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Le lendemain matin, la jeune femme est réveillée par la douce voix de sa mère. En l'intimant de la laisser dormir, elle lui tourne le dos.

- Phœbé, tu vas finir par être en retard, clame-t-elle de son timbre cristallin.

- Ce n'est pas grave, maman, je ne vais rien louper d'intéressant surtout avec ces bouffonnes dans ma classe.

- Ce n'est pas mon problème, jeune fille, répond April d'un ton faussement sévère. Ces « bouffonnes » n'étudieront et n'obtiendront pas leur diplôme pour toi.

Le soupir agacé de Phœbé lui arrache un rictus victorieux. L'adolescente roule jusqu'au bord du lit et glisse directement ses pieds dans ses chaussons. Elle ouvre ses yeux clos depuis le début et croise deux paires d'yeux de licornes appartenant aux pantoufles de la rousse, la faisant inconsciemment sourire.

- Bien, je vais te laisser te préparer, déclare-t-elle en lui embrassant tendrement le front. Et dépêche-toi, ton père part dans trois quarts d'heure.

La rousse quitte la pièce laissant sa fille à moitié endormie. Cette dernière ne tarde pas et gagne sa salle de bain avant de s'arrêter devant le miroir. Son visage est bouffi et gras par le sommeil, ses yeux « anormalement » bleu-saphir sont rouges de fatigue, sa bouche pâteuse avec un horrible arrière-goût et les tresses confectionnées la veille pour dormir partent dans tous les sens. Quelle horreur !

Filant sous la douche, Phœbé évite les premiers jets gelés puis se glisse en dessous, une fois que l'eau est bouillante. Cinq minutes plus tard, elle sort de la salle de bain, une serviette rouge autour de sa taille, ouvre son tiroir à la recherche de sous-vêtements et en saisit de simples : noirs et invisibles. La mélanoderme* enfile ensuite un jean bleu déchiré, un tee-shirt blanc à longue manche et des baskets beiges puis défait ses nattes permettant à sa chevelure de former un timide afro qui gonflera dans la journée. Elle descend ensuite au rez-de-chaussée et salue sa mère d'une embrassade avant de rejoindre son père déjà en voiture, prêt à partir.

- Bonjour, Papa.

- Bonjour, ma Puce.

Peu de temps après, la demoiselle se retrouve sur le parking, face à un transport censé les emmener dans la prison retenant les plus dangereux des prisonniers loups afin de la visiter. Mais sincèrement, que font des universitaires à visiter une prison ? Surtout une classe de comptabilité ? Prenant place sur un siège, le dernier où la place passagère est également libre, Phœbé laisse ses oreilles traîner sur ce qui se dit par les étudiantes devant elle.

- Il paraît que l'Alpha suprême est dans cette prison ! s'exclame une rousse.

- Oh ! oui ! glousse une brune. J'espère être son âme-sœur ! Un homme aussi puissant !

- Aussi taré que puissant ! intervient une blonde installée devant elles et faisant partie de la bande. Il paraît qu'il a complètement perdu le contrôle de son loup durant à peine quelques secondes ! Mais cela a suffi pour compter une vingtaine de victimes dont dix-huit morts !

- C'est possible, mais jamais il ne toucherait à sa moitié ! rétorque la brune.

- Et puis, il est tellement sexy ! ajoute la rousse. Imaginez un tel dominant au lit...

Ces louves d'une rare intelligence pouffent comme de sombres idiotes en se lançant des regards complices, mais également de défis. Celle qui « l'aura » sera sûrement la grande gagnante. Lasse d'elles, Phœbé bouche ses oreilles à l'aide de ses écouteurs et active la musique, assez fort pour ne plus les entendre.

Un alpha suprême, hein ? Qu'est-ce qu'on s'en fiche...

À la suite de trois bonnes heures de trajet, le bus abandonne la route goudronnée pour un chemin boueux et démonté entouré d'une sombre forêt. Il continue un long moment comme cela, s'enfonçant encore et encore dans ce qui ressemble aux ténèbres jusqu'à ce qu'un immense établissement gris se détache de l'épais brouillard.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant