🌓||{63}||🌓

19.5K 1.9K 88
                                    

La nuit commence tout juste à pointer le bout de son nez sur la ville de Californie, et pourtant, Phœbé n'est toujours pas rentrée chez elle. Son téléphone portable est plein d'appels manqués et ne cesse de sonner toutefois, pas une seule fois, elle ne daigne répondre. Toute la matinée, elle s'est promenée dans les rues et ses pas l'ont menée jusqu'à la plage qu'elle a quittée aussitôt tant elle était bondée. Et puis, finalement, elle s'est arrêtée dans un parc désert, où elle se trouve toujours d'ailleurs.

Couchée dans l'herbe, le regard braqué sur le ciel légèrement rosé par la nuit tombante, Phœbé se sent complètement sereine à tel point qu'elle en ferme les yeux en soupirant de bien-être. Malheureusement, la température qui se rafraîchit considérablement lui signale qu'il est temps de rentrer.

- Mía ? l'interpelle soudainement une voix familière.

- Chad ? Tu es où ? demande la concernée en observant autour d'elle en vain.

- Dans ta tête, répond-il comme si de rien n'était. Et toi, tu es où ? enchaîne l'Alpha, une pointe d'inquiétude dans la voix.

- Je suis en train de rentrer, je ne suis pas loin. Et puis comment ça, tu es dans ma tête ? reprend Phœbé, les sourcils froncés.

- Je t'expliquerai plus tard, mais toi, cela t'amuse de disparaître sans prévenir, commence à lui reprocher le jeune homme d'une voix sèche.

- Votre discussion paraissait extrêmement intéressante, je n'ai pas voulu vous déranger, ironise-t-elle.

- Donc tu as cru judicieux de t'en aller de cette façon ? poursuit-il.

Phœbé soupire bruyamment. L'avoir en face d'elle en train de lui faire la morale, c'est une chose, mais l'avoir littéralement dans sa tête à blablater inutilement, c'en est une autre. N'y a-t-il aucun moyen de couper cette communication télépathique ? Et puis, elle a envoyé un message à sa mère pour qu'ils n'aient pas à s'inquiéter de son absence, lorsqu'ils le remarqueraient enfin, bien sûr.

Perdue dans ses pensées, l'États-Unienne ne s'aperçoit pas que son trajet n'est plus le même. C'est uniquement lorsqu'une brise gelée fait violemment frissonner sa peau qu'elle se rend compte que l'environnement a changé. Le trottoir bétonné a disparu ainsi que sa maison qu'elle apercevait au loin.

- Phœbé ? Qu'est-ce qu'il se passe ? intervient Chad inquiet.

- Je... Je ne sais pas, bégaie l'intéressée. Je ne vois plus la maison...

- Tu es où ? Je ne te sens plus ?

La vision de la jeune femme devient de plus en plus floue, ses pas s'emmêlent et son cerveau s'embrouille tandis qu'un fin brouillard apparaît. Que lui arrive-t-il ? Pourquoi se sent-elle aussi faible tout d'un coup ?

- Chad ? Chad ? bredouille-t-elle avant qu'une ombre apparaisse sous ses yeux.

- Non, ma belle, pas Chad, mais son pire ennemi, oui, déclare un homme qu'elle reconnaît immédiatement. Je te l'avais bien dit : il ne sera jamais capable de te protéger.

Le rire sournois de ce vampire est la dernière chose que Phœbé entend avant de sombrer.

✶❍✶

En se réveillant, un affreux mal de tête l'assaille, lui arrachant un gémissement plaintif. Difficilement, l'Afro-Américaine ouvre les yeux et la noirceur des lieux l'aveugle. Elle n'y voit strictement rien. Ses poignets sont ligotés à ce qui ressemble à une chaise et son corps lui fait atrocement mal. Le bruit de gouttes s'écrasant au sol résonne et lui parvient dans un bruit sourd. Elle ne sait combien de temps s'écoule, mais au bout de ce qui lui semble une éternité, une porte s'ouvre dans un abominable vacarme qui fait bourdonner ses oreilles. Des bougies s'illuminent simultanément, créant une ambiance particulière et permettant ainsi à la jeune femme de distinguer une svelte silhouette.

- La femelle Alpha a terminé son petit somme ? s'amuse la voix d'un homme qui lui est malheureusement familier.

La concernée demeure silencieuse et l'observe s'approcher lentement d'elle.

- Tu sais, commence Hayden ; j'ai sincèrement pensé que tout ce que tu verrais à propos de cet Alpha te pousserait à t'éloigner de lui, mais, il semblerait que j'ai sous-estimé ce stupide lien d'âme-sœur, conclut-il avec un brin d'agacement. Ou alors, est-ce toi que j'ai surestimé... ?

Il entame les cent pas et un rire fou lui échappe avant qu'un regard aussi blanc que la lune ne se pose sur elle, l'effrayant davantage.

- T'a-t-il dit dans quel but, il a anéanti toute une famille de vampire ? l'interroge-t-il. Réponds ! hurle-t-il face au silence de la jeune fille.

Cette dernière sursaute et répond positivement après avoir dégluti péniblement.

- Quelle était-elle ? Et ne me fais pas répéter, prévient le vampire, froidement.

- Le pl... Le plaisir, murmure la prisonnière, incertaine.

- Le plaisir ! s'exclame-t-il avec ironie. Il a tué ma famille par pur plaisir et cela ne te procure rien de plus ? Ton seul problème a été qu'il ne te l'avoue pas de vive voix et dès qu'il l'a fait, il était tout pardonné.

- J'étais censée lui en vouloir pour un crime qu'il a commis alors que je n'étais même encore née ? s'entend pester Phœbé malgré elle.

- Non, tu étais censée le rejeter, crache Hayden.

- Et ensuite ? demande-t-elle. Le rejeter, mais pour quelle raison ?

- Pour le faire souffrir ! Et tu sais ce que j'aurais fait pour parfaire le tout ? chuchote-t-il avec sournoiserie. Je t'aurais tuée, mais tu sais ce qui est le plus beau dans toute cette histoire ?

Ses iris argentés se plantent dans les siennes azurées, tandis que son souffle frôle sa peau et à travers un sourire, elle l'entend dire :

- Je te tuerai quand même.

Le corps de la jeune femme se couvre de frissons. Horrifiée, ses yeux s'écarquillent comme des soucoupes.

- Oh oui, ma chère femelle Alpha, je te tuerai comme il a tué ma femme et mon enfant et je le laisserai dépérir dans une lente agonie jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ils ont tous pensé que ces quelques siècles dans cette prison où il était traité comme un roi suffiraient à l'expier de ses fautes, mais c'est loin d'être le cas.

Il s'éloigne d'elle et prend la direction de la porte où il s'arrête.

- Cette fois-ci, reprend-il ; je ferai justice moi-même et ensuite, je détruirai le monde.

La porte se referme, les bougies s'éteignent, la replongeant dans la pénombre et ses pensées partent dans tous les sens. Alors c'est comme ça que sa vie prendra fin ? Tuer par un vampire pour cause de vengeance ? Tuer à cause d'une histoire qui remonte à elle ne sait combien de siècles avant sa naissance ? Décidément, elle n'a vraiment pas de chance...

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant