Chapitre 19 - 12h46

Start from the beginning
                                    

— Il n'y a rien à réfléchir, répondit-elle avec empressement. Je ne peux pas te suivre. Je ne sais même pas si je veux être mêlé à tes histoires. Je refuse de finir comme mon père. Alors, ma réponse ne changera pas quoi que tu me dises. Je suis désolé si tu t'es trompé sur mes intentions.

Un sourire éclaira son visage. Will se redressa et vint s'installer à ses côtés, gardant une certaine proximité avec la jeune femme. Il lui prit la main et lui demanda si elle était prête à écouter son monologue. Elle ne sut quoi dire. Elle n'était pas à son aise. Non pas qu'elle soit mal à l'aise devant Will qui semblait avoir toujours besoin d'un contact physique avec elle. Elle trouva juste que les conditions à cette entrevue n'étaient pas saines. Elle savait que les agents fédéraux allaient débarquer d'un moment à l'autre. Ils devaient déjà être au courant qu'elle avait quitté son domicile avec lui. Que risquait-elle en agissant ainsi ? Et l'orage aussi l'angoissait. Il n'était pas normal, elle le sentait.

Pourtant malgré ses peurs, Julie répondit avec humour :

— Si je m'endors, pitié, ne me réveille pas.

« Qu'est-ce que l'amour ? philosopha Will. L'amour est la somme de tous les sentiments. C'est la base de tout. Il est tout. Il n'y a rien qui ne le soit pas et il ne se conjugue qu'à l'inconditionnel. Il est ce qu'il y a de plus puissant. On peut tout faire et tout devenir avec ; parce qu'entrer dans ce sentiment, c'est entré dans l'absence de limite, dans l'absolu. Vivre en faisant des choix parrainés par lui est un véritable de mode de vie. Ceux qui acceptent cet état d'esprit ont une vision du monde bien différente. C'est ce qui sépare les êtres humains des hommes.

Tandis que les êtres humains sont dans l'amour, les hommes ont appris à se construire dans la peur. Attention, je ne juge pas. Je ne dis pas que vivre ainsi est mauvais. Après tout, qui est assez fou pour établir un axe du mal ? Mais, c'est vous qui affirmez vouloir un lieu de paix et d'amour. Or c'est tout le contraire que vous produisez. Un monde où règnent la violence et la haine. Je n'exagère rien. Il n'y a qu'à regarder vos journaux télévisés, dans n'importe quel pays. Vous créez l'opposé de la société que vous souhaitez pour vos enfants. Vous voulez quelque chose, mais c'est tout l'inverse que vous bâtissez.

C'est fou. Et cela donne l'impression que quelque chose ne tourne pas rond. Regarde Julie. Chez vous, plusieurs milliers de personnes meurent de faim chaque année. Je ne te parle pas de la famine dans les pays du tiers-monde. Non, je te parle de ce qui se passe chez toi, dans vos rues. C'est un constat. Aujourd'hui, il y a des sans-abris qui n'ont rien pour se nourrir. Pourtant, vous vivez dans une société qui produit des tonnes de nourriture ; et il y en a autant dans vos placards que dans vos poubelles. En tout cas, il y en a bien assez. Il faut aborder une seconde l'industrie bovine. Je ne parlerais pas son impact catastrophique sur l'environnement. L'élevage intensif des bêtes destinées à la consommation est l'une des principales raisons du réchauffement planétaire mais là, n'est pas le sujet. Je te parlerais juste des moyens et des ressources colossaux que vous détournez pour engraisser des animaux destinés aux plus aisés. Je ne dois pas être loin de la vérité en t'affirmant que c'est plus de la moitié des ressources en eau qui sont déportés vers ces usines. Tu imagines ? L'eau se rarifie pour tout le monde et pourtant, le gouvernement accepte que cette ressource aille aux bétails. Les richesses que vous utilisez pour cette industrie dépasse l'entendement. Vous préférez donner à manger à vos vaches, vos bœufs et vos porcs plutôt que redistribuer cette richesse aux plus démunit. C'est anormal. Et ça me révolte. Quelque chose ne tourne pas rond. Et quand on connait l'impact carbone d'une telle industrie sur l'environnement, on se demande pourquoi elle fonctionne encore. Le pire c'est que si vous le décidiez, vous pourriez nourrit absolument tous les mal nourris, partout. C'est fou ce que je dis. Vous produisez tellement de nourriture que si elle était mieux redistribuée, vous pourrez mettre un terme à la faim dans le monde. Vous avez les richesses et les outils nécessaires à ce choix. Mais, vous avez décidés de ne pas le faire ce choix.

Luciano et le retour de la lumièreWhere stories live. Discover now