagina peser le pour et le contre. Était-ce vraiment le moment pour parler de Denis ? Julie soupira, mais contre toute attente, il s'expliqua.

Denis Favre était un Allié. Il était même plus. Il avait été le responsable de l'Ordre du Berceau jusqu'à sa mort. Il avait été en quelques sortes le petit protégé d'Iliane. Jusqu'à son dernier souffle, il avait été animé par une seule volonté : réunir ses enfants dans les Grands Domaines.

Luciano et le retour de la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant