🌟Épilogue🌟

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Lorsque Phœbé atterrit enfin sur Terre, elle se retrouve dans un bois sombre qui ne lui dit rien qui vaille, mais heureusement, la lune est incroyablement haute cette nuit. Il n'y a pas un bruit, pas même le cri d'un insecte. Seuls les feuillages de ces arbres biscornus, se faisant balayer par le vent glacial et ses pas craquant dans les feuilles mortes, apportent une touche d'angoisse supplémentaire.

- Chad ?! hurle-t-elle. Elveyn ?!

Sans savoir où elle met les pieds, elle avance. Elle se doit de le trouver avant qu'il ne soit trop tard. Il est hors de question que cela finisse en Roméo et Juliette. Leur fin sera heureuse et non tragique. Alors ce loup a intérêt à pointer le bout de son nez. Phœbé s'égosille à appeler Chad durant de longues minutes, sans résultat. Pourtant, la jeune femme s'entête à garder espoir. Si elle est dans ce bois, c'est qu'il l'est également. Cessant tout geste, la revenante tourne sur elle, scrutant la zone à la recherche du moindre bruit, mais rien n'y fait.

Soudain, un regard rouge sang se met à pétiller d'une lueur folle dans la nuit, suivi de près d'un grognement sauvage. Elle distingue difficilement la silhouette ainsi que l'ombre hachée de l'animal et c'est uniquement grâce aux feuilles sous ses pattes qu'elle arrive à suivre sa progression.

- Elveyn, c'est moi, déclare doucement la jeune femme.

L'animal grogne avec virulence, les babines certainement retroussées, et au lieu de prendre peur, une forme d'outrance se forme chez la jeune femme :

- Ne me grogne pas dessus, lui intime Phœbé. Homme, tu ne le fais pas alors ne crois pas que loup, tu feras quoi que ce soit, poursuit-elle. Je ne suis pas tombée du ciel pour qu'un ingrat m'accueille de cette façon.

Les iris d'Elveyn prennent un air penaud et petit à petit, il semble réaliser. Il avance vers elle, la foulée hésitante, et une fois à sa hauteur, il la renifle de haut en bas avant de gentiment la pousser du bout de la truffe.

- Tu me reconnais, mon beau, sourit Phœbé en fourrant ses doigts dans son pelage. Dis-moi, je pourrais voir Chad ?

À cette demande, le loup réagit étrangement : il se recule en secouant son pelage et reste planter là, au milieu des bois, à attendre elle ne sait quoi. Les secondes défilent, les minutes défilent et au bout de ce qui lui semble être une éternité plongée dans l'incompréhension, l'animal se métamorphose. Ses os craquent et se déplacent, ses longues griffes rétrécissent tandis que son pelage, ses oreilles pointues et sa queue disparaissent pour être remplacés par de la peau et toutes les caractéristiques d'un être humain. Sa mutation d'habitude simple et rapide paraît à cet instant, plus laborieuse et douloureuse. Depuis combien de temps n'a-t-il pas pris forme humaine ?

La transmutation finit, la jeune femme discerne un corps immobile, allongé sur le sol. Se précipitant dans sa direction, elle se laisse tomber et effleure son visage du bout des ongles.

- Chad ? Chad, réveille-toi... S'il te plaît..., couine-t-elle en tapotant sa joue.

Dans un grognement plaintif, ses paupières se soulèvent mollement et Phœbé soupire de soulagement. Ses prunelles ambrées la scrutent avec une neutralité déconcertante.

- Suis-je enfin mort ? quémande-t-il sans la quitter des yeux.

- Tu es en vie, sourit la jeune femme.

- Ce n'est qu'une hallucination alors..., sourit-il, peiné. Si tu savais comme je regrette...

Sa main caresse tendrement sa joue, ne croyant nullement à sa réelle présence. Il se redresse avec nonchalance, plongeant son regard dans le sien, et finit par se mettre difficilement debout. Il est à moitié-nu et seul le caleçon noir qui repose sur ses hanches l'empêche de l'être complètement.

- Chad... ? l'interpelle-t-elle en se relevant à son tour. Je suis là... Pour de vrai...

Elle mêle leurs doigts et pose sa main sur son cœur battant. Petit à petit, il paraît réaliser. Ses yeux, difficilement maintenus ouverts, s'écarquillent et se posent sur sa poitrine. Il regarde son autre main avec laquelle il l'a précédemment touchée et, tombe à genoux devant elle. Ses bras encerclent sa taille tandis que son visage repose sur son ventre et il la serre si fort qu'il pourrait la briser.

- Je suis désolé, tellement désolé, s'excuse-t-il de sa voix brisée.

- Ce n'est pas de ta faute...

Les secondes défilent et soudain, ses épaules tressautent légèrement. Comprenant ce qu'il lui arrive, la jeune femme s'agenouille à son tour, prenant son visage, baigné de larmes silencieuses, entre ses mains. Attendrie, elle lui embrasse les joues, le front et la bouche avant de le prendre délicatement dans ses bras. Et le cœur enfin en paix, elle ne peut retenir un sanglot, remerciant intérieurement Artémis.

✹↞♝↠✹

- Hayden est mort, déclare un homme de but en blanc, le visage exprimant une déconcertante indifférence.

- Cela ne m'étonne guère, clame un second, les yeux fixés sur l'extérieur ; la vengeance ne l'aurait mené qu'à cette fin. Au moins, cet abruti a eu le temps de faire le plus gros, reprend l'inconnu ; il ne manque plus que les trois pierres. Préviens tes hommes, somme-t-il ; la chasse est ouverte. Vivantes ou mortes, je veux les fylachtà de ces descendantes et enfin, je pourrai le réveiller.

Oui, il le réveillera et il anéantira ce monde où la bêtise perdure depuis bien trop longtemps maintenant. Eurynome descendra bientôt sur Terre et la promesse de la rive du Styx sera tenue. Un rictus froid élargit ses fines lèvres et ses prunelles se mettent à scintiller d'un étonnant vert. Oui, les Enfers s'abattront sur cette planète, une bonne fois pour toutes.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant