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- Phœbé ? Phœbé ?

La voix de Chad lui parvient de façon lointaine, si lointaine que la jeune femme se demande si ce n'est pas qu'une simple hallucination due à la déshydratation. Voici maintenant un bon moment qu'elle est enfermée et attachée sur cette chaise qui fait atrocement souffrir son corps.

- Chad ? Tu es vraiment là ou je suis déjà en train de devenir folle ?

- Je suis vraiment là, dis-moi, que s'est-il passé ?

- Ton vampire fou m'a kidnappé et je suis enfermée dans une pièce, je ne sais où, déclare Phœbé sans expression dans la voix.

- Je vais venir te chercher, affirme l'Alpha avec une détermination qui fait pouffer la jeune femme. Pourquoi rigoles-tu ?

- Tu ne sais même pas où je suis et tu prétends venir me chercher ? Si j'étais toi, je me mettrais à la recherche d'une nouvelle âme-sœur parce que Chad, je ne m'en sortirai pas, avoue-t-elle de but en blanc.

- Je t'interdis de dire ça ! vocifère-t-il.

L'États-Unienne roule des yeux et soupire doucement.

- Dis, reprend calmement Phœbé ; si je meurs...

- Tu ne mourras pas, gronde le Sud-Américain.

- Si tu veux, souffle-t-elle. S'il advient, hypothétiquement, que je meurs que deviendras-tu ?

- Je ne vois pas pourquoi tu en parles puisque cela n'arrivera pas.

Phœbé sourit face à son attitude. Il est convaincu qu'il pourra la sauver malgré le fait qu'il ne sache absolument pas l'endroit dans lequel elle se trouve. Pourtant, elle s'y est déjà faite. Certes, mourir n'était pas dans ses projets immédiats, mais que peut-elle faire d'autre que s'y préparer ?

- Tu sais, tomber sur toi a été, à la fois, la pire et la plus belle chose qui me soit arrivée, confie la jeune femme. Tu es vraiment agaçant comme homme en plus d'être un grand malade, mais...

- Arrête, l'interrompt le jeune homme. Tu me diras tout ça lorsqu'on rentrera à la maison pour le moment, ferme-la avec tes confessions intimes.

La prisonnière rit légèrement avant de se redresser sur sa chaise et de lever la tête au ciel.

- Si je m'en sors, on pourra retourner en Argentine ? demande-t-elle.

- Tout ce que tu voudras, mais pourquoi là-bas ?

- Je n'ai pas fini ma fresque et je dois la finir. J'ai enfin trouvé la représentation exacte. Tu penses qu'il y a quoi après la mort ? quémande-t-elle, changeant brusquement de sujet.

- Phœbé, grommelle Chad.

- Je demande juste, se défend cette dernière. D'ailleurs depuis quand tu m'appelles par mon prénom autant de fois d'affiler ? Où est passé mon « Mía » ?

- Tu y as pris goût ? se moque l'Alpha.

- On peut dire ça comme ça. Au fait, depuis quand on peut communiquer par télépathie ?

- C'est assez récent, mais je dirai depuis que tu as totalement accepté notre lien.

Accepter totalement le lien ? À quel moment cela s'est-il produit ? Enfin, cela lui importe peu. Si elle parle autant, c'est uniquement pour détourner son attention de sa situation, pas pour traiter les informations qui descendent de ses questions futiles.

- Tu pourras dire à Chayton, Daya, Kamelya et Enrique que je les aime très fort ?

- Tu le leur diras toi-même, affirme-t-il.

- Chad, tu devrais peut-être penser à cette hypothèse, lui suggère-t-elle lentement.

- Je ne veux pas y penser, d'accord ? Penser à la vie après toi n'a aucun sens puisque si tu meurs, Mía, je mourrai avec toi. C'est aussi simple que ça.

- Je ne comprends pas, admet Phœbé ; en quoi ma mort causera la tienne ?

- Tu es mon âme-sœur, nos âmes sont liées, tu es mon centre, ce pourquoi Elveyn et moi vivons, explique-t-il brièvement. En te trouvant, tu es devenue une partie intégrale de moi : ma moitié. Ta mort causerait un déséquilibre que nous ne pourrions supporter, Elveyn se laisserait mourir, ma partie humaine dépérirait et je deviendrais l'ombre de moi-même, à moitié cinglé avant de sombrer à mon tour. Mais comme je te l'ai déjà dit, tu ne mourras pas.

Alors, cette rumeur est réelle ? Il lui semblait en avoir déjà entendu parler, mais elle s'en souciait si peu que cela lui est passé par-dessus la tête. Donc, voici le plan de Hayden ? La tuer afin d'indirectement le tuer, lui ? En y réfléchissant avec un regard extérieur, ce plan est quand même bien fichu. Chad souffrirait sûrement autant que lui à la mort de sa compagne sauf que contrairement à lui, le Sud-Américain écoperait du supplément « mort ».

La porte en métal s'ouvre en trombe, percutant violemment le mur et la voix joyeuse du vampire se fait entendre :

- Il est l'heure, chantonne-t-il ; nos spectateurs sont enfin arrivés...

Les liens à ses poignets se défont avant qu'elle ne se fasse sauvagement traîner par les cheveux.

- Lâchez-moi, gémit-elle en se débattant tant bien que mal. Je vous ai dit de me lâcher !

Contrairement à ce que la prisonnière souhaite, Hayden la tire par les cheveux jusqu'à ce que ses pieds ne touchent plus le sol et la place devant lui. Un cri lui échappe et les larmes lui montent aux yeux.

- Boucle-la, sale humaine, lui intime Hayden.

- La sale humaine, t'emmerde, peste-t-elle difficilement en lui crachant à la figure.

Ses prunelles folles la fixent une fraction de seconde et l'instant qui suit, son corps est projeté dans les airs, à plusieurs mètres de sa position initiale. La jeune femme rencontre durement le sol en béton et son souffle se coupe de longues secondes tandis que sa vue se trouble. Une douleur lancinante la tiraille de toutes parts et au moment où elle tente pitoyablement de se redresser, un liquide chaud se met à couler sur sa tempe. Tremblante, Phœbé conduit une main à sa tête et découvre avec effroi, en la mettant sous son nez, qu'elle saigne.

- Ne me force à te tuer avant l'heure, siffle-t-il en caressant son visage ; ce serait vraiment dommage, conclut-il avant de reprendre sa chevelure entre ses doigts.

Ils traversent plusieurs couloirs éclairés par de faibles lanternes durant de longues minutes. Ces lieux ressemblent étrangement à ceux où Chad détenait autrefois ses prisonniers seulement, Phœbé est persuadée que ce n'est pas le même endroit. L'ambiance est différente, moins malsaine, moins sombre toutefois, elle demeure plus pesante comme si un passé trouble hante les lieux. Bientôt, ils atteignent une entrée en bois qu'ils franchissent et arrivent dans une sombre forêt où font écho des bruits étranges.

- Il ne devrait plus tarder maintenant, sourit le vampire au bord de la frénésie.

Et il a bien raison, car différentes voix, y compris celle de Chad, semblent se rapprocher, petit à petit, de leur position.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant