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Leurs corps, l'un contre l'autre. Ses baisers voraces et possessifs. Ses longs baisers dans son cou. Ses doigts sur sa peau. Ses pensées en vrac. Une attente insoutenable de chacune de ses caresses, de chacun de ses baisers brûlants qui font vibrer tout son être. En ouvrant ses yeux clos, Phœbé découvre comme pour la première fois le regard d'or de Chad. Plus foncés par ses pupilles dilatées, plus sauvages par son excitation.

- Regarde-toi, Mía, gronde-t-il. Si avenante. Si serrée. Si chaude. La forteresse est détruite, Mía... Tu es à moi.

Le gémissement qui s'échappe d'entre ses lèvres à ce moment confirme ses dires. Elle est à lui.

✶❍✶

En ouvrant les yeux en sursaut, Phœbé croise le regard de la dernière personne qu'elle désire voir. Chad. Ses prunelles scintillent de malice comme s'il sait que son rêve a tourné en un film érotique dont elle et lui ont été les acteurs.

- B... bonjour, bégaie-t-elle en détournant les yeux.

- Bonjour, Mía. Puis-je savoir ce qui t'a valu un sommeil aussi agité ? sourit-il.

À cet instant précis, la jeune femme voudrait s'enterrer six pieds sous terre pour ne pas avoir à vivre ce moment.

- R... rien... Pourrais-tu... hum... te pousser ?

L'alpha arque un sourcil et la détaille de plus près, la mettant encore plus mal à l'aise qu'elle ne l'est déjà. Il est trop proche, bien trop proche. Il ne manque plus qu'il la retourne et elle vivra son rêve obscène.

- Que caches-tu ? insiste-t-il.

- Moi ? Rien.

Malgré sa suspicion, Chad abandonne et après lui avoir embrassé la joue, s'éloigne à son plus grand soulagement.

- Je dois y aller, l'informe ce dernier en enfilant une veste noire. Je rentrerai demain matin. Tu es sous la surveillance d'Isaac.

- Je suis capable de me surveiller seule, pas besoin de faire appel à lui, se plaint-elle.

- Je sais que tu le peux. Dans mon territoire comme sur un autre continent.

- Que dois-je comprendre ? demande-t-elle, sceptique.

- Ce que tu as compris, sourit-il en ouvrant la porte. Pas trop de bêtises, n'est-ce pas ?

- Au revoir, articule l'Afro-Américaine.

En ricanant, Chad quitte la pièce suivie d'elle, à une minute d'intervalle.

- À très vite, Mía...

- Tu es encore là ? braille-t-elle en arrivant dans le salon.

Ses pas rapides s'interrompent lorsqu'elle remarque que Chad n'est pas là, mais qu'Isaac, oui.

- Tu as raté ton amoureux de quelques secondes, petite, se moque celui-ci.

- Ce n'est pas mon amoureux, s'agace-t-elle. Et vous en êtes sûr ? Il me semble l'avoir entendu parler ?

En croisant les yeux narquois du vieillard et sa bouche entrouverte, Phœbé soupire et se rend dans la cuisine, bien évidemment talonné par le guerrier.

- Dis-moi, petite : comptes-tu le faire tourner en bourrique encore longtemps ?

- Je n'ai pas l'impression de le manipuler, se défend-elle ; mais le contraire est bien possible.

- Tu te sens manipuler ? s'enquiert-il.

- Oui et le problème, c'est que je le suis, sourit-elle. Mais je ne sais pas, la façon qu'il a de le faire ne me dérange pas. Je me laisse faire volontiers alors que dans ma tête...

- Tu t'obstines à le repousser ? devine le combattant. Tu es la première que je rencontre qui ne se jette pas à ses pieds.

- Parce qu'être la « compagne » de l'Alpha suprême n'est rien de plus qu'une contrainte. Un Alpha, c'est déjà compliqué, mais l'Alpha des Alphas, n'en parlons même pas.

Phœbé n'a aucune idée de la raison qui la pousse à parler autant. À se livrer autant. Elle ne le connaît pas et de surcroît, c'est un ami de Chad. Pourtant, quelque chose chez lui semble paternel et digne de confiance.

- Vous en avez une, d'âme-sœur ? demande l'Afro-Américaine.

L'homme lui sourit en signe d'affirmation tandis qu'elle coupe délicatement des fruits qu'elle dépose dans un mixeur.

- La pauvre, je la plains, rit-elle.

- Et elle te plaint encore plus, contre-attaque-t-il.

- Mais elle ne me plaint pas plus que je ne me plains moi-même.

- Tu devrais penser à te laisser aller, lui conseille-t-il. Tu ne vois que le mauvais côté des choses et oublies qu'il y a du positif. Amuse-toi et va te faire sauter ! Ça te décoincera un peu.

Les yeux de Phœbé sortent littéralement de leur orbite et elle manque de s'étouffer avec sa propre salive. Prise d'une quinte de toux, elle se sert un verre d'eau. Des flashs de son rêve viennent polluer ses pensées et l'empêchent de regarder l'homme en face. S'il savait que dans son esprit tordu c'est déjà fait.

- Ah, la petite est gênée, ricane-t-il. Attends, j'aperçois un manque de réactions de ta part ? s'étonne Isaac.

De longues secondes passent durant lesquelles un silence plane. Le regard gris de l'homme l'analyse et lorsque son fameux rire brise ce calme, Phœbé ne souhaite qu'une chose : se tirer une balle en pleine tête.

- Je vois. Je vois. Mademoiselle fait des rêves cochons.

- Moi ? N'importe quoi, nie-t-elle.

- C'est normal, ne t'en fais pas, petite. Ce n'est que la deuxième phase dans l'acceptation du compagnon.

- Deuxième ? répète-t-elle. Quelle a été la première ?

- L'instant précis où tu as commencé à l'apprécier. Et je suis ravi de voir que tu assumes ta partie de jambes en l'air que tu as vécue dans ta petite tête.

- Mais vous allez arrêter avec ça ! s'écrie-t-elle de plus en plus mal à l'aise face au propos cru du loup.

Malgré son âge avancé, sûrement plus que Chad, cet homme aux cheveux grisonnants et à la barbe bien taillée, paraît plus brusque dans ses commentaires que sa mère, difficile à détrôner dans ce domaine. Cela doit être une des raisons qui la met en confiance. Son air détaché et son humour à toutes épreuves.

- Quelle sera la troisième ? enchaîne Phœbé.

- Tu le découvriras en temps et en heure. J'ai juste une petite précision : il se peut que ton subconscient la passe sans que ton conscient ne le sache.

- Et puis quoi encore ? raille-t-elle. Mon subconscient va rester tranquille.

À ces mots, les iris argentés d'Isaac pétillent d'une lueur moqueuse. Comme s'il sait une chose qu'elle ignore. Comme si ce qu'elle affirme n'est que vent et que la réalité est tout autre. Comme si son subconscient est déjà passé à la troisième et qu'il n'attend qu'elle pour franchir la dernière. Une dernière étape qu'elle n'est pas sûre de vouloir franchir : l'amour.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant