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- Il faut que je me rende au Canada pour des affaires urgentes, tu veux m'accompagner ? lui propose doucement Chad à l'oreille.

La jeune femme hoche vigoureusement la tête dans son cou. Elle ne veut pas être séparée de lui... Reniflant grossièrement, elle se détache de lui et grimace en constatant qu'elle a souillé son pauvre haut blanc de ses humeurs*. L'homme ne lui adresse qu'un sourire réconfortant en réponse.

- Prends une douche, je m'occupe de nos affaires, d'accord ? propose-t-il.

L'intéressée opine doucement et se redresse, encore secouée, avant d'aller sous la douche. Quelques instants plus tard, Chad revient et l'informe qu'il dépose une serviette et des vêtements. Elle acquiesce alors qu'il ne peut pas la voir et elle se sent idiote lorsque la porte se referme. Dans un soupir, elle finit de se laver, se sèche et s'habille avant de retourner dans la chambre. Chad est en train de s'activer à faire leurs bagages et elle remarque qu'il a troqué son tee-shirt blanc pour une chemise blanche aux manches courtes. Elle constate également que cet homme envoie littéralement ses vêtements dans une valise, ne prenant nullement la peine de les ranger.

- Ça va mieux ? lui demande-t-il en levant les yeux sur elle.

- Oui, sourit la concernée afin de le rassurer. En tout cas, j'espère que tu n'as pas balancé mes vêtements dans une valise comme tu le fais actuellement.

Il la considère avec insistance et finalement, un rictus contrit fait son apparition sur ses lèvres. Cet idiot l'a fait, dépourvu de toute délicatesse. La devançant, il ferme le bagage et attrape le second avant de sortir de la chambre désormais vide. La jeune femme roule des yeux face au comportement enfantin de Chad et une douce nostalgie s'empare d'elle alors que son regard se promène sur la pièce.

Ces derniers jours en sa compagnie ont été les meilleurs de sa vie. Elle a tenté du mieux de laisser son orgueil de côté afin d'avancer, de lui donner une chance en arrêtant de se braquer à la première seconde. De prendre à la légère ce qui, en temps normal, l'aurait considérablement vexé. De le regarder autrement qu'un ennemi potentiel qui pourrait lui tirer dans le dos à tout moment. Bien sûr, elle continuera de faire de son mieux, il est hors de questions qu'elle abandonne, cependant, son petit doigt lui dit qu'en se rendant au Nord, la donne changera.

Craintive pour le futur, Phœbé se mord la lèvre inférieure et triture nerveusement l'ourlet de son débardeur. Allez, un peu de courage... Accompagnée d'un soupir, la jeune femme se rend au rez-de-chaussée pour son dernier petit-déjeuner au sein de la famille Mora-Gonzàles et rejoint directement les autres à l'extérieur. En même temps, Natalia et Marta arrivent et posent deux plateaux sur la table, complétant la collection.

- Bonjour, Phœbé ! salue la plus âgée.

- Comment vas-tu ? poursuit la seconde.

L'intéressée répond à l'affirmatif et les discussions reprennent avec une vivacité plus explosive qu'à l'accoutumée.

- Phœbé ! Phœbé !

La concernée tourne la tête et découvre Enrique qui court dans sa direction, aussi vite que lui permettent ses petites jambes. Le sourire de la jeune femme s'agrandit tout de suite et elle pivote un peu sur le côté pour attraper cette petite flèche. Elle lui embrasse longuement la joue, savourant son odeur de bébé. Ravi, le petit sourit de toutes ses dents et Phœbé se l'installe sur ses cuisses. Il ne la lâche pas des yeux une seconde, visiblement captivé par le bleu de ses iris alors qu'elle dévore son petit-déjeuner. De délicieux churros. La bouche pleine, riant silencieusement à l'entente d'une énième plaisanterie, elle lève la tête et rencontre le regard soucieux de Chad.

Ce dernier ne rit que très peu et malgré ce qu'il essaie de prouver par ses interventions superficielles, il est évident qu'une chose le tracasse. Très vite, il la surprend en train de l'observer et tente un piètre sourire afin de la rassurer. Que se passe-t-il ?

✶❍✶

- Je vous suis reconnaissante pour votre accueil, ce séjour chez vous était vraiment très agréable, avance Phœbé à l'hôte de cette maison.

- Ce n'est pas la peine d'être aussi solennelle, rigole Natalia ; tu es un membre à part entière de cette famille. C'est si dommage que vous nous quittez déjà, s'attriste-t-elle.

- Ne vous en faites pas, la rassure la jeune femme. Nous reviendrons, je n'ai pas fini de goûter votre cuisine.

Un grand sourire aux lèvres, la Sud-Américaine la serre dans ses bras et lui embrasse bruyamment les deux joues. Toute cette chaleur qui lui donne la réelle impression de faire partie de cette famille lui manquera à coup sûr. Ensemble, elles se dirigent à l'extérieur où des voix s'élèvent, et Phœbé retrouve tout le monde, enlaçant Chad un à un. Durant cet instant d'inattention, Enrique se faufile dans l'agitation, la mine triste, et tapote sa cuisse.

- Oui, mon ange ? murmure-t-elle.

Ses bras se tendent dans sa direction et elle ne se fait pas prier pour le prendre dans ses bras, le serrant fortement contre sa poitrine.

- C'est vrai que tu pars ? demande tristement le petit garçon.

- Oui, mais je reviendrai certainement avant que tu ne finisses de dire au revoir, affirme-t-elle en lui embrassant la joue.

La Californienne s'interrompt en voyant son regard s'humidifier et les larmes qui se forment dans le coin de ses yeux avant de doucement perler sur ses joues. Fier comme il est, le garçonnet baisse la tête et renifle tout en essuyant son visage.

- Pourquoi tu pleures, trésor ? se soucie-t-elle.

- Je veux pas que tu pars, hoquette le garçonnet. C... C'est à cause de moi ?

- Non, trésor, tu n'y es pour rien, le rassure-t-elle en essuyant les dernières traces de pleurs à l'aide de son pouce. Je pars avec Chad, rien de grave.

Il hoche doucement la tête en continuant de se frotter les yeux et malgré la situation, elle sourit. Qu'est-ce qu'elle aime cet enfant.

- Tu es un grand bonhomme, n'est-ce pas ? lui rappelle-t-elle.

- Oui...

- Alors, tu resteras courageux à mon départ et tu souriras à mon retour, d'accord, mon trésor ?

Il acquiesce et doucement, ses larmes tarissent alors qu'amusé par son comportement, son père le récupère.

- Heureusement que tu pars, plaisante celui-ci ; un peu plus et mon fils devenait le tien.

- Je devrais rester un peu plus alors, songe la jeune femme, la bouche en cœur.

- Va-t-en, rétorque-t-il.

Dans un dernier rire, elle grimpe dans la voiture et le couple s'en va pour l'aéroport.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant