Chapitre 17 - 12h17

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Précipitamment, elle s'élança vers l'entrée. Sarah était posée devant la porte fermée, et semblait en interdire l'accès. Une vague de colère l'envahit. Elle essayait encore de diriger sa vie !

— C'était une erreur.

Julie s'arrêta devant Sarah, dont le large physique l'empêchait d'atteindre la poignée. Elle avait conscience que son amie ne bougerait pas et aussi qu'elle n'avait pas la force nécessaire à la contraindre à s'écarter.

— Je sais que c'est Will, s'écria-t-elle, d'une voix que l'agressivité faisait trembler.

Les yeux de son amie s'écarquillèrent une seconde ; mais c'était une seconde où elle abaissa sa garde. Julie en profita pour forcer le passage, en la bousculant d'un coup d'épaule. Ce fut comme si le soleil lui réchauffait le cœur après un hiver, qui s'était éternisé. Will était là, rayonnant, comme à son habitude. Et pendant un instant, devant cette vision, Julie s'arrêta. Il était si beau et ne semblait pas contrarié qu'on lui ait refermé la porte.

Elle lui prit la main et le tira à l'intérieur de la maison.

— Tu ne devrais pas être ici !

— Il fallait que je te voie. Est-ce que tu as réfléchi à ce dont nous avons parlés ?

— Tu ne peux pas être là. L'agent Dan est dans les parages. Il m'a menacé. Il veut m'emmener dans leur base. Ils reviennent en début d'après-midi. Will, je t'en prie, je ne veux pas être enfermée.

Julie avait débité ses paroles sans s'arrêter ni reprendre son souffle ; la voix vibrante sous le coup de l'émotion. Elle se rendit compte qu'elle avait les mains qui tremblaient et qu'elle était au bord de la panique. Sarah, qui ignorait tout de l'échange qu'elle avait eu avec l'agent, mit un bras protecteur autour de ses épaules.

— Je veux savoir ce qui se passe. Julie ne m'exclut pas de tes histoires.

Will se tourna vers elle et demanda posément :

— Est-ce que je peux m'entretenir en privé, avec Julie ?

— Non. Je suis presque ici chez moi alors si ma présence vous dérange, vous pouvez sortir dans le jardin. Mais Julie... tu es surveillée. Pourquoi avoir pris le risque de le faire entrer ? Il n'est pas recherché sans raison... Il est peut-être dangereux.

Cette façon dont Sarah lui parlait, comme s'il n'était pas là, était insupportable. Julie s'apprêtait à la remettre en place, mais l'intéressé répondit, d'un ton léger :

— Bien sûr que je le suis.

— Julie avait une vie normale avant ton arrivée. Elle avait un petit copain et un avenir avec lui. Et j'ai l'impression que ton intrusion jette comme un trouble. Pourquoi lui faire ça ?

— Parce qu'elle est la clé. Sans elle, nous n'avons aucun espoir de gagner cette...

Abasourdit que Will puisse débiter toutes ces conneries sans filtre, Julie bondit sur ses pieds et lui ordonna de se taire. Elle ne comprenait pas pourquoi il racontait tout ça. Pourquoi mêler Sarah à ces histoires ? Elle attrapa sa main et le tira vers la baie vitrée. Ils devaient avoir une explication. Elle devait le prévenir des menaces que l'agent avait proférées. Il ne pouvait plus se voir. Sa présence la mettait en danger. C'est qu'elle ne voulait pas se retrouver enfermée pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait. C'était absurde. La jeune femme ouvrit la porte coulissante et sortit dans l'air brulant. Il n'était pas question de filer au fond du terrain, mais juste de s'isoler de Sarah. Ils restèrent devant la vitre, s'abritant du soleil sous le store tiré au-dessus de la terrasse.

Luciano et le retour de la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant