𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]

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- Serait-ce le tout puissant, Alpha Suprême ? s'amuse Hayden. Que me vaut donc l'honneur de ta visite, mon cher ami ? Serait-ce elle ? quémande-t-il en plongeant son nez dans le cou de sa prisonnière.

Un grognement sourd vibre dans la gorge du Sud-Américain et ses poings se serrent si fort que ses ongles pénètrent sa chair.

- Un peu de calme, voyons, sourit le vampire, dévoilant ses canines allongées. Je ne vais pas la tuer... du moins, pas tout de suite... Et garde tes chiens en laisse, il serait dommage que ta chère âme-sœur meure dans d'atroces souffrances.

En prononçant ces mots, il relève lentement le tee-shirt de Phœbé et distingue cette maudite étoile dessinée quelques heures plus tôt dans sa peau ; la même présente sur le corps fin de Hayden. Cet enfoiré s'est lié à elle... S'il meurt, elle meurt.

- Arrête tes conneries et relâche-la, ordonne Chad en gardant difficilement son calme.

- Mes conneries ? répète le vampire, espiègle. J'ai élaboré mon évasion de ce fichu sceau d'Argent toutes ces années : une peine que tu méritais et tu penses que, tout ça, ce sont de simples conneries ? Quand j'ai entendu dire que tu l'avais trouvée, tu n'imagines pas ma joie, mon excitation, à la simple idée qu'elle meurt sous tes yeux comme elle est morte sous les miens.

- Elle n'a rien à voir avec cette histoire, clame le Sud-Américain en posant son attention sur l'États-Unienne.

Cette dernière a les yeux clos. Sa respiration, quant à elle, est si lente qu'il a du mal à discerner le mouvement de sa poitrine et dès que ce suceur de sang a le malheur de bouger, sa mine se crispe tandis qu'un geignement à peine audible lui échappe.

- Qu'est-ce que tu veux ? tente-t-il alors.

- Rien de plus que ma vengeance.

- Prends-moi à sa place dans ce cas-là, propose-t-il en avançant d'un pas.

- Ce serait bien trop facile, raille Hayden ; et ne fais plus un pas !

Malgré sa consigne, Chad en fait un second et les conséquences sont immédiates. Il hisse Phœbé encore plus haut, lui arrachant un cri épouvantable. Cette dernière à l'impression que ses cheveux sont littéralement en train de se décoller de son crâne et la seule chose à laquelle elle pense est que tout ceci prenne fin. Que ce soit par la mort ou en se faisant délivrer.

- Seigneur... Pitié, Seigneur... Faites que ça s'arrête, l'entend-il penser alors que des larmes perlent sur ses joues.

Son cœur se serre à cette vue. L'une des rares fois qu'il la voit pleurer, et tout cela par sa faute. Il aurait dû être plus prudent, la mettre sous surveillance à chacune de ses sorties sans lui pour qu'elle ne retrouve jamais seule, livrée à elle-même.

- Regarde ce que tu as fait, lui reproche faussement Hayden.

- Je t'en supplie à genoux, s'écrase Chad ; libère-la.

Durant une fraction de seconde, le vampire semble réellement surpris de son action. L'Alpha Suprême à genoux ? Cet homme qui ne s'est jamais soumis à personne, agenouillé face à lui ? Son regard se fait fou et son sourire s'élargit.

- Tu fais pitié, mon cher Chad, déclare-t-il de but en blanc. Pour quelqu'un qui a tué tout un clan de vampires dont une femme enceinte, tu n'as pas le cœur très solide. Mais bon, assez parlé et passons aux choses sérieuses... J'ai dû résister tout ce temps à planter mes canines dans ce joli cou.

Comme une scène au ralenti, il plante ses canines dans sa jugulaire et aspire goulûment son sang. La douleur que ressent Phœbé à cet instant est indescriptible, l'impression que sa gorge est en feu et qu'un poison parcourt ses veines, rendant son corps affreusement raide.

Avec difficulté, la jeune femme discerne le Sud-Américain qui perd tout contrôle, mutant en animal, avant d'accourir dans sa direction. Cet instant précis lui rappelle son rêve, sauf que cette fois-ci, tout cela est bel et bien réel et elle ne se réveillera pas. Plongeant son regard embué dans les iris rouges d'Elveyn, elle lui mime trois mots :

- Je suis désolée...

La panique envahit soudainement les prunelles du loup et avant que la jeune femme ne sache pourquoi, elle sent un objet transpercer sa poitrine. Et lorsqu'elle baisse les yeux, Phœbé découvre, ébahie, la pointe d'un poignard sortant de son buste, violemment retiré par son bourreau. Elle ne réalise pas ce qu'il se passe, de même, lorsque son corps rencontre brutalement le sol après que le vampire l'a lâchée. Et malgré la situation, elle ne peut s'empêcher de trouver ce ciel, incroyablement étoilé en cette nuit, magnifique.

L'Afro-Américaine perçoit de l'agitation au loin d'une oreille distraite et sous peu, la tête de Chad apparaît sous ses yeux.

- Phœbé ! Phœbé ! hurle-t-il en exerçant une pression sur sa blessure à l'aide de ses mains. Accroche-toi, je t'en supplie. On va s'occuper de toi !

La peur et l'inquiétude resserrent ses traits et font briller ses yeux ambrés d'une manière unique. Au même rythme que la mare de sang autour d'elle s'agrandit, le froid vient durement l'envelopper et d'un coup, du sang remonte à sa gorge, coulant sur sa joue et l'empêchant de respirer. La panique s'instaure alors chez Phœbé qui s'agite en tentant désespérément de s'oxygéner.

- Non ! Non ! Non ! s'écrie-t-il en constatant que ses paupières s'abaissent. Pas ça... S'il te plaît... Reste avec moi... Ne m'abandonne pas...

Sa voix se brise et ces gouttes d'eau salée, qui voilent son magnifique regard, roulent sur son visage avant de s'écraser sur celui de la jeune femme. Il pleure ? Pour elle ? Par sa faute ? Brusquement, elle se met à trembler, cela pendant plusieurs secondes durant lesquelles ses yeux se révulsent et puis, plus rien. Le silence total. L'azur de ses yeux se vitre, devenant terne : sans vie.

- Mía... ? Mía... ?

Son pouce caresse tendrement sa joue encore chaude et en lui, quelque chose se brise. Les larmes brouillent sa vision et son cœur se serre douloureusement. Non, non, pas elle... Elle ne peut pas être morte... Non, ce n'est pas possible... Il était censé la sauver... Oui, la sauver... Cette phrase tourne en boucle dans son esprit tandis qu'il se penche pour embrasser le front de celle qu'il aime.

- Chad..., l'interpelle Gordon.

Un puissant grognement retentit et le Beta a un mouvement de recul en apercevant son visage défiguré par le chagrin et la haine, mais surtout par ses yeux rubis. Les chaînes qui permettent à sa partie humaine de maîtriser son loup sont détruites et peu à peu, celui-ci prend le contrôle jusqu'à forcer la métamorphose. Les idées floues, Elveyn renifle le corps sans vie de son âme-sœur, la secouant légèrement à l'aide de son museau et en comprenant, il devient hors de contrôle. Toutefois, avant de faire accidentellement du mal à sa meute, il s'en va à grandes foulées dans les bois où il hurle sa détresse et son désespoir en espérant que Mère Lune prenne pitié de lui et l'achève.