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Un. Deux. Trois. Quatre. Remonter à la surface. Reprendre son souffle. Replonger. Un. Deux. Trois. Quatre. Encore. Et encore. Jusqu'à ce que le calme intérieur revienne. Un. Deux. Trois. Quatre. Remonter à la surface. Reprendre son souffle. Replonger.

Cette technique de respiration a été inventée par ses soins afin de retrouver son calme et perdre toute envie de meurtre à l'égard d'un individu quelconque. En temps normal, cette activité le détend, mais là, rien à faire. Il n'arrive pas à passer au-delà des événements de la veille. Hayden a osé s'aventurer sur son territoire et s'approcher de sa propriété. Ce sale suceur de sang a eu l'audace de lui adresser la parole. Dans son être, son loup bout de rage et ne demande qu'à sortir pour pourchasser cette énergumène et le décapiter comme il se doit.

En sentant ses dents s'allonger, il disparaît de la surface claire de la rivière et reprend son exercice de contrôle. Seulement, lorsqu'il réapparaît pour la énième, il n'aperçoit plus le corps de Phœbé, censé être sur le lit entièrement fait d'herbe. Précipitamment, il regagne la rive et renifle l'air avant de se diriger vers le bois d'où Phœbé est en train de sortir. Ses traits sont endormis, ses yeux sont à peine ouverts, ses cheveux ressemblent à un nid et ses pas sont extrêmement lents.

Chad soupire de soulagement, attirant le regard océan de la jeune femme sur lui. Ses sourcils se froncent, ne comprenant pas ce qu'il fait, puis son regard s'attarde sur lui. Pas sur son corps ruisselant d'eau, sur ses yeux attentifs.

- Oui ? demande-t-elle désirant savoir pourquoi il se trouve là.

- Rien, je t'avais juste perdu de vue.

- C'est à propos de ce Hayden Alexandesco ? s'enquiert-elle en le scrutant. Celui qui est apparu hier soir ? Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ?

- Cela ne te regarde pas, soupire-t-il en se retournant.

- Lorsqu'il me tuera, peut-être, oui, peut-être qu'à ce moment, cela me regardera, réplique la jeune femme de marbre.

- Tu ne mourras pas ! hurle l'homme en se repositionnant en face d'elle.

Cette possibilité le rend fou. Complètement fou. La perdre est inconcevable. La perdre par sa faute est inconcevable. Il lui faut trouver cette ordure et le tuer.

- Hey, l'interpelle doucement Phœbé en posant sa main sur sa poitrine. On se calme. J'aime bien ton loup, mais je ne crois pas que je vais l'apprécier s'il sort maintenant.

- Tu aimes bien, Elveyn ? sourit-il agréablement surpris.

- Qui est Elveyn ? Moi, je parle de ton loup. Tu sais, la grande boule de poils noire qui s'amusaient à me faire flipper ?

D'un coup, Chad saisit la jeune femme en sac patate sur son épaule en ricanant doucement.

- Je sais très bien de qui tu parles, Elveyn est le prénom de mon loup, explique ce dernier.

- Il a un prénom ? Je croyais que tu étais trop cinglé pour penser à lui en donner un, autre que Loup ou peut-être Noir, pouffe la jeune femme. Au fait, pourrais-tu me lâcher ?

- Je ne suis pas cinglé.

Avant qu'elle n'ait le temps de comprendre quoi que ce soit, l'homme la libère de sa prise et elle atterrit directement dans la rive, toujours vêtue de sa robe de la veille.

- Non, mais ça ne va pas ! lui hurle-t-elle. L'eau est gelée !

Le lycanthrope ne l'écoute même pas et bondit dans la rivière, éclaboussant son âme-sœur. En regagnant la surface, il la découvre en train de sortir en s'appuyant sur les rochers. Il soupire supposant qu'elle lui en veut pour leur discussion de la veille, mais son sourire revient lorsqu'elle se déshabille. Et dire que ses yeux n'ont pas lorgné chacune de ses courbes serait un énorme mensonge. L'Afro-Américaine revient en courant et saute en boule. Elle refait surface juste sous son nez, les yeux clos, le sourire aux lèvres et à la limite de frôler son corps. Elle ne semble d'ailleurs pas déranger par cette proximité en ouvrant ses prunelles.

Depuis quand agit-elle de cette façon ? Depuis quand est-elle aussi prévenante ? Si cela se trouve, Hayden lui a injecté un sortilège ou un poison ? Mais il le flairerait, non...? Avec appréhension, il passe ses doigts sous son menton, la faisant arquer un sourcil, puis lui renifle le cou à la recherche d'une quelconque odeur qui se détache de la sienne.

- Qu'est-ce que tu fais ? l'interroge-t-elle.

- Rien... Fais comme si je n'étais pas là.

- Tu en as d'autres des comme ça ? raille l'Afro-Américaine. Pendant que tu y es, faisons comme si nous n'étions pas dans l'eau.

Il rigole et de manière innocente, il lèche l'endroit favori des vampires : la jugulaire. Aucun goût particulier ne se fait ressentir assurant l'absence d'une morsure quelconque et par conséquent, un venin qui pourrait la rendre étrange. Devançant Phœbé avant qu'elle ne râle, il la coule sous la rivière, sauf qu'il ne sent plus de poids sous ses mains. Inquiet, il les retire quand soudain, elle lui tombe dessus par-derrière, lui faisant perdre l'équilibre et donc tomber dans l'eau. Ses éclats de rire brisent agréablement le silence de la plaine.

- Que me vaut autant d'amusement de ta part ? sourit-il en se redressant face à elle.

- J'ai réussi, répond-elle fièrement. Faire chuter, Monsieur le grand roc à deux balles.

- À deux balles ? répète-t-il. Tu m'as pris par surprise.

- Crois-tu que tes ennemis prendront le temps de t'appeler pour te dire : « Hey Chad, nous allons t'attaquer dans quelques minutes, tiens-toi prêt ! ». Tu y crois ?

- Sommes-nous ennemis ? demande-t-il d'une voix basse.

- Je suppose que non, affirme la jeune femme en reculant jusqu'à ce qu'elle ne le puisse plus.

- Au sujet de tes études... Attends, attends, ajoute-t-il alors que la jeune femme essaie de partir. Je veux bien que tu les reprennes à condition que ce soit à domicile. Je te trouverai les meilleurs professeurs, tu feras ton emploi du temps comme tu le souhaites et tu auras une salle pour toi.

- C'est vrai ? s'étonne Phœbé.

Il acquiesce et son regard s'illumine de suite tandis qu'un énorme sourire vient éclairer son visage. Elle écarte ses cheveux mouillés de son visage et il ne regrette pas de lui avoir accordé son souhait.

- Puis-je t'embrasser ?

Les yeux de sa moitié s'agrandissent, surprise de sa demande. Elle ne semble pas comprendre pourquoi il pose la question. Son regard azur lui ordonne d'agir en silence comme il a tant l'habitude de le faire ou alors de ne rien faire. Après tout, il ne faut pas être ennemi pour avoir l'envie d'agir par surprise.

- Tu préfères ne pas avoir à choisir, plutôt que d'assumer ton envie, se moque-t-il. Ce n'est pas une honte d'accepter ce lien, Mía.

Ses iris se perdent dans les siennes. Son souffle se mélange au sien. Son nez frôle le sien. Ses lèvres effleurent les siennes. Son envie, son besoin, est similaire au sien.

- Embrasse-moi, chuchote-t-il.

- Non.

- Embrasse-moi, redit-il en pressant son corps contre le sien

- Non, refuse-t-elle à nouveau.

- Fais-le. Arrête de te priver. Tu deviendras folle, Mía. Complètement folle.

Face à ces mots, elle ne réplique pas. Seulement, ses yeux s'attardent brièvement sur sa bouche à plusieurs reprises et au moment où Chad s'apprête à insister, elle cède. Sa bouche pulpeuse s'écrase sur la sienne et se meut doucement, délicatement. Ses mains remontent de son torse lentement pour se caler dans sa nuque et la caresse du bout des ongles.

- Comme ça, je ne deviendrai pas folle, murmure-t-elle, en se détachant de lui à contrecœur.

Elle s'éclipse sous l'eau, le laissant planté là, un sourire idiot sur les lèvres. Cette femme le rendra fou.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant