Chapitre 31 - 15h16

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Julie se débattit, lorsque l'air commença à lui manquer. Mais la poigne squelettique ne se desserra pas d'un pouce. Les énergies contradictoires continuèrent à se déverser. La peur, naturellement. Celle de mourir. Elle était trop jeune. Sans dire que finir de cette façon était la pire de manière de mourir. Il était inconcevable d'être tué par une créature fantastique. Mais, le plus difficile serait de ne pas comprendre pourquoi. Et d'un autre côté, les picotements dans son bas ventre s'embrasèrent. Elle percevait comme une énergie qui ne demandait qu'une chose : éclore. À mesure que les secondes passèrent, la peur prit le pas sur l'excitation et elle se débattit autant qu'elle put.

Alors que son champ de vision commençait à se troubler, Julie sentit la créature se figer et ses doigts s'ouvrirent légèrement. Elle posa son regard sur le bras d'os, qui devenait progressivement bleuté et se givrait, comme s'il gelait. Le monstre émit un grognement caverneux et lâcha la jeune femme. Avant que cette dernière ne tombe à genoux, le cœur tambourinant dans sa poitrine, le souffle saccadé, les membres tremblants, il y eut comme une détonation et le bras squelettique glacé explosa, pulvérisé en un millier de débris. Le temps d'un battement de paupière pour Julie, Will était là, devant elle. Il lui tournait le dos et faisait face au danger. Ce dernier émit une longue plainte aigüe. Il ne s'était pas attendu à son arrivée aussi soudaine. Quel que soit ce qu'il avait cherché à faire, Will venait contrecarrer ces plans.

La gorge brulant à chaque respiration, Julie posa ses mains sur son cou. Elle pleurait et dut prendre sur elle, pour se forcer à se calmer. Son cœur, affolé, lui faisait mal à chaque battement. Quelqu'un s'approcha dans son dos. C'était le prêtre. Il lui tira le bras et il l'aida à se relever. La jeune femme se glissa immédiatement derrière lui.

Will et la créature se défièrent. Silencieusement. Et puis au bout de quelques secondes, l'entité enveloppée dans le grand drap noir recula d'un mètre.

— Nous voulons tous les deux la même chose.

— Elle n'est pas prête, rétorqua Will. 

— Le temps est une notion que nous n'avons pas.

La garçon se tut. Une nouvelle fois, le démon glissa d'un mètre en arrière.

— Tu ne me laisses pas le choix, reprit-elle, avec son timbre sans vie. Tu n'auras de cesse de vouloir la protéger et de me faire obstacle. Tu crois être en mesure de le faire. Pourtant, tu ne peux rien contre les forces qui sont en mouvement. Je reviendrais et quand je serais là, je t'écarterais définitivement.

— Qui t'abrite ?

L'intéressée ne répondit pas. Elle recula encore et finit par se fondre dans l'obscurité avoisinante. Le silence tomba. L'orage était passé, tout comme le danger.

Il se tourna vers Julie.

— Tout va bien ?

Elle hochant la tête. Sa gorge lui faisait encore trop mal pour parler. Will l'observa, mais il gardait un regard sombre et la jeune femme redoutait ce qu'il allait dire. Ce qui ne tarda pas.

— Les agents arrivent. J'ai réussi à m'infiltrer dans l'hôpital et j'ai pu échanger quelques mots avec l'enfant. J'ai pris toutes les mesures nécessaires pour disparaitre sans laisser de trace, mais naturellement, j'ai été découvert. J'ai pu intercepter certaines de leurs pensées et ils savent où tu es. Ils utilisent les caméras de surveillance de la ville. Cette fois, ils arrivent en nombre. Une vaste opération d'envergure cherchant à t'attraper. Ils veulent te séparer de moi, t'empêcher de t'accomplir.

Julie ouvrit la bouche, prête à répéter qu'elle ne comprenait pas l'histoire dans laquelle elle s'était embarquée...

— Ils t'ont trouvé. Nous ne pouvons pas rester ici. Nous ne pouvons plus rejoindre le port où ton ami David nous attend. Nous devons nous replier à la basilique. Nous déciderons là-haut de la suite des évènements... Mais, où est Pascal ?

Luciano et le retour de la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant