Chapitre 18 - 12h29

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Il fut convenu de quitter la maison. Ce n'était qu'une question de minute avant l'irruption des agents fédéraux. Julie ne voulait pas être enfermée loin de tout. Mieux valait partir avant qu'elle ne perde ses libertés. Avec Will, ils décidèrent de ne pas repasser par l'intérieur, et de ne pas croiser Sarah. Ils contournèrent la propriété et arrivèrent jusqu'au portail. Julie n'était pas sereine. Elle savait qu'elle était surveillée, grâce aux caméras municipales. De combien de temps disposait-elle, avant que l'algorithme la détecte ? Alors, elle s'avança dans la rue, en gardant sa tête baissée.

Où vas-tu, ma chérie ? questionna sa conscience. Même si tu ne lui as pas encore répondu, tu connais déjà la réponse à sa requête. Malgré toutes les belles promesses qu'il pourrait te faire, tu ne peux pas le suivre. Ta vie est ici. Alors à quoi riment ces prises de risques inconsidérés ? 

Julie fit de son mieux pour faire taire cette voix. Ils arrivaient à la route qui quittait le lotissement et partait vers le centre-ville. La jeune femme avait le cœur lourd. Elle craignait l'arrivée des agents et ne parvenait pas à se défaire de cette angoisse. Will lui prit la main, entrelaçant ses doigts entre les siens. Il lui sourit, l'œil toujours pétillant, et lui demanda de se détendre. Et soudain, ce fut comme si cette confiance en lui était contagieuse. Julie se laissa envahir par ce sentiment de paix où la peur n'avait pas sa place.

— Est-ce que tu lis mes pensées ? questionna-t-elle, tandis qu'ils s'approchèrent du château fort.

— Oui mais je t'expliquerais tout. Promis.

C'est alors que Julie remarqua qu'un vent chaud s'était levé, assez fort pour soulever les détritus autour d'eux. Ils arrivèrent au musée, en silence. Elle suivait sans trop savoir où ils allaient, ni ce qu'ils allaient y faire. Pourquoi prendre le risque de se montrer à découvert ? Pourquoi ne pas être restée chez elle ? Une nouvelle fois, le trajet jusqu'au château se fit avec une certaine magie. Will avait dressé son espace autour d'eux qui empêchait quiconque de s'approcher.

Mais, une fois qu'ils furent passés devant le site historique, et juste avant d'emprunter la pente raide qui débouchait dans les vieux quartiers, ils eurent une vue dégagée sur l'agglomération, le lac et les montagnes. Cette vue était splendide, bien que Julie soit désormais habituée et qu'elle n'y prêtait plus autant attention. Elle remarqua aussitôt un détail qui l'étonnait. Il y avait face à eux, contrastant avec le ciel d'azur des petits nuages noirs. Était-ce ces violentes bourrasques qui les amenaient ? Elle resta perplexe. La canicule aurait dû durer jusqu'au lendemain soir. Il était prévu qu'une légère perturbation vienne adoucir le climat mardi matin, pas avant.

— Est-ce que tu les vois ? fit-il.

Julie hocha la tête, ne comprenant pas trop sa question. Elle n'osa plus bouger. Elle était exténuée par la descente. Elle n'en pouvait plus de ces incessants trajets. Elle commençait à avoir des crampes aux jambes et elle n'avait pas les chaussures adéquates pour faire de la marche. Pourtant, elle ne montra aucun signe de faiblesse, ni n'émit aucune protestation. Elle ne souhaitait pas donner à Will, l'image d'une fille geignarde. Alors, elle prit sur elle. Elle fit face à la petite ruelle qui rejoignait la vieille ville : une descente abrupte qu'elle avait déjà faite deux fois ce matin. D'autant plus qu'une fois en bas, il leur faudrait tôt au tard remonter.

L'étranger se tourna vers elle et dit :

— J'avais dans l'idée de t'emmener dans mon repère. Là, où David m'attend. Mais, nous avons une conversation à terminer. Nous pouvons rester ici, si tu le veux. Nous avons parlé de moi. Tu connais mon passé, qui je suis et ce que je représente. Le temps approche, Julie, ou tu devras également déterminer qui tu es et qui tu souhaites devenir. Je pourrais te montrer le chemin qui te guidera vers la version la plus grandiose de toi-même. Je peux te révéler la voie et t'expliquer les épreuves qui joncheront le sentier de la lumière. Je n'ai plus aucun doute à ton sujet : tu es celle que j'étais venu chercher. Et tu dois accepter que ton épanouissement ne se fasse pas sans souffrance et sans une certaine préparation.

Luciano et le retour de la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant