Luciano et le retour de la lumière

Chapitre 12 - 10h44

Julie regarda autour d'elle, paniquée. Où voyait-il ses amis ? De qui parlait-il ? Yann ? Mais, elle ne vit aucun visage connu. Elle ne remarqua pas non plus les agents. Il n'y avait aucun homme habillé en costume sombre qui les observait.

— C'est la fin de notre rendez-vous ? demanda-t-elle, inquiète d'être vue avec lui.

— J'ai besoin qu'on finisse notre conversation.

Elle ne l'était pas ? s'étonna sa conscience.

Toujours en lui prenant la main, Will l'attira vers le banc le plus proche. Il était occupé par une bande de quatre adolescents, mais quand ils furent à trois mètres, les jeunes déguerpirent. Julie s'arrêta tandis que son compagnon s'installa.

— Es-tu sûr qu'on ne risque pas d'être vu ensemble ?

— C'est pour cela que j'irais droit au but. Julie, peut-être n'en as-tu pas conscience, mais une guerre va éclater. Et elle pourrait bien être provoquée par notre rencontre. L'un des deux mondes va s'effondrer.

Elle l'écoutait avec attention.

— La société telle que tu la connais vit ses derniers moments. Toutes les religions l'évoquent. La fin des temps. L'apocalypse. La chute du monde. L'évènement biblique aura lieu de notre vivant. Il faut juste se préparer et savoir dans quel camp tu es. C'est inéluctable. Il va sombrer, mais il peut encore le faire sans toi.

— Mais contre qui sommes-nous en guerre ? Les terroristes ? Les extraterrestres ? Les robots ?

— L'humanité devra faire face à son plus vieil ennemi. Un adversaire plus redoutable que ceux contre qui elle s'est déjà battue. Ils sont plus dangereux qu'avant, repoussant sans cesse la folie de leur intelligence. Ils poussent le monde vers un suicide collectif. Ils combattent l'amour, la paix et la liberté. Ils en sont encore à la loi du plus fort. Ils sont partout, comme des cellules cancérigènes. Tu ne les vois peut-être pas, mais ils sont là et les êtres humains n'ont jamais été autant en danger.

Julie était suspendue à ses lèvres.

— L'humanité devra faire face à son ennemi de toujours : les hommes.

Sans lui laisser le temps de répliquer ou même de réfléchir à ce qu'il venait de dire, il poursuivit son monologue. Le monde était divisé en deux. D'un côté, il y avait les hommes et de l'autre, les êtres humains. Les hommes étaient ceux qui pourrissaient la planète, ceux qui la détruisaient, ceux qui la pillaient. Les humains étaient ceux qui s'en souciaient, ceux qui s'en préoccupaient, ceux qui tentaient de la préserver. Les hommes et les humains étaient de nature opposée, n'ayant pas les mêmes besoins, ni le même mode de vie, ni la même vision des choses. C'est toute une philosophie qui les séparait.

— Les humains ont presque tous disparu, murmura Will, en expliquant qu'il était difficile pour eux de vivre dans un monde dominé par les hommes.

— Je ne comprends pas la différence.

— Tout n'est qu'une question de choix. C'est eux qui déterminent qui nous sommes et qui nous voulons être. Et toutes nos décisions sont parrainées par un sentiment. Ils sont le langage de l'âme. L'âme, l'esprit et le corps sont des notions que tu maitrises ? Tu connais au moins tes bases, j'espère ? L'âme est qui tu es. C'est aussi ce qui restera de toi après ton passage sur terre. Elle est généralement située au niveau du cœur. L'esprit est une énergie qui te caractérise. Elle te personnalise. C'est aussi un pouvoir créatif que tu peux tenter de manipuler. L'esprit fonctionne de pair avec le cerveau et même s'il couvre ton corps, il est plutôt concentré autour de ta tête. Et ensuite, il y a le corps. Parce que l'âme ne peut faire d'expérience sur terre que si elle a un corps avec lequel elle peut ressentir les choses et interagir avec son environnement. Le corps est une enveloppe qui renferme l'âme et l'esprit.

« C'est nos sentiments, cachés derrière nos choix, qui déterminent qui nous sommes. Et des sentiments, il y en a quelques-uns, mais seuls deux sont puissants : l'amour et la peur. C'est là toute la difficulté de l'exercice : vivre en faisant des choix qui nous correspondent. Mais est-ce une décision parrainée par l'amour ou par la peur ?