𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]

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- Aime-moi, Mía... Aime-moi plus que toi... Aime-moi jusqu'à ce que la lune s'embrase...

Cette demande si égoïste lui paraît, à cet instant, si anodine. Si bête. Car elle l'aime déjà plus fort que tout. Plus fort que sa propre existence. Peut-elle dire qu'il est sa vie ? Peut-elle dire que l'homme qui embrasse avidement chaque centimètre de sa peau est l'essence même de sa présence sur Terre ? La jeune femme glisse ses doigts dans ses cheveux et le ramène à elle.

- T'aimer plus relève d'un amour plus que surnaturel...

- Alors, aime-moi de cet amour au-dessus de ma nature et pardonne mon égoïsme...

Ses lèvres fondent sur les siennes avec fougue et descendent sur l'arête de sa mâchoire avant d'atteindre son cou. Et alors qu'elle tourne la tête pour lui donner libre court, elle aperçoit une biche d'argent tourner vers elle, la faisant froncer les sourcils. Que fait cette biche dans ces bois ? Pourquoi scintille-t-elle de cette façon ? Et pourquoi semble-t-elle être l'objet de son attention ? Tant de questions qui l'empêchent de remarquer un important détail : la disparition de Chad ?

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Ses yeux s'ouvrent brutalement sur la fenêtre où brille la lune pleine aux trois quarts. Phœbé demeure ainsi de longues minutes : couchée sur le flanc, à observer de ses yeux fatigués, le ciel éclairé de sa compagne nocturne. Regrettant le vide présent à ces côtés et maudissant son incapacité à patienter.

Mollement et malgré l'heure précoce, l'Afro-Américaine sort de la chambre et descend dans la cuisine se servir un verre d'eau. Seulement, lorsque Phœbé s'apprête à y sortir, la petite sœur de Chad apparaît. Cette chère Erika ne l'aime pas et le lui fait très bien comprendre. Regard mauvais. Ton sarcastique. Attitude vache. Mais bon que peut-elle y faire ? On ne peut pas plaire à tout le monde surtout qu'elle le lui rend bien, ce mauvais comportement.

- Va chercher mon frère, ordonne Erika en la défiant du regard.

- Non. Je n'irai pas chercher ton frère, mais toi, tu peux y aller si cela te chante.

- Sur toutes les créatures qui existent dans ce monde, il a fallu qu'il s'embarrasse d'une stupide humaine, peste-t-elle.

- Quel dommage, ironise Phœbé. Moi qui me suis toujours fait une joie de me coltiner un loup.

- Tu aurais pu accorder à mon frère le bénéfice du doute ! lui reproche-t-elle d'un coup. Il t'a juste demandé d'attendre ! Mais non ! Madame veut tout, tout de suite !

Lui laisser le bénéfice du doute ? Quel bénéfice du doute ? Sait-elle de quoi il est question ? Chad ne lui a pas demandé de patienter, il lui a demandé d'omettre son passé qui n'est pas si loin qu'il veut bien le prétendre. Mais la vie ce n'est pas ça. On ne laisse aucun sentiment dans les mains de quelqu'un qui ne sait pas quoi en faire. On ne dit pas amen à une personne sous prétexte de ses beaux yeux. Et on ne fait pas une confiance aveugle lorsqu'on ne sait pas où l'on met les pieds.

- Mêle-toi de tes affaires, crache Phœbé d'une froideur qui semble l'étonner. Qui es-tu pour me reprocher quoi que ce soit ? Tu sais, je pourrais passer ma journée à te démontrer à quel point tu as tort, mais les personnes extérieures ne sont pas concernées par ce qui se passe à l'intérieur.

Sur ce, Phœbé la contourne et se dirige vers les escaliers, mais elle est encore interrompue par Erika.

- Tu lui as fait du mal, tu sais. Les mots d'une âme-sœur sont plus puissants que tu ne le crois, humaine.

La jeune femme disparaît dans le couloir derrière les escaliers, la laissant planter là, à réfléchir à ses actions passées. Cette vipère a bien réussi son coup. La faire culpabiliser. À ce moment, le hurlement déchirant d'un loup lui poignarde le cœur. Non, elle ne cédera pas. Pas après la technique sournoise de l'autre. Non. Pourtant, le deuxième hurlement qui se meurt comme une plainte douloureuse finit de la convaincre.

Phœbé se précipite vers la sortie et après avoir volé des chaussures trop grandes pour elle et un sweat-shirt qui appartient à Chad selon l'odeur, elle quitte la maison et s'enfonce dans la forêt. Elle n'a aucune idée de là où elle met les pieds, mais la lune l'aide dans sa quête et ses cris lui indiquent le chemin à suivre. Cela l'agace de s'être fait avoir de cette façon, d'avoir dû céder aussi vite, de s'inquiéter pour lui, mais elle n'aurait pas fermé un œil de ce qu'il lui aurait resté d'heures de sommeil si elle ne s'était pas bougée.

Bientôt, l'étudiante atteint une falaise. Il n'y a personne. Seulement, c'est de là que viennent ces hurlements. À moins que Chad ne soit... ? Paniquée, Phœbé s'approche du rebord et se risque un coup d'œil en bas malgré son vertige. Cet imbécile n'a pas sauté ?

- Qu'est-ce que tu fais là ? lui demande-t-on sèchement.

L'intéressée sursaute avant de faire volte-face. Et le soulagement qui l'envahit en découvrant Chad lui arrache un soupir. Il n'a pas sauté.

- Qu'est-ce que tu fais là ? reprend-il sur le même ton.

Pourquoi est-elle là déjà ? Ah oui, cette petite peste d'Erika. Elle aurait mieux fait de s'écouter au lieu de se mettre à la recherche de ce crétin qui a l'air de se porter plus que bien. Tout un stress pour rien.

- Rien. Juste une balade nocturne, je vais rentrer maintenant d'ailleurs.

L'alpha grogne comme l'homme de Cro-Magnon qu'il est tandis que ses yeux rouges la dévisagent avec instance et lui font comprendre que son cher Chad n'est pas disponible pour le moment.

- Ta sœur s'inquiète, je crois. Et elle a réussi à me manipuler pour que je me sente coupable de quelque chose dont je ne suis pas coupable. Mais je vois que tu vas bien alors je vais rentrer, finit-elle. Ah oui, si tu pouvais arrêter tes hurlements, tu soulagerais considérablement ma conscience. Merci d'avance.

La jeune femme le contourne, après l'avoir toisé avec amertume, et rebrousse chemin jusqu'à la forêt, se maudissant de sa bonne foi.

- Phœbé...

- Non, mais laisse. Autant rester sur de mauvaises bases, cela m'évitera de perdre mon temps.

- Je te dirai ce que tu veux savoir, cède-t-il. Certaines choses. À commencer par ma véritable nature...