Chapitre 41 - 17h43

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Julie se glissa dans ses bras puissants et se mit à pleurer. Elle vivait la pire journée de sa vie et se sentait envahie par un trop-plein d'émotions. Elle ne pouvait plus supporter la moindre contrariété. Et quand il la plaqua contre lui, l'espace d'un instant, elle en vint à regretter d'avoir rencontré Will. Cette pensée dura une courte seconde. Il la maintint fermement contre lui, la berçant tendrement. Ils restèrent bloqués l'un contre l'autre, silencieusement. Elle sentait son corps musclé sous son T-shirt et elle se surprit à se dire que ce contact lui avait manqué. À quand remontait leur dernière étreinte ? Julie s'arrêta de pleurer, puis elle leva son visage vers lui.

Yann lui déposa un baiser sur le front.

— Tu es dans un état épouvantable.

Julie sourit, malgré ses sanglots. Elle était tellement confuse. Elle n'avait aucune envie de se décoller de lui. C'est qu'il avait toujours représenté la sécurité. Mais c'est lui qui finit par s'écarter et la jeune femme mesura l'impact qu'il avait encore sur elle quand cette séparation provoqua un vide incommensurable.

Une fois qu'elle eut essuyé ses larmes, il l'entraîna à l'intérieur de la brasserie. Ils s'installèrent à la table la plus éloignée. Elle sentait le regard inquiet du patron et elle comprit qu'il n'allait pas tarder à prendre un moment pour venir aux nouvelles. Pour le rassurer, Julie lui fit un sourire, qu'elle sut trop fragile pour être convaincant.

— Est-ce que tu vas me dire ce qui se passe ? demanda Yann, une fois qu'ils se furent isolés. Est-ce que c'est lié à ce qui est arrivé à la basilique ?

La jeune femme se figea.

— Comment peux-tu être au courant ?

— Je ne le suis pas. Mais regarde ton état. À ta réponse, j'en déduis donc que tu y étais.

À chaque respiration, son cœur se gonfler de chagrin et sa gorge se serrer. Elle sut qu'elle allait se remettre à pleurer. Alors, elle se força à se calmer et à inspirer à chaque mot qu'elle prononça :

— Will... est... mort. On... l'a... tué. J'étais... là.

— Qu'est-ce que tu me racontes ? Julie, tu peux me parler. Quoi qu'il arrive, je ferais tout ce que je peux pour t'aider. Je t'en prie, je veux être là pour toi.

Elle le regarda droit dans les yeux. Pouvait-elle lui faire confiance ? En elle, le barrage qui retenait les secrets de l'étranger se fissura et menaça de s'écrouler. Pour la première fois, et parce qu'elle était terriblement seule, elle éprouva le besoin de faire tomber ses défenses et de tout révéler. Elle aurait préféré en parler à David, mais Yann s'inquiétait vraiment. Il avait le droit de savoir. Julie avait gardé tant de choses pour elle que si elle ne partageait pas ce qu'elle avait vécu, elle allait devenir folle.

Ne crois-tu pas que cela le mettra en danger ? fit sa conscience. À ta place, je ne prendrais pas le risque.

Julie n'arrivait pas à se décider. Elle voulait lui dire. Cela lui aurait fait du bien. C'est alors qu'elle se remémora une petite phrase que Laurence lui avait glissée. Nous allons nous revoir très vite. Et cela raviva ses craintes. Elle savait que l'Agence convoitait l'énergie qui sommeillait en elle. Les agents fédéraux allaient intervenir pour la récupérer. Il était possible qu'avec l'enfant hospitalisé, Julie soit transférée vers une base secrète. Et c'était quelque chose qui la terrifiait. Elle ne voulait pas disparaître sans que ses amis n'en sachent rien. Il ne fallait pas qu'elle finisse comme Théo : à perdre son identité civile et devenir une propriété de l'armée européenne.

Alors, elle prit la décision de tout lui révéler.

Luciano et le retour de la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant